Bilan de l’année 2012 : 1/Cinéma

Ce n’est un secret pour personne, chers lecteurs : la mise à jour du blog depuis fin 2011 a été plus que chaotique. A peine 5 petits articles publiés de-ci de-là, un dossier
Buffy commencé mais jamais poursuivi, un bilan ciné de l’année 2011 jamais achevé… Après maintes pérégrinations (et mon arrivée à Paris), il était donc temps de
remettre les choses en ordre et de repartir d’un bon pied !

Histoire de rattraper le temps perdu, je vous propose à partir d’aujourd’hui un petit bilan de mes coups de coeur ou coups de gueule de l’année 2012 dans différents domaines. On commence donc
(encore et toujours) par le cinéma. Une année qui aura été riche même si, là encore, j’ai loupé plein de films dits “incontournables”.

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The Avengers de Joss Whedon

Comics + Joss Whedon + une affiche 5 étoiles et une floppée de super-héros = gros trip en vue ! L’excitation (et l’appréhension) étaient palpables avant la sortie de cet énorme blockbuster. Après
tout, les différentes incursions du scénariste-réalisateur au cinéma n’avaient pas vraiment été couronnées de succès et le monsieur lui-même s’était toujours dit frustré de ne pas avoir
suffisamment eu les commandes en main. Et puis, une fois les lumières éteintes, pas de doute possible : le papa des séries Buffy, Angel et Dollhouse a réussi son coup ! Cet
Avengers est un énorme joujou sans prétention, fun et léger, avec des répliques drôles et cinglantes comme seul lui sait les écrire, avec un bon sens du timing et des
personnages qui ont tous leur moment de gloire. mention spéciale à l’interrogatoire musclé de Scarlett Johansson en début de film, à Hulk faisant joujou avec Thor et aux
répliques de diva de Robert Downey Jr. Alors oui, on pourra toujours trouver que ça part un peu dans tous les sens, qu’il manque le souffle dramatique et épique qu’on trouve
d’habitude dans l’univers whedonien… Mais ce n’est pas le but de cet énorme blockbuster aussi fun qu’honnête, qui devrait donner naissance à une floppée d’autres films avec ces différents
personnages.

 

The Dark Knight Rises de Christopher Nolan

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Après le monument de cinéma qu’était Tne Dark Knight, les attentes autour de ce Dark Knight Rises, censé boucler la trilogie de Nolan (on est
en droit de se demander si ce sera vraiment le cas étant donné la fin du film), étaient grandes. Le cinéaste parviendrait-il à placer la barre encore plus haut ? La réponse est non (le film est
boursouflé par endroits, oui, Marion Cotillard meurt mal et certains rebondissements sont tirés par les cheveux ou prêtent à sourire)… il n’empêche que ce 3e volet est
grandement jouissif, avec un Christian Bale toujours au top niveau et surtout une Anne Hathaway qu’on attendait pas aussi flamboyante et convaincante en
Catwoman. Il fallait arriver à s’imposer après Michelle Pfeiffer dans le Batman le défi de Tim Burton. Mais il suffit à l’actrice américaine d’une seule scène d’introduction où elle joue les
domestiques se transformant en cambrioleuse de charme pour faire voler en éclats tous les à priori qu’on pouvait avoir sur elle. Et le film de valoir vraiment le coup d’oeil pour la relation qui
s’instaure entre les deux, qui lui donne toute sa dimension et ses plus beaux moments d’action, d’humour et d’émotion. Michael Caine a aussi de belles scènes dans le rôle
d’Alfred, plus touchant que jamais. Tous ces beaux moments nous font alors oublier les scènes ou les petits rôles inutiles et le côté parfois acadabrantesque de l’histoire, qui a eu tort de la
patience de nombreux spectateurs.

