[Test – Playstation 4] Heavy Rain : remasterisation d’utilité publique

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Playstation 3
  • Développeur : Quantic Dream
  • Editeur : Sony Interactive Entertainement
  • Date de sortie : 1er mars 2016
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Introduction

Après la grande réussite de la remasterisation du fabuleux Gravity Rush, Sony continue d’explorer la voie de ces ressorties améliorées, cette fois-ci avec l’un des jeux les plus intéressants de la génération Playstation 3 : Heavy Rain. Même si certaines personnes, souvent animées de mauvaise foi voire d’un ressenti contre David Cage ont passé leur temps à descendre l’entreprise, la résumant de façon mensongère à une suite de QTE, la très grande majorité des joueurs, et des critiques, ont salué ce qui est une expérience vidéoludique révolutionnaire. Louchant allégrement vers le cinéma et ses codes, tout en développant une volonté d’émouvoir le joueur en lui proposant plusieurs façons de vivre les situations qu’il traverse, Heavy Rain a su faire bouger les lignes. Aujourd’hui, le jeu de Quantic Dream pose ses valises sur Playstation 4, exclusivement sur le Playstation Store.

Histoire : 5/5

image heavy rain

Vous comprendrez qu’il est compliqué d’aborder le scénario d’Heavy Rain sans spoiler quoi que ce soit. Disons que nous faisons face à l’un des jeux les mieux écrit de l’Histoire du jeu-vidéo, pas spécialement en terme de contenu, mais en pure gestion des multiples cheminements. Car là où Heavy Rain reste impressionnant, donnant encore aujourd’hui une leçon à bien des softs qui voudraient nous raconter une histoire, c’est dans le fait de laisser celle-ci à la seule charge des actes du joueur. Le septième art en est encore tout retourné. David Cage a appelé ça “narration élastique”, chaque décision entraînant une conséquence, sur la base de l’effet papillon. Si les ficelles du genre thriller sont un peu grosses, encore que sur le pur récit Heavy Rain n’a rien à envier à bien des films d’aujourd’hui, ce fait est noyé dans l’incroyable générosité du jeu, ses multiples embranchements qui font que vous pourrez comparer votre expérience avec celle d’un autre joueur et vous rendre compte qu’il n’a pas vécu la même expérience. Une incroyable réussite, qui n’a pas assez été assez soulignée à l’époque de sa sortie.

La trame d’Heavy Rain nous fait endosser plusieurs costumes. Le joueur s’attache à plusieurs destinées et, finalement, se retrouve dans une position très troublante, telle une divinité qui verrait une partie de l’humanité s’égosiller entre ses mains. Le jeu raconte une histoire certes, mais pose aussi des questions quand aux rapports entre le gamer et l’œuvre. On est fasciné par les réactions que l’écriture nous réserve, on peut citer cet instant, loin de l’excitation et du suspens, où Ethan peut s’amuser avec ses deux enfants. Vous devrez choisir avec lequel commencer par exemple, ou encore si vous laisserez l’un d’entre eux vous battre lors d’un jeu à l’épée. Si vous décidez de gagner la joute, l’enfant réagira d’une manière qui ne sera pas la même que si vous l’aviez laissé gagné. C’est sidérant.

Gameplay : 3/5

image playstation 4 heavy rain

C’était le point faible lors de sa sortie sur Playstation 3, Heavy Rain est discutable dans la prise en main des personnages. Il faut appuyer sur la gâchette R2 pour que le personnage avance, tandis que le stick gauche permet de modifier la direction. C’est un peu lourd, et surtout problématique lors des changement d’angles de caméra. Mais à part ce bémol, Heavy Rain est bien loin de l’étiquette de “jeu QTE” qu’on lui a imposé bêtement. Certes, les “quick time events” font partie de l’ensemble, mais n’en sont pas la seule particularité de gameplay. Les phases d’enquêtes sont nombreuses, notamment avec Norman Jayden, et ce personnage est toujours aussi plaisant, grâce à ses lunettes ARI, qui lui (nous) permettent d’analyser les scènes de crime à la sauce réalité augmentée. A savoir que cette remasterisation n’apporte pas de modification de ce côté, on ne trouve pas d’améliorations flagrantes.

