[Critique] The Power : Une expérience en demi-teinte

Caractéristiques

  • Titre : The Power
  • Réalisateur(s) : Corinna Faith
  • Scénariste(s) : Corinna Faith
  • Avec : Rose Williams, Emma Rigby, Charlie Carrick, Paul Anthony-Barber et Clara Read.
  • Distributeur : Alba Films
  • Genre : Epouvante-horreur, Fantastique
  • Pays : Britannique
  • Durée : 92 minutes
  • Date de sortie : 16 février 2022
  • Note du critique : 5/10

Terreur à l’hôpital

Londres 1974. Tandis que le Royaume-Uni s’apprête à subir d’importantes coupures d’électricité, val, une infirmière débutante va devoir passer la nuit à veiller sur les quelques patients qui n’ont pas pu être évacuer. Presque seule, elle va être confrontée à une force obscure qui va la contraindre à faire face à ses peurs les plus profondes.

La réalisatrice Corinna Faith semble avec The Power ambitionner de mener une lutte sur deux fronts. D’abord remplir le cahier des charges du film d’horreur par une ambiance lugubre et une réalisation soignée, ensuite illustrer la nature de son titre par un discours résolument féministe. Si certains éléments de The Power vont s’avérer réussis d’autres vont en revanche pâtir d’un scénario trop bancal et convenu pour pleinement convaincre.

Mystères dans le noir

image rose williams the power

Adoptant le point de vue unique de la jeune Valérie dont le caractère sensible et réservée va vite révéler les failures, comme par exemple une peur panique du noir manifestement dut à un traumatisme dont on devine vite la nature en raison d’un sous-texte omniprésent. Ce dernier s’impose d’ailleurs dès le titre du métrage car si The Power peut faire allusion à l’énergie qui fait cruellement défaut à l’héroïne pour s’éclairer, il fait également référence au pouvoir qu’exerce certaines personnes (les hommes donc) sur des figures innocentes (les femmes) en abusant de l’autorité que la société leur confère. Le mouvement “MeToo” est bien passé par là

Loin de nous cependant de minimiser des actes odieux et hautement répréhensibles mais la réalisatrice Corinna Faith semble tellement désireuse de privilégier sa symbolique qu’elle en oublie souvent de traiter les racines intimes de la souffrance, ce qui aurait sans doute été plus subtil qu’un message du genre, “chaque homme rencontré est un violeur ou un peloteur potentiel”. La conséquence influe autant sur les scènes horrifiques, elles-mêmes dotées d’allusions parfois brouillonnes qu’on ne comprend finalement pas, et dont l’intensité ne cesse de diminuer au fur et à mesure que le métrage avance (un comble !) que sur la charge accusatrice dont la lourdeur pachydermique et le manichéisme caricatural finissent par lasser.  C’est d’autant plus dommage que la composition de Rose Williams est excellente et son personnage, tour à tour victime ou bourreau, interpelle. Finalement, on s’aperçoit rapidement que malgré un bel écrin l’histoire va s’enliser et proposer une intrigue conventionnelle.

Une réalisation relevant le niveau

image corrinna faith the power

Si scénaristiquement le classicisme de The Power s’avère un défaut il n’en va pas de même pour sa mise en scène qui bien que 80% du film se déroule dans le noir est efficace. Les plans et les ombres sont maîtrisés à la perfection car alternant entre les cadrages serrés lorsqu’on suit l’héroïne seule dans l’obscurité avant de passer en plan large lorsqu’on considère à tort ou à raison que la menace s’est éloignée. Une menace invisible la plupart du temps mais dont la présence se ressent à chaque instant grâce à un décor fort bien utilisé où les ombres glissent constamment sur les murs donnant un sentiment d’insécurité permanent.

La trame sonore, composée par le groupe Gazelle Twins, est quant à elle est utilisée avec parcimonie (les moments de silence dans le film possède d’ailleurs une véritable utilité calculée) et contribue à enrichir l’ambiance à l’inverse de l’utilisation abusive des sempiternels jump-scares. Une facilité sonore récurrente du cinéma d’horreur en particulier depuis The Conjuring dont l’utilisation dans The Power est regrettable car apporte une ombre à un ensemble de qualités techniques qui frôlait le sans faute.

De bonnes idées, mais inabouti

image emma rigby the power

Finalement le début du métrage promettait beaucoup et l’on ne peut être que déçu du résultat. Non que The Power soit un mauvais film mais l’horreur annoncée s’englue progressivement dans un discours féministe qui à force de maladresses finit par se vider de sa substance et le reste du film avec. Reste la composition “habitée” de la jeune Rose Williams et une réalisation puissante qui tire bien parti de son lieu ainsi que de son contexte pour instaurer une ambiance. Un film moyen qui aurait pu prétendre à plus.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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