Caractéristiques
- Titre original : The Passionate Friends
- Réalisateur : David Lean
- Avec : Ann Todd, Claude Rains, Trevor Howard, Betty Ann Davies…
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie BR / DVD : 1er mars 2016
- Durée : 95mn
Image : 5/5
Le travail de restauration proposé ici est tout bonnement prodigieux. David Lean est un réalisateur d’importance, ses films ont donc droit à une attention particulière, ce qui est toujours appréciable pour les cinéphiles. Le master ici livré par Elephant Films ne fait qu’accompagner ce boulot de qualité, avec une résolution telle que le niveau des détails, mais aussi des contrastes, est en tous points exemplaires. On est gâté.
Son : 5/5
Le film est proposé uniquement en version originale sous-titrée en français, avec une piste DTS-HD Master Audio 2.0 qui lisse bien l’ensemble. On peut entendre un très, très léger souffle au casque sur une poignée de plans, mais rien qui puisse être entendu d’une oreille “dans le film”.
Bonus : 2.5/5
Comme pour les autres films de cette salve David Lean (Heureux Mortels et L’Esprit S’Amuse), nous retrouvons l’indémodable Jean-Pierre Dionnet pour une présentation du film complète, longue d’une dizaine de minutes. Son topo sur David Lean est, hélas, le même que ceux présents pour les deux autres oeuvres…
Synopsis
1939. Lors du bal du Nouvel An, Marie retrouve Steven Stratton. Ils s’aimaient, cependant elle avait préféré épouser Howard Justin, un home riche et considéré. Mary et Steven se revoient, mais Howard met fin a leur rencontre. Neuf ans plus tard, dans un hôtel sur les bords du lac d’Annecy, le hasard les réunit de nouveau.
Le Film
Sixième film du génial David Lean, Les Amants Passionnés fait partie de ses oeuvres méconnues, voire dénigrées par son auteur, mais dont la qualité nous explose aux yeux aujourd’hui. Adapté d’un roman de H.G. Wells, qui est loin de n’avoir écrit que de la science-fiction même si son livre était traversé d’une ambiance bien plus paranoïaque, Les Amants Passionnés a tout du chef-d’oeuvre à réhabiliter au plus vite.
Comme écrit plus haut, Les Amants Passionnés version Lean ne s’intéresse absolument pas au sujet du complot financier, mais se concentre sur le triangle amoureux formé par Steven, Howard et Mary. C’est d’ailleurs le point de vue de cette dernière qui est utilisé par le récit, comme en atteste l’ouverture qui signe à la fois cet état de fait et la maestria de Lean pour la mise en scène et la direction des comédiens. Mary est perdue dans ses pensées, et instaure dès lors une subjectivité qui va l’accompagner tout du long, alors que le spectateur sera continuellement placé à sa hauteur.
Les Amants Passionnés étonne à plus d’un titre. Tout d’abord, s’agissant d’un film de 1949, on est très surpris par la liberté de ton, de description de l’infidélité et des sentiments amoureux qui est celle de David Lean. L’oeuvre aborde un sujet aussi passionnant qu’intemporel : l’amour et ses différents degrés, son infinité de raisons (qui fait que l’on croit trop facilement que la raison les ignore). Impossible, dans cette oeuvre, de réellement prendre partie, et ce même si Mary est celle par qui tout arrive. On ne peut pas la blâmer, tant son mari Howard lui accorde un amour froid mais sincère, alors que Stephen est plutôt la fougue, la passion. Tout le sujet du film est surtout d’essayer de comprendre ce que veut réellement Mary, ce qui s’avère peine perdue et, dès lors, Les Amants Passionnés prend un tout autre chemin.
Les Amants Passionnés est moins un film sur l’indécision de Mary, qui d’ailleurs nous la rend assez antipathique au final, qu’une oeuvre sur l’amour d’un mari très réservé, Howard, incarné à la perfection par Claude Rains. Tout du long, le spectateur est à l’affut de sa réaction à ce que lui fait subir Mary plus ou moins derrière son dos, puisqu’il réussit toujours à surprendre sa femme infidèle. Impassible, Howard est à la peine quand il faut communiquer ses sentiments, par des mots ou des gestes, et ça pose évidemment un gros problème. Mais l’on ne sent jamais qu’il méprise ou se sert de sa femme, d’où un mélange de compréhension des agissements de celle-ci, mais aussi une forme de tristesse qui envahit l’écran, et explose lors d’un plan d’une beauté saisissante : Mary, sur le balcon de sa chambre d’hôtel suisse, accorde des gestes d’au revoir passionnés à son amant. Howard, dont elle ignore la présence, est assis et la regarde, à travers un rideau qui nous la rend floue. Ce sens de l’image fait de David Lean un réalisateur hors du commun et son film nous bouleverse autant qu’il nous parle.
Les amants passionnés de David Lean, Elephant Films, sortie le 15 mars 2016. 16,80€, existe aussi en DVD.