Heavy Rain, malgré quelques petits loupés, s’avère toujours aussi palpitant à jouer. L’alternance des phases de gamelay et des QTE marche toujours aussi bien. Il faut, donc, aborder ce qui a tant été décrié, avant d’être reconnu comme une bonne expérience autre part (ah, la mauvaise foi de certains sites !). Les phases de Quick Time Events, des cinématiques interactives pour faire simples, ont été pensées pour que le joueur ait des réactions proches de celles des personnages. Les trois modes de difficulté jouent directement sur l’expérience pad en mains, et si vous connaissez un minimum la Dual Shock 4, n’hésitez pas à choisir le niveau maximum, car vous aurez des combinaisons de touches dont la logique avec l’action est flagrante. Non, Heavy Rain n’est pas un film interactif, c’est plus une expérience qui donne autant de place au gameplay qu’à l’écriture.

Technique et musique : 4/5

image sony heavy rain

C’est sans doute sur ce point que ce remaster était attendu au tournant. Alors que Beyond Two souls, autre jeu de Quantic Dream qui atterri sur Playstation 4, n’est qu’un portage sur ce point, Heavy Rain propose une refonte dont les effets sont observables. Tout d’abord, le 1080p apporte beaucoup, donnant aux textures une deuxième jeunesse bienvenue. Bien entendu, l’ensemble peut faire un peu daté, notamment dans les animations que le temps s’est chargé de rendre raides. Heureusement, tout le reste de ce remaster d’Heavy Rain est très satisfaisant, notamment dans les gros plans, plus détaillés qu’auparavant (et rappelons qu’ils étaient fabuleux pour de la Playstation 3). Côté fluidité, il y a aussi eu quelques améliorations, avec un 30fps (eh non, pas 60) constant, ce qui était loin d’être le cas auparavant. Notons aussi la disparition du blur d’origine, qui était très exagéré, ce qui donne une distance d’affichage plus conséquente. Dans l’ensemble, cet Heavy Rain sur Playstation 4 est plus agréable à l’œil, c’est indiscutable.

L’une des grandes forces d’Heavy Rain, c’est son OST signée du regretté Normand Corbeil, que l’on connaît notamment pour sa partition de la série B de qualité Planète Hurlante. Toujours aussi dans le ton, plongeant le joueur dans l’état d’esprit des différents personnages, elle accompagne parfaitement l’action. Notons qu’une amélioration sur la synchronisation sur la VF a été effectuée et tant mieux, tant le travail des doubleurs est remarquable et se devait d’être mieux mis en valeur.

Durée de vie : 4/5

image screenshot heavy rain

Tout dépend de l’expérience du joueur, tant Heavy Rain peut s’aborder de différentes façons. Si celui-ci est du genre à aller à l’essentiel, il peut tabler sur une dizaine d’heures, ce qui est déjà énorme pour un jeu de ce genre. Mais si vous aimez flâner, un peu comme ce qui pouvait être fait dans Shenmue, alors vous pourrez vous en tirer avec au moins une douzaine d’heures au compteur, ce qui est tout simplement remarquable. Si on ajoute les 18 fins différentes, qui peuvent vous pousser à remettre le couvert, et vous obtiendrez un jeu qui, décidément, mérite d’être qualifié de généreux. On peut tout de même regretter l’absence de l’épisode “The Taxidermist“, assez incompréhensible alors que Beyond Two souls propose tous ses DLC avec sa ressortie.

Note finale : 16/20

image quantic dream heavy rain

Ce remaster d’Heavy Rain est l’occasion ou jamais de découvrir l’un des jeux les plus marquants, et discutés, de ces dernières années sur consoles. Sans être parfait sur ce portage, on aurait aimé une petite refonte de la prise en mains des personnages, et l’on regrette l’absence du DLC “The Taxidermist“, le jeu se fait quand même une belle seconde jeunesse. Notamment côté technique où, soyons clairs, Heavy Rain s’avère véritablement amélioré sur certains point cruciaux. Au-delà de ces considérations, rejouer à ce soft c’est se rendre à quel point nous attendons la prochaine production signée Quantic Dream, tant ce qui anime ce studio est réjouissant, nous sort de la routine, donne ses lettres de noblesse au jeu vidéo. Cette recherche, ce questionnement sur le rapport entre joueur et joué, fait avancer l’art vidéoludique, ce qui rappelle que ce dernier existe vraiment, entre deux jeux de foot et trois FPS guerriers et sans génie.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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