article coup de coeur

[Test] GreedFall : un RPG occidental classique et agréable

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
  • Développeur : Spiders
  • Editeur : Focus Home Interactive
  • Date de sortie : 10 septembre 2020
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Spiders accouche d’un RPG plus solide qu’espéré

image gameplay greedfall
Greedfall s’organise en grandes zones.

La sortie de GreedFall est aussi l’occasion de souligner à quel point Focus Home Interactive est précieux, non seulement dans le paysage vidéoludique français mais aussi mondial. Alors que tous les joueurs passionnés, dont nous sommes, ne cessent de se plaindre du manque d’originalité de la part des studios de développement, d’une véritable frilosité quand vient l’heure d’imaginer une toute nouvelle licence, l’éditeur appuie ce genre d’initiative. En quelques mois, on aura découvert Call of Cthulhu, Vampyr, ou encore l’excellent A Plague Tale : Innocence, soit des titres risqués, pas toujours parfaits mais vivifiants. Avec le jeu ici testé, c’est le studio Spiders qui tente sa chance, alors que l’entité continuera ses aventures du côté de Bigben Interactive. Des adieux accompagnés d’un résultat plus convaincant qu’espéré.

Après s’être longtemps essayé au genre de l’aventure, notamment avec deux épisodes de la saga Sherlock Holmes, Spiders est en plein dans un tournant, emprunte dorénavant la route du RPG occidental. Avec The Technomancer, on percevait les prémices de cette mutation dans les mécaniques et l’univers, malheureusement le jeu était trop limité dans son contenu. GreedFall transforme l’essai, va bien plus loin que cette mise en jambe. Ici, terminé la science fiction et bonjour la fantasy à forte tendance historique. Nous sommes propulsés dans la peau de De Sardet, nouveau légat de la Congrégation des Marchands sur une île mystérieuse et récemment découverte : Teer Fradae. Aussi, notre avatar, masculin ou féminin selon votre choix, est le cousin de Constantin D’Orsay, le désormais Gouverneur de l’endroit. Il va falloir user de diplomatie afin de désamorcer bien des situations tendues entre les six factions en place (les Marchands, les Natifs les Nautes, Thélème, la Garde du Denier, l’Alliance du Pont), mais aussi enquêter sur un mal qui pourrait bien décimer toute la population : la Malichor, dont les effets mortels semblent irrémédiables. Le scénario fait place nette aux enjeux politiques, qui sont au centre de l’expérience. Cependant, si vous avez peur de devoir obligatoirement parlementer, sachez que le récit peut être vécu différemment si vous décidez de combattre plus durement. C’est l’une des belles réussites de ce soft : on le vit selon nos tendances.

Après une introduction sur la terre ferme, assez maline car on y apprend les bases de quelques mécaniques avec un vrai sentiment de progression, GreedFall nous envoie vers l’immense Teer Fradae. Ici, on se frotte à un choix judicieux : la construction du monde en zones, et non de manière ouverte. Oui, cela ne sonne pas très ambitieux, mais le studio Spiders n’est pas Rockstar, et d’après nous il vaut mieux être conscient des limites à la fois humaines et de budget. Du coup, on rejoint les villes et autres lieux naturels par ellipse, avec un saut obligatoire vers un camp avec marchand ambulant. Tout cela permet à la fois de ne pas se fader une carte certes immense mais vide de substance, ou lourde d’activités parfois sans grand intérêt. Spiders est à féliciter pour cette décision de ne pas tenter l’open world, une telle humilité face à son propre concept est quelque chose de rare. Dans les différentes zones, on trouvera une multitude de points d’intérêt, à rejoindre grâce à la boussole affichée sur l’ATH (affichage tête haute). Si vous trouvez que c’est trop vous faciliter la vie, vous pouvez virer ces aides dans le menu des options. Ainsi, vous pourrez d’autant mieux vous rendre compte du travail sur le level design, classique mais efficace, deux adjectifs qualificatifs qui siéent bien à ce titre. L’entièreté des cartes n’est pas entièrement praticable, certains coins ne pourront être découverts que si vous maitrisez l’attribut adéquat. Cela ajoute un peu de diversité à l’exploration, laquelle se fait de plus en plus agréable au cours de l’expérience.

Grosse emphase sur la diplomatie

image test greedfall
On rencontre parfois des ennemis plus résistants que la normale.

