[Test] Shin Megami Tensei Strange Journey Redux : de bien cruels donjons

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Nintendo 3DS
  • Développeur : Atlus
  • Editeur : Atlus
  • Date de sortie : 18 mai 2018
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

L’occasion ou jamais de découvrir un bien bon Donjon-RPG

image news shin megami tensei strange journey redux

Ah, Shin Megami Tensei ! S’il y a bien une série de RPG japonais que votre dévoué serviteur aime suivre de très près, c’est bien celle-ci. Pourquoi donc ? Imaginez, vous êtes enfants, au tout début des années 1990. Vous dévorez tous les magazines de jeux vidéo que vos parents peuvent vous payer. Dans les colonnes des jeux d’import, la licence surnommée MegaTen s’y dévoile, et elle ne ressemble pas du tout aux innombrables softs de plateformes qu’on enchaîne, en ces temps fondateurs. Il aura fallu attendre 2003, et l’épisode Nocturne sur PlayStation 2, pour pouvoir découvrir la série en Europe (et avec une traduction des textes en français : la folie !). Depuis, et plus ou moins régulièrement, SMT nous parvient sous nos latitudes, en compagnie de son dérivé Persona. Et, aujourd’hui, c’est l’opus Strange Journey qui nous intéresse, à l’occasion de sa ressortie en mode Redux, sur Nintendo 3DS.

L’histoire de Shin Megami Tensei : Strange Journey Redux connaît quelques petits ajouts, par le biais d’un nouveau donjon, qu’on abordera plus bas. Mais les fondations du récit, à la fois sombres et écolos, demeurent le centre des intérêts. Pour faire simple, sachez que le scénario nous propulse dans un univers en fin de vie. Les conflits armés se multiplient, et l’air n’a jamais été autant vicié. Une situation désespérée, à laquelle s’ajoute l’apparition d’une mystérieuse et gigantesque zone noire, en plein Pôle Sud. Cette singularité porte un nom : Scharzwelt. Afin de combattre la menace, l’ONU envoie des soldats et scientifiques surdoués, venus du monde entier. Chacun porte une armure Demonica, la plus perfectionnée au monde. Seulement, rien ne va se passer comme prévu : les vaisseaux qui transportent tout ce bien beau monde vont connaître des avaries soudaines, pas très naturels, et s’écraser. Les rescapés, dont vous faîtes partie, vont devoir la jouer fine…

La sortie initiale de Shin Megami Tensei : Strange Journey remonte à 2009, sur Nintendo DS, et uniquement au Japon (un peu plus tard aux États-Unis, mais jamais en Europe). Ainsi, autant être clair : la narration de cette version Redux fait un peu datée. Les artwork sont fixes, les dialogues un peu longuets, même si, et heureusement, la traduction anglaise est d’une qualité optimale. Mais la manière de raconter l’histoire est-elle au centre de l’intérêt du joueur, lors de son expérience avec le jeu ? Non, pas vraiment. Beaucoup de sentiments passent avant tout par la situation, l’ambiance sinistre qui s’en dégage. Le charme opère bel et bien, surtout que le scénario se permet quelques petites piques à la société actuelle, et sa propension à pourrir toute nature qui l’entoure. Les origines diverses des personnages assurent, par ailleurs, des relations intéressantes à suivre. Alors certes, c’est uniquement disponible dans la langue de Shakespeare, mais ça vaut le coup de s’impliquer.

Un contenu qui atteint des sommets

image playstation 4 shin megami tensei strange journey redux

Replaçons le genre dans lequel s’inscrit ce Strange Journey Redux. On est en plein Donjon-RPG, style qu’on a largement évoqué dans les tests de Etrian Odyssey 5 et Demon Gaze 2. Vous allez devoir monter une équipe, direction des dédales à explorer de fond en comble, et des étages à découvrir. Pas de panique : aucun besoin de feuilles à petits carreaux ni d’un crayon de papier pour s’y retrouver. La mécanique de la cartographie est automatique, et elle est toujours aussi passionnante, soit écrit en passant. Il y a quelque chose de purement jouissif à dépasser ses précédentes pérégrinations, trouver des passages secrets. Une impression d’évoluer constante, qui complète très bien le besoin de perfectionner les statistiques des personnages. La particularité de la série est d’y ajouter des mécaniques qu’on pourra rapprocher de Pokémon. En effet, le joueur aura la possibilité (voire la nécessité, tant se passer de ces recours nous paraît impossible) de recruter des démons, sur le terrain, et ce jusqu’à 18. Un choix qu’il faudra bien peser : plus de 300 recrues vous ouvrent leurs bras menaçants. Il ne seront pas de trop pour se tirer des multiples pièges que le level design tortueux à souhait (parfois un peu trop) vous réserve. Pour vous défendre, il faudra attaquer, et ça se passera dans des phases de combat un peu classique, au tour par tour. Il manque clairement un soupçon de folie dans ces joutes, mais on les digère plutôt bien.

On se doit d’attirer votre attention sur les nouveautés que comporte Shin Megami Tensei : Strange Journey Redux. L’une des plus remarquées est l’apparition de différents niveaux de difficulté. Et quand on se rend compte de l’énormité du challenge, on ne peut que féliciter Atlus d’y avoir pensé. Le mode Normal nous paraît bien équilibré, mais n’hésitez pas à opter pour le Facile, en cours de route, il n’y a rien de honteux. Quant aux plus courageux, le Difficile saura les faire rager en beauté. Mais l’originalité la plus remarquable est, bien évidemment, le donjon Womb of Grief. Il apporte énormément, autant en terme ludique que scénaristique. L’opposition qu’il propose est parfois très tendue, on vous recommande de vous y frotter uniquement après avoir bien poncé le reste de l’énorme contenu (comptez bien plus de 100 heures de jeu, si vous voulez l’essorer), car la course poursuite avec Alex ne vous fera aucun cadeau. Aussi, des nouvelles fins font leur apparition, ce qui ajoutera encore un peu de piment à cette ressortie.

Autre modification attendue : les progrès techniques. S’ils ne sont pas de l’ordre de la révolution, ils sont pourtant bien présents. Le character design s’en trouve plus gâté qu’auparavant, même si les animations auraient gagné à s’avérer plus nombreuses. Reste que les artworks sont toujours aussi formidables. Par contre, on aurait apprécié une plus grosse refonte des décors. S’ils restent très marqués par l’ambiance du soft, il aurait peut-être fallu en accentuer les détails. Une retenue qui ne doit pas faire oublier que l’intérêt de Shin Megami Tensei : Strange Journey Redux est définitivement ailleurs, dans ses mécaniques de gameplay. Enfin, la musique, signée Shoji Meguro, est toujours aussi impressionnante. Elle vous donne autant envie de partir en exploration, qu’elle procure un sinistre frisson. Une réussite auditive qui s’accompagne de voix japonaises du plus bel effet, pour ne rien gâcher !

Note : 15/20

Shin Megami Tensei : Strange Journey Redux est une bien belle manière de découvrir cette itération, jusqu’ici totalement inédite en Europe. Avec ses ajouts de contenus, loin d’être anodins, le soft gagne encore en puissance, aussi bien du côté du gameplay que de celui du scénario. On regrettera une refonte technique un peu trop timide, pour les décors, et peut-être des combats qui manquent un peu de punch, mais ce n’est jamais disqualifiant. Et, fin du fin, sachez qu’Atlus vous bichonne, en proposant une version physique du titre. Du luxe, que tout amateur de productions japonaises se doit de posséder.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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