 

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The Hobbit : Un voyage inattendu de Peter Jackson

Grande amatrice de la trilogie du Seigneur des anneaux, je n’avais jamais lu Bilbo le Hobbit. Comme beaucoup, j’appréhendais de voir le 1er
volet de ce prequel, qu’on n’osait plus attendre depuis le temps qu’on nous l’annonçait. Et contre toute attente, j’ai été emportée par le souffle et la vision de Jackson, la
maestria visuelle, le rendu encore plus réaliste de Gollum… Le cinéaste néo-zélandais a réussi son pari en trouvant un équilibre entre un côté plus naïf, plus enfantin (voir les scènes avec
l’oiseau, les trolls…), tout en conservant la cohérence de sa trilogie et le côté plus sombre, inquiétant et mature qu’on pouvait y trouver. Résultat : on ne voit pas passer le temps et on
s’envole loin, très loin en Terre du Milieu entre apparitions souvent mémorables de visages connus (Cate Blanchett illumine toujours de sa présence ses quelques scènes) et
galerie de nouveaux personnages. Du coup, on attend avec une vive impatience le 2e et dernier volet en décembre prochain !

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De Rouille et d’Os de Jacques Audiard

Oui, encore un film avec Marion Cotillard ! 😀 Mais dans un film de Jacques Audiard, qui sait frapper fort et se réinventer d’un film à l’autre. Plus facilement
abordable que le sommet que représente Un prophète avec De battre mon coeur s’est arrêté, De rouille et d’os est
aussi un film rêche, qui taille dans l’os justement pour mettre à vif ses personnages singuliers. Fort, émouvant, le film ne bascule jamais dans le sentimentalisme ou le pur coup de poing. C’est
peut-être ce qu’on pourrait lui reprocher au final : on ne pleure jamais tout à fait, on n’est jamais tout à fait K.O… Mais on est toujours au coeur de l’action, sur le ring, entre ces deux
personnages hauts en couleur et inadaptés qui se relèvent toujours et ne s’avouent jamais vaincus. Avec quelques moments magiques comme la scène où une Marion Cotillard
handicapée communique de nouveau avec un orque. Reste une fin un peu frustrante, en pointillés, qui aurait mérité d’être plus affirmée, sur le fil…

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Cloclo de Florent Emilio-Siri

Un biopic de 2h30 sur la vie de l’incontournable Claude François, rythmé par ses plus grands tubes… Pas le programme idéal dit comme ça, mais… avec Florent
Emilio-Siri
derrière la caméra, le résultat ne pouvait qu’avoir de la gueule ! Le film devient alors un portrait scorsesien en diable, mais à la française, d’une personnalité complexe et
pas forcément toujours sympathique, mais toujours touchant. Avec des scènes d’une maestria visuelle à tomber (le faux malaise de l’idole en scène), des acteurs impressionnants et habités d’un
bout à l’autre… Surtout, les différents tubes de l’artiste sont toujours utilisés à bon escient et mis en perspective de façon pertinente, contrairement au Gainsbourg
de Yoann Sfar qui avait tendance à ressembler à un simple album de vignettes.

 

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Moonrise Kingdom de Wes Anderson

Mon grand coup de coeur de l’année. Depuis La Famille Tennenbaum en 2002, Wes Anderson a toujours tenu une place à part dans mon coeur. Je n’avais
jamais vraiment retrouvé la magie et l’émotion de ce film avec les autres films du cinéaste, que j’ai pourtant toujours aimés. La vie aquatique, pour sympathique, drôle
et même touchant qu’il était, n’a jamais soulevé plus que ça mon enthousiasme… Et puis, vient ce Moonrise Kingdom, naïf, touchant et mature à la fois. Contrairement à
la Famille Tennenbaum où nous avions affaire à des adultes grandis trop vite se comportant en gamins neurasthéniques, Moonrise Kingdom nous
plonge dans l’univers de gamins tristes à cause de leur environnement familial mais à l’imagination débordante, cherchant à repousser les limites de la réalité, à la déplacer. Drôle et beau à
pleurer, joyeux et triste, le film passe en un rien de temps et laisse une image indélébile. Les enfants-acteurs sont épatants de talent, la maestria visuelle du cinéaste et son imaginaire sont
toujours là, intacts, mais plus ramassés, plus cohérents que dans A bord du Darjeeling Limited, dont on ne voyait jamais la fin et qui caricaturait un peu trop le style
du cinéaste hype pour convaincre tout à fait. Ici, même si les personnages sont très “à la mode” et “dans le vent” par leur garde-robe, notamment, la sincérité est de mise et le film ne se
regarde jamais le nombril. Un classique et un film à voir et à revoir !

