[Critique] Bohemian Rhapsody : Long Live Queen

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Bryan Singer
  • Avec : Rami Malek, Lucy Boynton, Joe Mazzello, Ben Hardy, Gwilym Lee, Aidan Gillen, Mike Myers...
  • Distributeur : 20th Century Fox France
  • Genre : Biopic, Drame
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 135 minutes
  • Date de sortie : 31 Octobre 2018
  • Note du critique : 7/10

We Will Rock You

Queen. A la seule évocation du nom du groupe, qu’on aime ou pas, on a irrémédiablement une chanson qui nous vient à l’esprit. Le phénomène qui a vendu plus de 300 millions d’albums dans le monde est un pan majeur musical des années 70/80 et 90. Alors un biopic sur celui-ci ne pouvait qu’être attendu au tournant. Et cela commençait assez mal… Bryan Singer (X-Men Apocalypse), qui délaissa les mutants pour réaliser Bohemian Rhapsody, fut viré durant le tournage, et remplacé par Dexter Fletcher (Eddie the Eagle) qui tourna le reste du film. Mais, après un énième retournement de situation, Singer fut rappelé pour faire toute la post-production du film. Au final, que vaut le biopic ?

Bohemian Rhapsody raconte donc l’histoire de Queen et de Farrokh « Freddie Mercury » Bulsara, de la formation du groupe en 1970 au Live Aid de 1985. Oui, le biopic parle autant du groupe que de son chanteur vedette, et c’était déjà là un pari risqué, car il fallait trouver un équilibre. Pari remporté. On passe autant de temps sur l’histoire de Queen que sur celle de Mercury. Parlons d’abord du groupe. Le scénario d’Anthony McCarten (Les Heures Sombres, Une Merveilleuse Histoire du Temps) nous fait découvrir comment la formation s’est créée, de leurs débuts difficiles jusqu’à la réussite. Le groupe est une famille dans laquelle chacun a son mot à dire et peut avoir une idée pour une chanson. Chacun peut expérimenter. Ils peuvent s’engueuler pour des raisons autres que la musique, mais quand il s’agit de composer et de jouer, on ressent l’alchimie entre chacun des membres. La volonté d’aller plus loin et de ne pas se répéter est l’un de leur moteurs essentiels. Et ça, le film le montre parfaitement grâce aux scènes dans lesquelles ils composent ou enregistrent.

Killer Queen

image rami malek boheian rhapsody

Comme nous le disions plus haut, le scénario s’intéresse évidemment à la légende Freddie Mercury et c’est très certainement dans cette partie que nous en apprenons le plus. Nous découvrons sa famille, venue du Zanzibar (actuelle Tanzanie), son intégration au groupe, mais surtout sa relation avec Mary Austin qui sera primordiale dans sa vie. Celle-ci est l’amour de sa vie, avec laquelle il était fiancé avant de se découvrir homosexuel. Quand sa relation avec elle est au beau fixe, tout va bien dans sa vie. Quand elle ne l’est plus, alors Freddie part dans tous les excès. Et c’est là aussi que nous faisons connaissance avec Paul Prenter (Allen Leech très bon). Compagnon de Mercury, son influence était négative au point d’avoir presque réussi à briser le groupe et la carrière du chanteur. D’ailleurs, les problèmes de drogues, la découverte de l’homosexualité, les excès et la découverte de la maladie du SIDA sont bien traités. Sans forcer le trait et sans pathos. Tout est juste. Enfin, à la base, Freddie Mercury est un personnage créé par Farrokh à travers lequel il peut s’exprimer et être celui qu’il veut. Tout l’arc du personnage est finalement de s’accepter et de devenir celui qu’il est réellement. La progression est lente, juste et maîtrisée de bout en bout. Et si le film se termine sur le Live Aid, c’est pour finir en beauté l’arc du personnage, mais aussi celui du groupe.

