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[Critique] Baahubali 2 : une conclusion dantesque

image baahubali 2Caractéristiques

  • Réalisateur : S. S. Rajamouli
  • Avec : Prabhas, Rana Daggubati, Anushka Shetty, Tamannaah, Ramya Krishnan, Sathyaraj, Nassar, Subbaraju, Pruthviraj Balireddy…
  • Distributeur : Night Ed Films
  • Genre : Action, Science fiction, Aventure
  • Durée :  167 minutes
  • Sortie : 28 avril 2017

Critique

Remontons en 2015, plus précisément en septembre de cette année-là. Nous étions à l’Étrange Festival, et, comme à chacune des éditions de ce rendez-vous incontournable, nous ne pouvions pas rater le film de fermeture. Celui du millésime 2015 avait de quoi nous laisser sur de bien jolis nuages : Baahubali, par l’étonnant S. S. Rajamouli, est ce genre de divertissement total qui ne peut pas laisser insensible les amateurs de bobines épiques. Véritable star en Inde, le réalisateur est tellement installé qu’il prévoit ses films à l’avance et annonce clairement son calendrier de sortie. Et pour 2017, c’est Baahubali 2 : La conclusion qui pointe le bout de son nez.

Il nous paraît indispensable de replacer un peu le contexte. Commençons par un conseil : avant de découvrir Baahubali 2 : La conclusion, il faut avoir vu le premier volet. La construction de cette suite, avec sa structure en forme de flashback qui se reconnecte à la toute fin du précédent film, impose en effet une maîtrise des événements. Baahubali, c’est une sorte de mélange d’éléments folkloriques et christiques, dans un enchaînement de situations plus over the top que ce que vous avez pu imaginer jusqu’ici. Le personnage principal, qui donne son nom au titre, a survécu à un véritable massacre, alors qu’il n’était encore qu’un bébé. Recueilli par la plèbe, l’enfant est élevé dans le respect, et bien vite, le bébé devient homme. Pas n’importe lequel : Baahubali est une sorte d’Hercule hindou. Quand il apprend que sa place est sur le trône, à la place d’un véritable tyran qui a réduit à l’esclavage la mère du héros, le sang de ce dernier ne fait qu’un tour. Armé de ses forces fantastiques, et de son charisme inébranlable, le surhomme se lance dans l’aventure, non sans avoir formé sa propre armée.

Plus sombre que le premier volet

image film baahubali 2

C’est en plein combat pour le trône que le précédent volet voyait sa fin intervenir, laissant le spectateur dans un cliffhanger qui ne pouvait que le laisser dans l’attente. Baahubali 2 : La conclusion avait donc un sacré défi à relever : ne pas décevoir un public tombé sous le charme et en demande d”un résultat au moins tout aussi probant. Afin de répondre à ces attentes, S. S. Rajamouli bénéficie du plus gros budget de l’histoire du cinéma indien : quelques 120 millions de dollars, une somme carrément colossale pour une œuvre qui s’étend sur une durée plus affirmée (167 minutes). En clair, le réalisateur est conscient des espoirs placés en lui et, afin de mettre toutes les chances de son côté, son nouveau film porte les habits d’un péplum au concept poussé à son paroxysme. Du moins, c’est ce qu’on pouvait espérer.

Baahubali 2 : La conclusion fait étalage d’une structure surprenante… et un peu déceptive. En effet, au lieu de rejoindre le récit exactement là où le cliffhanger nous avait laissé, on remonte le temps, et le scénario nous fait vivre les événements qui ont conduits le bébé Baahubali à être sauvé d’un assassinat pourtant promis. C’est donc le père qui est au centre de cette suite, qui retrace tout le cheminement qui aboutira en une convergence vers le tout début du précédent film. Une véritable prise de risque, surtout qu’aucun rappel des événements ne vient aider les spectateurs, faisant de ce diptyque une seule et même œuvre… séparée par une pause de quasiment deux années. Cela occasionne quelques baisses de rythme, ou même d’un raccord pas assez bien préparé avec l’action de Baahubali. On se remémore très vite les éléments cependant, et si la structure est effectivement abrupte, elle se dompte tout de même.

Un divertissement de haute volée

Malgré cette retenue, Baahubali 2 : La conclusion est un divertissement de haute volée. La tonalité de l’ensemble est bien plus sombre que dans le premier volet, et si les personnages archétypaux (et totalement assumés dans leur drôlerie : vous allez beaucoup rire) sont toujours au rendez-vous,les rebondissements sont davantage marqués par des ruptures de ton parfois osées. Tout cela est dû au cheminement du père Baahubali, lié à la désobéissance à la mère, ici décrite comme pire qu’une insubordination à Dieu lui-même. Tout le reste du film traitera de ce conflit quasiment œdipien, avec une relation entre le fils et la mère pour le moins fusionnelle. S. S. Rajamouli joue avec cet élément, notamment quand Baahubali père revient de guerre et va trouver le repos dans les bras… de sa mère. On pourra aussi voir dans le destin de ce personnage des composantes christiques, qu’on ne vous dévoilera pas, histoire de ne rien spoiler.

Baahubali 2 : La conclusion est un deuxième volet aussi jusqu’au-boutiste que le premier, mais qui s’accorde plus d’instants dramatiques et, globalement, on assiste à un peu plus de conflits de palais. Ce n’est pas pour autant que l’action est moins spectaculaire, bien au contraire. Éléphants devenus fous et calmés par le pouvoir incroyable de Baahubali (et aussi grâce à la force d’une sorte de curry, allez comprendre ! ), joutes romantiques fortement empruntes d’un romantisme forcené, envolée céleste d’un navire, et un dernier quart carrément rocambolesque et à l’inventivité vivifiante, ne sont là qu’une poignée d’exemples afin d’illustrer l’inventivité du film. L’humour est certes un peu moins présent (ça reste très, très drôle), mais on est tout de même transportés par cet univers fantastico-historique, une véritable fresque pleine de sentiments. Voilà le genre de divertissement qu’on aimerait voir plus souvent, prouvant au passage que le cinéma de Bollywood ne se résume pas aux drames romantiques.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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