 

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Cosmopolis de David Cronenberg

Cronenberg nous livre son film le plus trash et tordu depuis Crash en 1996 ! Et avec (cerise sur le gâteau), un Robert Pattinson qu’on
attendait absolument pas dans cet imaginaire glacial et exigeant. L’acteur tire parti de son visage souvent impénétrable (ce qui était le principal reproche que lui faisaient – à juste titre –
ses détracteurs dans Twilight) et sombre sous nos yeux dans une folie pour le moins originale. On pense souvent à American Psycho par la
manière dont Cronenberg dresse le portrait de ce multi-milliardaire cynique et très clean sur lui en apparence, qui voit défiler dans son interminable limousine une galerie de personnages des
plus foisonnantes. Il faut se laisser porter, le film ne faisant aucun effort pour ne pas nous perdre en chemin (mais n’est-ce pas un peu le but, après tout, et le parcours que suit le personnage
lui-même ?). Mais lorsque le générique apparaît, reste un film qui nous aura secoués et interpellés, dérangés profondément, sur une thématique on ne peut plus actuelle : notre ultra-moderne
solitude dans un monde dénué de sensation, d’émotion, où tout a un prix et où si tout est accessible numériquement, l’amour et l’amitié ne se commandent pas.

 

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Les adieux à la reine de Benoît Jacquot

Benoît Jacquot nous fait rentrer dans les coulisses du pouvoir versaillais et dans l’intimité de la plus fantasque des reines de France par la petite porte… celle de sa
lectrice personnelle (fictive), une jeune fille timide, renfermée et un brin hautaine en transe face à Marie-Antoinette (Diane Kruger, à son plus haut niveau), tour à tour
touchante et cruelle en femme amoureuse, mère effrayée ou insouciante, reine perdue et calculatrice… L’originaliité du film est son approche résolument documentaire et ultra-réaliste : nous
sommes chevillés d’un bout à l’autre à la narratrice (Léa Seydoux, qui monte de film en film), dans l’effervescence du palais, pas toujours aussi glamour que dans les décors du
Marie-Antoinette de Sofia Coppola (que j’adore par ailleurs), nous sommes aussi perdus que les personnages sur ce qui est en train de se tramer même si,
évidemment, nous savons parfaitement ce qu’il adviendra.

Et le film de Benoît Jacquot de réussir là où le film de Coppola ne faisait que passer : réussir à montrer l’isolement dans lequel se trouvait la cour
versaillaise et parvenir à retranscrire l’aveuglement (et la remise en question dans certains cas) à la fois des dirigeants mais aussi de toutes les petites mains gravitant autour de ces
personnages hauts en couleur, humains au final mais demeurant à jamais impénétrables, avec leur part de secret. C’est cette manière de faire se rejoindre la petite et la grande histoire qui rend
ces Adieux à la reine (que le réalisateur a considéré en interview comme un “petit film classique” entre deux projets plus originaux) aussi touchants.

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Populaire de Régis Roinsard

En matière de comédie rétro, méchamment drôle, loufoque, fantaisiste et touchante à la fois, le cinéma français nous avait rarement proposé un film aussi réussi et enlevé que
Populaire. L’an dernier, le cinéaste… plongeait dans l’imaginaire du ciné indépendant américain et le mythe de Marilyn Monroe avec
Poupoupidou, en proposant une vision française décalée et tragique. Populaire, bien plus léger, lorgne davantage vers les comédies américaines
des 50’s à la Lubitsch et Wilder tout en versant dans un humour très OSS 117. Le cinéaste croque les travers de ses personnages, mais éprouve
pour eux une tendresse et une attachement qui transparaissent au travers de chaque plan. Il en ressort un film drôle, humain, avec des acteurs beaux, glamours mais surtout très à l’aise dans des
rôles qui s’épaississent de plus en plus, sortant de leur moule d’image glacée. C’est après tout le propos du film : comment la timide et délurée secrétaire jouée par Déborah
François
parvient à s’affranchir des codes imposés aux femmes par la société pour devenir la “dactylo la plus rapide au monde” (c’est quand même le pitch de film le plus déluré qu’on ait
vu depuis pas mal de temps)… et une personne à part entière, qui parvient à s’imposer dans le monde. L’alchimie avec Romain Duris (toujours aussi à l’aise, peu importe les
rôles) fonctionne très bien et le timing au cordeau fait qu’on ne voit jamais le temps passer. Une réussite dans le genre qui vient encore redonner – si besoin était – ses lettres de noblesse au
genre de la comédie française drôle et intelligente.

