[Test DVD] Ni le Ciel ni la Terre – Clément Cogitore

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  • Réalisateur : Clément Cogitore
  • Avec : Jérémie Renier, Kévin Azaïs, Swann Arlaud
  • Editeur : Diaphana Édition Vidéo
  • Date de sortie DVD / VOD : 3 Février 2016
  • Durée : 97 minutes

Image : 5/5

Un master de grande qualité. L’édition rend hommage au gros travail effectué sur la lumière naturelle, et les couleurs ressortent assez pour mettre en valeur les décors. Un plaisir des yeux.

Son : 4/5

Deux pistes sont dénombrées, toutes deux en version française : Dolby Digital 5.1 et Stéréo. Nous vous conseillons la 5.1, où les dialogues sont mieux mis en relief. Mais la Stéréo est tout de même de belle qualité. Signalons des sous-titres français pour sourds et malentendants, ainsi qu’une audiodescription pour aveugles et malvoyants.

Bonus : 4/5

Un menu conséquent. Un entretien complet avec Clément Cogitore, assez longue pour qu’il puisse développer son propos et nous livrer quelques anecdotes. On a aussi droit à “Parmis Nous”, court métrage du jeune réalisateur, qui confirme ses interrogations sociales. Une scène coupée, dispensable, et une bande annonce viennent compléter ce contenu de qualité.

Synopsis

Afghanistan, 2014. A l’approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan. Malgré la détermination d’Antarès et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper. Une nuit, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.

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Critique du film

Le cinéma de l’hexagone n’a jamais été très prompt à se lancer dans la production de films de guerres, dont le sujet aurait été l’agissement de l’armée française. Il faut bien dire que le meilleur film sur l’un de nos conflits est Les Sentiers de la Gloire, réalisé par l’immense, le gigantesque Stanley Kubrick… et fut longtemps interdit dans notre pays. Avec Ni le Ciel ni la Terre, le jeune metteur en scène Clément Cogitore (32 ans), n’a que faire de ce constat et, même, va jusqu’à aborder un conflit encore d’actualité : la guerre en Afghanistan, tout en cherchant à aborder des sujets à la frontière du cinéma de genre.

Pourtant, il serait trompeur de penser que Ni le Ciel ni la Terre serait un film de guerre teinté de fantastique. L’œuvre de Clément Cogitore s’impose d’aller plus loin, de dépasser les genres et de ne se donner que les limites de ses thématiques. Parmi celles-ci, la plus importante est celle du deuil. A travers un récit qui nous pousse vers l’étrange, le mystère, le metteur en scène est surtout intéressé par ce qui en fait la sève chez les hommes qu’il fait vivre devant la caméra. Comment réagir, humainement, à la mort quand il n’y a pas de dépouille ? Comment en faire le deuil ? Clément Cogitore questionne plus qu’il ne répond, ce qui contribue à la construction d’une ambiance très prenante.

Ni le Ciel ni la Terre réussit le tour de force de créer un huis-clos dans une situation pourtant ouverte. L’impression est proche de celle d’un The Thing, même si la comparaison avec le chef-d’œuvre de Carpenter s’arrête là, tant celui-ci s’inscrit dans le cinéma de genre. Mais tout de même, le spectateur ressentira, à plusieurs reprise, une tension palpable, liée à l’enfermement des personnages, dans un décor pourtant à ciel ouvert. Visuellement, l’on sent le passé artistique de Clément Cogitore, qui trouve les cadres parfaits pour enfermer le récit, ne laisser aucun échappatoire aux personnages, tous prisonniers d’un territoire aux mains d’un dieu en colère. Le réalisateur se sert judicieusement des moyens à sa disposition. La vision de nuit donne lieu à des séquences glaçantes, qui contribuent parfaitement à construire un ressenti anxiogène des choses.

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Ni le Ciel ni la Terre multiplie les thèmes, et celui du contact entre les civilisation est aussi très important. Un village de bergers se situe non loin des phénomènes constatés par l’escouade française. Le récit se nourri de cette proximité qui, pourtant, fait naître des différences flagrantes. Le rationalisme d’un côté, la mystification de l’autre et, bien entendu, un jugement qui va perdre l’équilibre. Cependant, il est à regretter que cette perte des repères ne soit pas assez développée, présente à l’écran. Clément Cogitore, qui devait composer avec un tout petit budget (précision fondamentale), reste sage, froid, alors que les conflits demandaient à être soulignés un peu plus. Rien de dérangeant cependant, tant la tension, finement construite grâce à un crescendo de détails tous plus alarmant les uns que les autres, se charge d’embarquer le spectateur, bien aidé par un casting sérieux même si trop attaché à l’exactitude de ses textes.

Au final, Ni le Ciel ni la Terre est avant tout un film d’auteur, qui refuse le confort d’un genre, tout en respectant certains codes. Les décors naturels, tout comme la lumière de l’œuvre, se chargent de donner au film une forte personnalité visuelle, indéniablement en lien avec le fondamental. Quant à la bande original, elle contribue à l’étrangeté générale, entre classicisme et musique techno grossière mais parfaitement adaptée aux personnages. Ni le Ciel ni la Terre est déconcertant, et mérite d’être découvert.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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