[Concert] Charlotte Gainsbourg aux Nuits de Fourvière : live-report

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Charlotte Gainsbourg était le 24 juin aux Nuits de Fourvière de Lyon dans le cadre de sa toute 1ère tournée. Photo: Paul Jasmin

J’ai assisté jeudi soir, de manière tout à fait inattendue, au concert de Charlotte Gainsbourg aux Nuits de Fourvière. J’avais su deux jours plus tôt qu’elle serait en rencontre/dédicace au forum de la Fnac Bellecour à Lyon jeudi après-midi et j’étais venue l’écouter parler de son deuxième album, IRM, et de sa première tournée. Elle s’était montrée lors de cette rencontre telle que je me l’imaginais : très simple, naturellement élégante, sympathique et abordable. Après cette discussion de près d’une demi-heure
avec une journaliste de Lyon Capitale et le public, elle s’était prêtée de bonne grâce au jeu des autographes et j’en avais profité pour lui faire dédicacer ma copie d’IRM et lui dire que j’étais très contente de savoir qu’elle allait tourner un second film avec Lars von Trier après Antichrist, que j’avais beaucoup apprécié.

En sortant, l’envie me titillait de me rendre au concert (qui n’était pas complet), d’autant plus que Charlotte avait révélé que les des chansons étaient beaucoup plus rock, plus énergiques dans leur version live. Le seul problème : avec un voyage à Paris déjà prévu dans moins d’un mois pour assister au concert de Tori Amos et aller à Disneyland Paris, dépenser 35 euros pour une place (70 euros en y allant avec mon chéri donc) ce n’était pas vraiment raisonnable.

Cependant, j’habite à deux minutes à pied de l’amphithéâtre gallo-romain où se déroule le festival et, comme je sais qu’il y a souvent des personnes qui essaient de revendre des places au dernier
moment, j’ai tenté le tout pour le tout en me rendant sur place à 21h, soit l’heure fixée pour le début de la 1ère partie, le groupe Noah and the Whale. Et, coup de chance : quelqu’un abordait les personnes qui traversaient la rue pour leur proposer des places. Cette personne devait se rendre au concert avec des amis, qui n’avaient finalement pas pu venir et il n’était toujours pas arrivé à se débarrasser de ses places en trop alors que la soirée était sur le point de commencer. Résultat : j’ai obtenu les places pour un prix défiant toute concurrence : 10 euros !

Le temps d’aller chercher en courant mon copain et nous entrions dans le magnifique amphithéâtre tandis que Noah and the Whale, un sympathique groupe rock de jeunes gens, interprétaient ce qui devait être la première chanson de leur set-list. Nous sommes allés dans la fosse nous positionner face à la scène, sur laquelle nous avions une très bonne visibilité.

A bas les mauvaises langues !

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Charlotte Gainsbourg vue par Jean-Baptiste Mondino pour son album IRM.

Charlotte Gainsbourg est arrivée sur scène vers 22h : vêtue d’un simple pantalon en cuir et d’un marcel en coton blanc, elle s’est positionnée face au micro, accompagnée de cinq musiciens, quatre hommes et une femme et a démarré le spectacle par « IRM », la chanson éponyme de son deuxième album, sorti fin 2009. Derrière elle, des écrans d’ordinateurs diffusaient justement des photos d’IRM.

Je sens les sceptiques qui brûlent déjà d’envie de demander, hilares : est-ce qu’au moins le public arrivait à l’entendre chanter ? Eh bien oui ! Non seulement, elle a chanté un certain nombre de titres où elle a une voix plus forte, plus rauque que son habituel (très joli) murmure mais surtout, l’usage de la réverbération est très courant et permet au public d’entendre parfaitement des artistes à petite voix, Mylène Farmer en tête, qui joue tous ses concerts à guichets fermés! Ceux qui se souvenaient d’une adolescente pétrifiée sur les plateaux télé, n’osant pas prononcer le moindre mot, demanderont : est-ce qu’elle a eu peur du public et a chanté les bras ballants ? De nouveau perdu ! Si Charlotte n’est certes pas quelqu’un d’extraverti ou de bavard, elle a fait preuve d’une belle assurance qui n’a fait que se renforcer chanson après chanson, et elle a même joué des percussions de manière énergique dès le premier titre, soutenue par des musiciens de très haut niveau (mention spéciale au batteur).