Des attributs, mais aussi des compétences et des talents. GreedFall est un RPG, donc il est vital de recevoir de l’expérience. Celle-ci vous est adressée quand des ennemis sont terrassés, ou au dénouement d’une quête, qu’elle soit principale ou secondaire. On peut aussi compter sur les contrats, à récupérer au tableau adéquat, vous demandant par exemple de tuer tel nombre de nuisibles. Là encore, ce n’est pas l’originalité qui étouffe le jeu, par contre force est de constater que la recette est fonctionnelle. C’est sans doute autant grâce à la très bonne ergonomie des menus, touts intuitifs, mais aussi à l’effet directement observé en cours de jeu. Crocheter un coffre, porter des armes ou des armures de plus en plus impressionnantes, admirer son sens de la diplomatie lorsqu’elle fait fureur, tout cela gratifie le joueur, le pousse aussi à penser son évolution. Un résultat qui se savoure dans les combats (comme on le verra plus bas), l’exploration, mais aussi les dialogues. Enfin, la diplomatie est clairement au centre de tout. Par exemple, si vous approchez du palais d’un conquistador sans pitié, attendez-vous à ce que votre alliée autochtone fasse preuve de colère pendant votre entrevue. Et ce pas sans que la native ne vous ait prévenu, donc c’est à vous de rester attentifs à l’état d’esprit de chacun. Dès lors, il sera plus judicieux de rééquilibrer l’équipe, laquelle peut comporter jusqu’à trois personnages, les autres vous attendront au campement ou au sein de vos différentes bâtisses dédiées.

Si les relations, et les solutions pacifiques sont encouragées, n’allez pas croire que GreedFall n’embarque pas un système de combat bien rodé. C’était déjà le point fort de The Technomancer : les joutes font partie des qualités du titre. Ils se déroulent en temps réels, même si une pause tactique est possible, en pressant R1. C’est, d’ailleurs, une très bonne idée : cela laisse le temps de bien étudier  l’ennemi, mais aussi d’opter pour une action (boire une potion, par exemple). Les attaques se font, là encore, classiques : un coup rapide mais léger, plus lent mais déstabilisant, une spéciale qui se recharge au fil des coups. On pourra aussi attaquer à distance, grâce à un flingue à la fois utile et assez impressionnant à l’utilisation : Spiders a bien rendu le recul. La magie répond présente, avec une jauge qui lui est consacrée. Enfin, esquive et une parade sont possibles, le tout en n’oubliant pas de locker l’adversaire. Là où le soft se fait plus original, c’est dans le gestion de l’armure des opposants. Ceux-ci, qu’ils soient animaux ou humains, sont parfois recouverts de boucliers, informés sur la barre de vie. Pour les briser, il faudra utiliser le marteau. Et, une fois la tâche accomplie, les dégâts s’en trouvent multipliés. C’est un incontournable des batailles, notamment contre les boss, ou les surpuissants gardiens que vous ne manquerez pas de découvrir tout au long de votre cheminement.

Récolte, alchimie, atelier de modification, recherche de tous les points d’intérêt, contrats, quêtes annexes, quêtes principale : la durée de vie de GreedFall est, comme pour tout RPG, fluctuante selon votre degré d’implication. Selon nous, le terminer en moins de quarante heure signifie l’avoir rushé comme un cochon. Il vous faudra au moins atteindre ce chiffre pour avoir pleinement profité de l’expérience, tandis que les jusqu’au-boutistes, qui poncent jusqu’à avoir tout vu, pourront viser les quatre-vingts heures. Côté technique, là encore on est sur de la bonne surprise, même si quelques regrets sont à émettre. Oui, on a croisé pas mal de bugs, notamment d’affichage avec des textures qui se sont fait la malle, des PNJ qui se bloquent sur place, ou encore des collisions inexistantes avec les ennemis vaincus. Pas de quoi hurler à l’ignominie, mais on remarque tout cela quand même. La direction artistique, de facture aussi détaillée que soignée, rattrape tout ça. Par contre, il faudra digérer la luminosité, très jaune, ce qui pourra surprendre dans les premières heures : ce n’est pas habituel. Enfin, l’aspect sonore se révèle de haut niveau. C’est le très actif Olivier Derivière qui signe la bande originale, et voilà encore une occasion d’en souligner les grandes qualités. Le compositeur a fait appel à l’orchestre national d’Ile-De-France, et rend des travaux très marqués par la confrontation des natifs avec les colons. En résulte des couleurs à la fois tribales et plus européennes, dans différents thèmes grandioses mais parfois traités avec un peu trop de recul dans le mixage. Quant au doublage en anglais, il est tellement dans le ton que l’on ne peut formuler aucun reproche. Sachez, enfin, que le jeu est entièrement sous-titré en français.

Note : 15/20

GreedFall est exactement ce qu’on attend d’un RPG occidental, dans la catégorie des outsiders. Spiders doit composer avec des moyens, humains et financiers, moins élevés que ceux des mastodontes. La réussite passe alors par la force des choix et, en optant pour une construction en zones, le studio s’est facilité la vie, et la notre par la même occasion. Cela, ajouté à l’emphase sur la diplomatie, le scénario prenant, le système de combat percutant, une direction artistique de haut niveau et la bande originale géniale, accouche d’un soft certes imparfait mais éminemment sympathique.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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