[Critique] Howl : le lycanthrope retrouve des couleurs

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Paul Hyett
  • Avec : Ed Speleers, Holly Weston, Shauna Macdonald, Elliot Cowan, Amit Shah, Sam Gittins, Rosie Day
  • Distributeur : L'Atelier d'Images
  • Genre : Horreur
  • Pays : Royaume-Uni
  • Durée : 89 minutes
  • Date de sortie : 25 avril 2017 (en vidéo)
  • Note du critique : 6/10

Embarquez pour une bonne petite série B

Diffusé lors du Festival Fantastique de Gerardmer 2016, Howl fait partie de ces Direct-To-Video qui n’ont pas su convaincre, c’est le moins que l’on puisse écrire. Un peu plus d’un an après sa sortie dans les bacs déserts de Cultura ou de la Fnac (sérieusement, les rayons sont devenus d’un glauque…), le film figurait toujours dans notre pile des « à visionner ». Notamment parce qu’on aime à croire que la figure horrifique du loup-garou n’est pas morte avec les immondes Twilight, et nous réserve encore de bons moments malgré des codes inaltérables. L’œuvre, ici abordée, ne tente en aucun cas de révolutionner le sous-genre du film de lycanthrope, mais a au moins le mérite de relancer la machine.

Howl n’est pas réalisé par n’importe qui. Si vous appréciez l’horreur à l’anglaise, vous connaissez obligatoirement le travail de Paul Hyett… mais peut-être ignoriez-vous son nom. La raison est très simple : cet homme n’est pas un réalisateur à la base, mais un responsable des effets spéciaux, qui nous a livré l’un des monstres les plus mémorable de l’épouvante récente, les terrifiants Crawlers de The Descent. Un succès artistique qu’il n’a pas eu la joie de connaître, une fois arrivé derrière la caméra, avec le plutôt oubliable The Seasoning House. Dès lors, on n’était pas tout à fait rassuré au moment de lancer le visionnage. On va voir que nos craintes ont été partiellement rassurées… mais d’autres soucis apparaissent étrangement.

Une histoire qui va droit au but

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Une première partie sous forme de huis-clos convaincant.

On ne pourra pas reprocher à Howl de s’embourber dans une histoire abracadabrantesque. On fait de suite connaissance de Joe (Ed Speleers, vu dans Eragon), qui embrasse la carrière de contrôleur des trains. Voilà un métier très intéressant, trop rarement abordé par le cinéma, alors qu’il créé une tonne de situations dramatiquement intéressantes. On prend le chemin de fer donc, mais aux côtés d’une des représentations du pouvoir les moins respectées par le peuple bipolaires (on veut sauver les cheminots, mais on insulte les contrôleurs). Cela conditionne le reste du récit. Ed est un perdant magnifique, qui se prend des râteaux, qui ne peut qu’être témoin de l’imbécilité d’une adolescente insupportable, à qui l’on refuse une augmentation. On regrette, d’ailleurs, que le réalisateur ne s’attarde pas un peu plus sur cet élément de l’écriture du personnage. Mais, vous savez, quand un train est lancé, difficile de l’arrêter.

Patatras, l’engin est victime d’une grosse avarie ! Service privatisé oblige, les réparations ne seront pas assurées de manière très rapide. Et voilà que les quelques passagers sont enfermés dans ce train. D’ailleurs, c’est là l’un des éléments les plus regrettables du scénario de Howl. Il va falloir accepter que seules une poignée d’âme se trouvait dans ces wagons. Pas très convaincant, cependant on fait avec. Peu de femmes et d’hommes, mais c’est déjà assez pour que la première tension intervienne. Sous l’impulsion d’Adrian (Elliot Cowan, qu’on retrouve dans Muse), le mâle alpha du groupe, au grand dam d’un Joe impuissant, voilà que la bande sort de la rame. Vous l’avez deviné, dehors ce n’est pas vraiment Disneyland, et tout ce beau monde va s’en rendre compte à l’occasion d’une confrontation sous forme de fuite. Habilement, on ne voit pas le monstre dans cette séquence d’installation, et le réalisateur joue avec le point de vue subjectif. Grand bien lui en a pris.

Malheureusement, le final n’est pas à la hauteur

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Des maquillages parfois flippants, souvent ratés.

Après l’introduction des gigantesques vilains poilus, Howl engage une phase de huis-clos. Et elle est réussie. Le caractère exigu de l’endroit, son apparence inquiétante de par la profondeur de champ, même si on regrette que la ligne de fuite ne soit que peu mise à contribution, fonctionne plutôt bien. On ne parle pas de grand frisson, mais on ressent une sorte de menace constante, plus que de l’urgence par ailleurs. Seul vrai regret dans ces instants : le manque de punch qui se dégage des personnages. Mis à part Joe, les autres s’avèrent au mieux des clichés sur pattes, au pire un seul moyen d’obtenir un peu de sang à l’écran. Du coup, on a quand même un peu de mal à ressentir une frayeur pour le destin de certains, et ce même si les loups-garous du film font de sacrés dégâts. Précisons qu’on en fait pas face à l’œuvre la plus gore qui soit, mais quelques séquences savent faire gicler l’hémoglobine.

Bien moins engageant que ces quelques bons points, le rendu des bestioles de Howl pose un véritable problème. Impossible de trop vous les décrire, au-delà de la photo qui habille cet article, afin de laisser l’entièreté de la surprise, mais sachez qu’elles n’ont que peu de valeur ajoutée. La faute à un budget très humble, ça crève l’écran, et à une volonté de mettre en avant des maquillages pas toujours heureux. Preuve ultime : l’absence de transformation. On assiste bien à quelque chose de cet ordre, mais on est bien de loin de ce que les grands classiques du genre ont pu nous faire vivre. Aussi, le dernier acte s’avère bien moins percutant que tout ce qui se passe en première partie du film. Un final raté qui, pourtant, ne parvient pas à nous faire oublier les bons moments. Moyen donc, à tendance sympathique, et certainement pas la daube décrite avec trop d’empressement.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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