[Critique] Le Passage – Louis Sachar

image le passageLa morsure d’un roman culte

Sorti en 1998, et depuis devenu culte au point d’avoir été adapté au cinéma (La Morsure Du Lézard, produit par Walt Disney Pictures en 2003), Le Passage ressort aujourd’hui en édition de poche au sein de la collection Folio Junior, chez Gallimard Jeunesse. Roman d’une puissance surprenante, ayant reçu quelques Prix prestigieux (Médaille Newberry, Prix Ado-Lisant, Prix Sorcières, Prix Millepages), cette œuvre signée par Louis Sachar est toujours l’une des plus intéressantes de la littérature pour adolescents récente.

Le Passage, c’est l’histoire d’un certain Stanley Yelnats, un jeune garçon dont le destin semble d’être poursuivi par une malédiction familiale depuis les malheurs de son aïeul, un horrible-abominable-vaurien-arrière-arrière-grand-père-voleur-de-cochons qui fait payer à ses descendants son manque de droiture. Après avoir reçu, en pleine tête, les tennis d’une star de baseball, et accusé injustement du vol de celles-ci (son père travail sur un produit anti-odeurs, et ces chaussures constituaient une tentation trop grande, il faut le comprendre !), Stanley est condamné à être envoyé 18 mois au camp de redressement du Lac Vert, en plein Texas. Dans ce lieu sordide, où le soleil tape non-stop sur les crânes, les lézards se font mortels et l’eau très rare, le jeune garçon va devoir s’acquitter d’une tâche pour le moins intrigante : chaque jour, il doit creuser un trou plutôt grand, et ce en plein milieu du désert, pour un but qu’il ignore et qu’on ne lui explique pas. Et si les réponses se trouvaient dans le passé ? Car en parallèle le lecteur en apprendra plus sur le destin de son aïeul… et sur les raisons d’être de ce camp bien étrange.

Le Passage mérite bel et bien son statut de roman pour adolescents couronné de succès. Ce qui marque de prime abord, c’est sans aucun doute l’ambiance de ce livre, qui pourra faire penser à ce que nous autres vieux de la vieille ont connu avec les films d’aventure comme Les Goonies ou Monster Squad, pas dans les histoires racontées mais pour cette intense impression de camaraderie entre les personnages. Sans ne rien spoiler, sachez simplement que Stanley va, bien évidemment, rencontrer d’autres adolescents qui, comme lui, rencontrent quelques soucis. Autre élément important : le directeur du camp de redressement. Le véritable antagoniste du roman est très bien géré par l’auteur Louis Sachar, lequel nous le rend terrifiant de par sa propension à ne pas se faire voir, et à faire exécuter les basses besognes par toute une galerie de surveillant cruels.

Un succès amplement mérité

Le Passage est évidemment l’occasion, pour Louis Sachar, d’aborder certains sujets profonds sous couvert d’un récit léger. La figure de style est une réussite éclatante car l’écrivain sait exactement où se situe la limite entre faire ressentir et donner en pâture grossièrement. Ainsi, le lecteur n’a pas l’impression d’être pris en otage par le récit, et les pages n’ont de ce fait que plus d’impact à la fin. Autre gros point fort de ce roman décidément maîtrisé, la gestion des flashbacks est en tous points exemplaire, tant ils sont à la fois naturels et, surtout, utiles pour faire avancer l’histoire. Là aussi, on n’a jamais l’impression que Louis Sachar se perd dans un double récit aux importances mal proportionnées : les deux lignes temporelles donnent du sens, et sont tout aussi passionnantes.

Au final, on aura vite compris le pourquoi du comment d’un tel succès d’estime pour Le Passage. Entre cette ambiance de sécheresse palpable, ces personnages hauts en couleurs, ces petits messages en faveur de la tolérance entre autres, cet appel de l’aventure constant et irrésistible, sans oublier ce final qui ne pourra que vous laissera heureux et sur les rotules, on tient là un roman d’une grande puissance. On vous l’écrit clairement : Le Passage est un ouvrage à lire sans hésiter et au plus vite si ce n’est déjà fait, que ce soit pour un ado, ou pour un adulte.

Le Passage, un roman écrit par Louis Sachar. Traduit par Jean-François Ménard. Aux éditions Gallimard Jeunesse, collection Folio Junior, 288 pages, 6.70 euros. Sortie le 27 octobre 2016.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

Et maintenant, on fait quoi ?

L'équipe de Culturellement Vôtre vous remercie pour vos visites toujours plus nombreuses, votre lecture attentive, vos encouragements, vos commentaires (en hausses) et vos remarques toujours bienvenues. Si vous aimez le site, vous pouvez nous suivre et contribuer : Culturellement Vôtre serait resté un simple blog personnel sans vous ! Alors, pourquoi en rester là ?

+1 On partage, on commente

Et pour les commentaires, c'est en bas que ça se passe !

+2 On lit d'autres articles

Vous pouvez lire aussi d'autres articles de .

+3 On rejoint la communauté

Vous pouvez suivre Culturellement Vôtre sur Facebook et Twitter (on n'a pas payé 8 euros par mois pour être certifiés, mais c'est bien nous).

+4 On contribue en faisant un don, ou par son talent

Culturellement Vôtre existe grâce à vos lectures et à l'investissement des membres de l'association à but non lucratif loi 1901 qui porte ce projet. Faites un don sur Tipeee pour que continue l'aventure d'un site culturel gratuit de qualité. Vous pouvez aussi proposer des articles ou contribuer au développement du site par d'autres talents.

S’abonner
Notification pour

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x