 

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Holy Motors de Leos Carax

Au rayon OVNI, on aura sans doute pas vu plus déjanté que ce Holy Motors qui tourne tout entier autour du talent de Denis Lavant, qui épate et fait peur
dès le départ en fou avaleur de tout et n’importe quoi, même de bouquets de fleurs (qui ont l’air d’être vrais !). Grande métaphore sur le métier d’acteur, la vie, le film ne se suit pas
facilement mais, comme dans la plupart des cas avec ce genre d’oeuvre barrée légèrement n’importe-nawak sur les bords, il faut se laisser porter. On passe d’un univers à l’autre avec ce
personnage dont on ne sait pas, au final, quelle est l’identité (lui-même semble d’ailleurs l’avoir oublié) et deses rencontres avec une galerie hétéroclite de visages souvent connus. Parmi les
nombreux caméos et rôles secondaires, on retiendra Eva Mendes, belle plante en plein shooting qui se fait littéralement kidnapper par le personnage de clochard fou pour son plus
grand plaisir (une sorte de Belle et la Bête violemment déjantée !) et Kylie Minogue, émouvante en ancienne compagne dans un sketch de comédie musicale
nostalgique et mélancolique où la chanteuse donne le la en français et prouve qu’elle a un gros potentiel d’actrice malgré les fours et navets qu’elle a pu tourner dans les années 90. On rit, on
pleure, on est parfois interloqué, parfois, le délire métaphysique vire au grand n’importe quoi (la fin, si elle est sympas, prête à sourire : on peut se demander si Carax ne
s’amuse pas simplement à tester le spectateur), mais au final, la liberté de l’ensemble l’emporte et des images, des moments restent, indélébiles.

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Anna Karénine de Joe Wright

Keira Knightley et Joe Wright, un duo gagnant… J’avoue volontiers que je n’ai pas vu les précédents films du cinéaste avec l’acrice. Ayant toujours beaucoup
aimé le roman de Tolstoï, j’étais curieuse de voir cette énième adaptation… et j’ai été emportée par l’originalité de la mise en scène. Le principe du thêâtre dont les décors
changent et alternent en permanence donnent souffle épique et force romanesque au drame et permet aussi d’effectuer quelques ellipses bienvenues dans le pavé que constitue le roman. En coupant
dans le vif de l’histoire et en restant au plus près du ressenti d’Anna, dont le piège de la passion se referme de plus en plus sur elle, l’oppressant (les décors se font aussi plus étouffants,
plus sombre au fur et à mesure), Joe Wright donne un côté viscéral à ce film beau et esthétique qui aurait facilement pu paraître artificiel. Du coup, les 3h passent sans
problème. Un film audacieux pour un cinéaste, moqué pour sa pub Chanel avec Brad Pitt, qu’on a souvent considéré trop sage et académique.

 

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Thérèse Desqueyroux de Claude Miller

Le dernier film de Claude Miller n’est pas drôle, loin s’en faut. Inspiré d’un fait divers sordide qui a connu une fin relativement heureuse, contrairement à d’autres cas
similaires survenus lors de la même période, il dégage une atmosphère rèche, étouffante, qui le rendent parfois difficile. Et offre un magnifique écrin à Audrey Tautou,
hallucinante en femme libre mais entravée, autant par la société que par elle-même et qui sombre de plus en plus sous nos yeux. Gilles Lelllouche surprend dans le rôle fort
ingras du mari beauf imbus de lui-même de prime abord mais finalement fragile et généreux. On est content, au final, lorsqu’on ressort de la salle, mais le destin de Thérèse et la prestation
habitée d’Audrey Tautou nous suivent longtemps.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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