Quand on fait un film sur un groupe tel que Queen, on sait d’avance que les chansons auront leur importance. Outre le fait que nous découvrons comment certaines ont été composées, leur utilisation dans le film est étroitement liée, dans les paroles, à ce que vit Mercury mais aussi, évidement, à ce que vit le groupe. Les bons passages avec les bonnes paroles soulignent parfaitement l’esprit de Queen et de Freddie à ce moment précis de leur carrière ou de leur vie, tout en donnant le rythme du long-métrage. Là encore, c’est extrêmement bien exécuté. Et c’est là qu’intervient la chanson qui donne le titre du film : Bohemian Rhapsody. Outre le fait qu’elle a révolutionné la pop et le rock en son temps elle est également la seule à revenir plusieurs fois dans le long-métrage, et ce pour une très bonne raison. C’est celle qui représente le mieux le parcours de Farrokh en Freddie, et la culpabilité ayant découlé de ce changement d’identité, son nom de scène étant devenu très tôt son patronyme légal.

We are the Champions

image bryan singer bohemian rhapsody

Concernant la réalisation. Bryan Singer ayant été viré lors du tournage et remplacé par Dexter Fletcher, on sent clairement qu’il y a deux styles de réalisation dans le film. Est-ce un mal ? Pas forcément. Si vous connaissez le travail des deux réalisateurs, alors vous pourrez faire la différence. Mais, grâce à la photo Newton Thomas Sigel (directeur de la photographie de Singer depuis Usual Suspect) le style du long-métrage reste cohérent. On regrettera quand même que Singer n’ait pu achever sa vision, car ses scènes sont les meilleures en terme de mise en scène. Le final au Live Aid en est le parfait exemple. Le tout étant bien aidé par une très belle direction artistique, avec les décors de Aaron Haye et les costumes de Julian Day qui ont une très grosse importance dans cette reconstitution des époques 70 et 80. Le montage de John Ottman (lui aussi un fidèle de Singer depuis X-Men 2) s’avère fluide, laissant les chansons impulser le rythme au film. Il maîtrise parfaitement le passage entre les histoires du groupe et celle de Mercury. Un gros point fort du long-métrage qui fait passer les 2h15 extrêmement vite. Enfin, les effets spéciaux sont de bonne qualité, surtout lors de la reconstitution du Live Aid.

Côté acteurs, la prestation de Rami Malek ( la série Mr Robot) est des plus honorables. On sent clairement son implication dans le fait d’incarner une légende. Même si la ressemblance physique est loin d’être parfaite et qu’on sent que son jeu est différent lors des scènes dirigées par Singer ou Fletcher, il incarne bien les différentes facettes et la gestuelle du personnage. Lucy Boynton (Sing Street) est elle tout bonnement excellente. Même si son registre ne change pas durant toute la progression du film, sa prestation est solide et permet de nous investir dans l’histoire. Ils sont bien aidés par les interprétations solides de Joe Mazzello, Ben Hardy, Gwilym Lee qui incarnent respectivement John Deacon, Roger Taylor et Brian May. On notera surtout l’extraordinaire ressemblance de Lee en Brian May, au point de vraiment croire voir le guitariste de Queen sur grand écran. Enfin, le casting est complété par Aidan Gillen (Le Labyrinthe: Le Remède Mortel, Game of Thrones) et Mike Myers. Le premier, loin de ses rôles de méchants habituels, s’offre un nouveau registre de jeu — ce qui n’est pas plus mal — dans le rôle de John Reid, premier manager du groupe, tandis que le second est méconnaissable dans le rôle de Ray Foster, un dirigeant d’EMI.

Bohemian Rhapsody est donc un bon biopic dramatique musical qui vous fera découvrir en chansons l’histoire de ce groupe mythique et de son chanteur. Malgré quelques petits défauts, en partie dus au changement de réalisateur en cours de tournage, on ne s’ennuie pas et le plaisir est bien là. Une bonne occasion pour (re)découvrir le groupe, ou tout simplement passer un bon moment.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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