Une artiste chaleureuse et un concert énergique

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Manifestement ravie de jouer ici, elle a confié au public, avec une humilité désarmante, être très contente d’être ici pour sa toute première tournée. Lors de la rencontre à la Fnac, elle avait avoué qu’elle appréhendait un peu de jouer pour la première fois dans un lieu aussi grand (le grand amphithéâtre peut accueillir de 2800 à 4500 personnes), qui plus est en extérieur. Mais cette appréhension s’est visiblement envolée bien vite et l’enthousiasme du public n’est allé qu’en grandissant. Bien qu’elle n’ait pas fait de grands discours entre les chansons, il est très rare de voir une artiste aussi reconnaissante envers son public, le remerciant à chaque applaudissement, assez surprise de recevoir un tel accueil, même.

En 1h45, elle a interprété tous les titres d’IRM, quelques-uns de 5:55 (“AF607105”, “The Songs That We Sing”, “Jamais”, “Set Yourself on Fire”), une très belle reprise de Bob Dylan, “Just Like a Woman”, qu’elle avait enregistré pour la B.O. du fim de Todd Haynes I’m Not There, ainsi que deux chansons de son père, “L’Hôtel Particulier” (du concept-album Histoire de Melodie Nelson) et “Couleur Café”.

Les versions live de la plupart des chansons étaient en effet beaucoup plus rock que dans leur version studio, donnant lieu à une performance bien plus dynamique que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre. Mon copain, qui aime bien les albums mais sans plus, a été très agréablement surpris et ne s’est pas ennuyé une seule minute. On sent que l’artiste a vraiment réfléchi avec ses musiciens à la manière d’adapter ses titres pour la scène et le résultat est admirable.

Une excellente surprise pour une très belle soirée

Face à l’enthousiasme du public, il y a eu deux rappels et lorsqu’elle est revenue sur scène la première fois, Charlotte s’est montrée très touchée, là encore surprise d’un tel accueil. “Merci beaucoup. Je me souviendrai de ce soir. J’ai vraiment beaucoup beaucoup de chance.” Le public a commencé à jeter joyeusement les coussins recyclables qui avaient été distribués pour les personnes dans les gradins et la chanteuse et les musiciens (qui s’en sont pris quelques-uns dans la figure au passage) les ont renvoyés dans la foule avant d’entonner l’emblématique “The Songs That We Sing” face à un public enfiévré qui dansait dans la fosse et tapait des mains en rythme dans les gradins. Le plus mystérieux “Voyage”, très adapté à une ambiance nocturne, a clôt le 1er rappel.

Elle ne s’attendait peut-être pas à revenir pour un second rappel (elle avait chaleureusement remercié le public et dit “Bonsoir”) mais là encore, face aux acclamations, elle est revenue au bout de quelques minutes sous des lancers de coussins encore plus épiques qui l’ont fait éclater de rire. “C’est toujours comme ça, ici ?” Puis elle a chanté “Couleur Café” de Serge Gainsbourg, repris en chœur par le public, qui a ainsi clôturé la soirée. Un membre de l’équipe est venu sur scène pour filmer le public qui continuait d’applaudir et de crier “Charlotte”, puis nous sommes sortis de l’amphithéâtre dans la bonne humeur.

“C’était vraiment super. Une très très bonne surprise !”, m’a glissé mon copain tandis que nous marchions vers la sortie. Effectivement. Il y aura sans doute toujours des mauvaises langues pour penser que Charlotte Gainsbourg n’est pas une performeuse et qu’elle n’a pas de légitimité à monter sur scène, toujours est-il que ce soir-là elle s’est donnée bien plus que ne le font beaucoup d’artistes expérimentés, et a conquis le public par son énergie tranquille et sa sincérité. Si elle passe prêt de chez vous cet été, je vous recommande donc de ne pas hésiter, vous ne le regretterez pas.

Note: le son de cette vidéo, trouvée sur YouTube, est particulièrement mauvais et non-représentatif de celui qu’on pouvait entendre au concert mais j’ai quand même insérée la vidéo pour le sympathique lancer de coussins.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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