[Test] Song of Memories : imparfait mais mémorable

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
  • Développeur : Future Tech Lab
  • Editeur : PQube
  • Date de sortie : 1er février 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un Visual Novel à la tonalité changeante

image song of memories
Une partie de la bande, avant que les l’ambiance ne s’assombrisse…

On l’aura attendu, ce Song of Memories ! Annoncé voilà quelques temps par PQube, l’un des distributeurs qui sait gâter les amateurs de Visual Novel (on leur doit la découverte de Root LetterSteins;Gate 0) , le jeu ici abordé a pris son temps, entre retard, sortie tout d’abord sur PC, puis annulation sur Nintendo Switch. Mais on n’a pipé mot, car le jeu en valait la chandelle : le scénario nous promettait de la romance clairement fan service, de la waifu en bonne et due forme, ainsi que des phases de jeu de rythme. De quoi relever la sauce d’un genre qui, si nous l’apprécions, a tout de même tendance a un peu ronronner ces derniers temps. Alors, c’est du bon ?

Avant de répondre définitivement à cette question, il faut aborder l’histoire de Song of Memories. Vous vous en doutez, dans un Visual Novel, cette dernière est de première importance. Future Tech Lab le sait pertinemment, et s’attache à prendre le temps de l’installation de l’intrigue. C’est un choix qui, très clairement, ne plaira pas à tout le monde : le soft se veut divisé en deux parties, un peu déséquilibré en terme d’intérêt de par la teneur du scénario. Les premières heures sont consacrées à des tranches de vie. On suit le quotidien de notre acerbe avatar, et de toute une armada de jeunes filles issues de son quotidien. Soit la fac, pour être précis. On a la belle danseuse, la charmante amie malade, la fan timide, la sœur qui n’en est pas vraiment une, etc. C’est assez classique dans les archétypes, mais ça fonctionne bien, surtout que le jeu semble s’amuser de tout ça. L’humour est omniprésent, et l’on s’y attache malgré les inévitables longueurs.

Puis, tout doucement, le récit de Song of Memories bifurque. Alors qu’on commence à croire que le résultat sera fatalement déséquilibré, un virus fait son intervention. Ainsi qu’un smartphone qu’une magical girl n’aurait pas renié, puisqu’il permet l’intervention du groupe d’idole imaginaire Dream 4 You. L’intervention du fantastique, au sein de ce quotidien finalement assez lambda (du moins, pour ce genre de production), est plus fin que ce qu’on redoutait. Avec quelques touches, ici ou là, on perçoit le vent fétide du danger qui guette. Et on a droit à une première rencontre horrifique assez flippante, tant elle dénote avec le reste de l’univers. Tout à coup, la direction artistique se fait plus sombre, ainsi que l’horizon des protagonistes. Cela va même beaucoup plus loin, mais nous n’aborderons pas plus profondément cette partie, sous peine de dévoiler certains moments importants à savourer. La grande question, pertinente, concerne la fluidité de l’ensemble. L’écriture se révèle étonnamment bien structurée, ce qui empêche toute saveur trop forcée de ce quasi-twist de mi-parcours.

Grosse durée de vie, et un sous-titrage en français !

image gameplay song of memories
Des phases de jeu de rythme font office de combats.

Qui dit Visual Novel dit choix. Ce n’est jamais au niveau de ce qu’on peut voir dans Heavy Rain ou Beyond Two Souls, mais tout de même on constate des bifurcations, et les cheminements qui peuvent changer l’histoire du tout au tout. D’ailleurs,tout comme Detroit (mais avec beaucoup moins de malice, de lisibilité), on peut avoir accès à une sorte de timeline, sur laquelle se déploie l’ensemble de vos décisions. Pratique pour revenir sur l’un des dilemmes. Cela n’est pas anodin car, en seconde partie de jeu, Song Of Memories se concentre sur l’une de vos amies, devenue un peu plus proche. Et avec une réussite assez variée. Certaines gardent une certaine platitude, ne passionnent que très peu. D’autre, comme la mystérieuse Akira, donnent au récit un peu de souffle épique, et développent carrément le background de l’univers. Ainsi, il ne fait aucun doute que les jusqu’au-boutistes s’en donneront à cœur joie, et expérimenteront les différents segments possibles.

Un Visual Novel, c’est avant tout de la lecture. Beaucoup de lecture. Nous citions, plus haut, les jeux du studio Quantic Dream, mais la comparaison n’a pas lieu d’être : Song of Memories n’appartient pas au même genre. Pas d’avatar à contrôler, vous découvrirez son histoire sur le même modèle qu’un roman graphique, non sans quelques moments de gameplay un peu plus poussés. Quelques choix, parfois très, très limités en terme d’enjeux, ponctuent une journée passée avec votre bande. Surtout, les rencontres avec les monstres s’accompagnent de phases de combats… sous forme de jeu de rythme. Il faut opter pour l’une des idols de Dream 4 You, et un morceau (parmi les trente disponibles) se lance. Il faudra appuyer sur la bonne touche au bon moment, en visant le perfect. On regrette un petit manque de précision à ce propos, il n’est pas rare d’obtenir une autre note alors qu’on est persuadé de notre excellent timing. Mais cette manière de faire participer le joueur est plutôt la bienvenue.

Song of Memories est un Visual Novel très costaud. Il vous faudra une bonne quarantaine d’heures pour tout en voir, y compris les segments bonus, disponibles en-dehors de l’histoire principale. Une grosse durée de vie, et un enrobage très largement à la hauteur. La direction artistique épouse idéalement la courbe dramatique de l’intrigue, et les dessins en 2D restent du plus bel effet, tout du long. Aussi, on est satisfait par l’utilisation du moteur E-Mote, lequel a en charge d’animer les personnages, leur insuffler un peu de « vie ». Bien entendu, cela se traduit par des mouvements rebondissants, si vous voyez ce qu’on veut écrire. Mais pas que : les réactions aux dialogues s’avèrent crédibles, et cela apporte un véritable intérêt visuel. On n’est pas dans la feature m’as-tu-vu. Côté musiques, on peut féliciter Future Tech Lab pour la belle diversité des thèmes, même s’il est inévitable que certains se répètent un peu. Enfin, on se doit de signaler le très bon doublage original, sur l’entièreté des textes. Ces derniers étant traduits en français ! Si vous êtes du genre habitués aux Visual Novel, vous savez à quel point c’est rare (le dernier, c’était Danganronpa V3 : Killing Harmony). Certes, on note pas mal de coquilles, et des symboles ne s’affichent pas. Mais cela changera tout de même la donne pour les non-anglophones. L’occasion ou jamais de se frotter à ce genre si particulier !

Note : 14/20

Song of Memories est bien plus intéressant que ce que ses premières heures, très fan service (bon, votre humble serviteur assume adorer ça..), peuvent laisser croire. Avec son changement de tonalité bien emmené, introduit par des événements troublants, on bascule de la tranche de vie à la fin du monde, provoquée par un virus et la présence de  démons. Si vous aimez lire, en français. Si vous appréciez les chara-designs un peu classiques mais très efficaces. Si quelques interventions de mécaniques de jeu de rythme ne vous font pas peur. Et si vous avez du temps devant vous. Alors, vous pouvez tenter le coup sans trop de risques : voilà un Visual Novel digne d’intérêt.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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