[Critique] L’ange de Dalkey Island — Alain Teulié

image couverture l'ange de dalkey island alain teulié éditions michel de mauleSeptième roman de l’auteur et comédien Alain Teulié, publié aux Éditions Michel de Maule cinq ans après son précédent livre, L’ange de Dalkey Island se présente comme une jolie fable philosophique sur la vie, le deuil et la transmission, que ne renierait pas Paulo Coehlo sur le fond.

Une fable sensible sur le deuil et l’absence

Le livre s’ouvre sur une note fantastique, avec ce père disparu depuis 10 ans qui apparaît soudain sur une plage à Dalkey Island, en Irlande, à sa fille de 14 ans, Molly, introvertie et obsédée par la mort. Un échange à base de conversations philosophiques et métaphysiques sur la vie et la mort s’ouvre alors entre les deux, permettant à la jeune fille de se réconcilier avec l’existence. La vision de l’au-delà convoquée dans cette première partie, où les disparus observent la vie de leurs proches continuer sans eux et savent tout de ce qu’ils traversent, n’est pas sans rappeller le best-seller d’Alice Sebold, La nostalgie de l’ange, à la différence près que dans ce roman américain, c’était la jeune fille qui était morte et qu’elle ne pouvait interagir avec les siens, sauf, de manière limitée, à la fin.

Cependant, assez vite, Alain Teulié prend une autre route et nous révèle l’artifice derrière cette miraculeuse réapparition. Tout en restant attaché à sa dimension philosophique et  à sa réflexion sur le deuil, L’ange de Dalkey Island élargit alors son propos et nous interroge sur notre attitude face à l’existence et les choses que nous sommes prêts à faire par amour, même si cela implique un mensonge et une manipulation qui peuvent de prime abord sembler cruels. Alain Teulié, à travers les personnages de Molly, son grand-père et Dylan, rend également compte avec sensibilité de notre impuissance face à la mort et au silence, que ce soit celui du ciel ou bien d’un amour perdu, tout en mettant en avant la formidable force de vie qui nous permet de continuer à avancer malgré tout, que ce soit grâce à l’art, des lectures, mais surtout les relations que nous entretenons avec autrui, fussent-ils des proches ou de parfaits inconnus qu’il nous semble parfois connaître. A contrario, l’auteur traite également, à travers Molly et Dylan, du sentiment qui peut nous étreindre face à ces proches que nous pensions si bien connaître et dont la trahison nous donne l’impression de nous retrouver face à des étrangers.

Porté par une écriture fluide et agréable, sans fioritures mais jamais simpliste, L’ange de Dalkey Island se lit rapidement et charme par la douceur qui s’en dégage. Imprégné par la mélancolie de ses personnages, mais résolument positif, il s’agit d’une fable philosophique humaniste sans la dimension sirupeuse qui est souvent associée à ce genre régulièrement décrié par la critique littéraire. Sans être nécessairement original dans le fond — après tout, le deuil est l’un des thèmes les plus traités par la littérature — le roman d’Alain Teulié se distingue par sa justesse de ton, loin des discours tous faits vis-à-vis desquels il sait prendre de la distance, évitant habilement l’écueil du récit pseudo-métaphysique enfonçant des portes ouvertes sans la moindre vision personnelle.

L’ange de Dalkey Island d’Alain Teulié, Éditions Michel de Maule, sortie le 25 août 2016, 207 pages. 18€

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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