[Critique] Everything Everywhere All At Once : L’anti-Disney pour les Nuls

Caractéristiques

  • Titre : Everything Everywhere All At Once
  • Réalisateur(s) : Dan Kwan & Daniel Scheinert
  • Scénariste(s) : Dan Kwan & Daniel Scheinert
  • Avec : Michelle Yeoh, Ke Huy Quan, Jamie Lee Curtis, James Hong, Stephanie Hsu...
  • Distributeur : Pathé Live
  • Genre : Science-fiction, Action, Comédie
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 2h19
  • Date de sortie : 31 août 2022
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 4/10

Everything for nothing

Everything Everywhere All At Once était, d’après les rumeurs, le film de l’été censé nous offrir une bouffée d’oxygène vis-à-vis des productions ternes de Marvel et consorts. Néanmoins et malgré toute notre envie d’y croire et de soutenir le métrage, force est de reconnaître au final que l’objectif n’est pas rempli.

Ce qui est néanmoins très intéressant à analyser, ce sont les raisons qui nous poussent à ce sentiment, car le métrage semblait bien parti sur le papier. Un script simple d’apparence mais bien plus profond qu’il n’en a l’air, des acteurs certes peu bankables mais solides et des idées de réalisations originales à foison… Bref, que du bon et ce n’était certes pas la presse d’abord américaine puis internationale qui allait contredire cela.

C’est d’ailleurs bien cela qui aurait dû d’emblée nous mettre la puce à l’oreille : cette volonté presque immédiate de promouvoir un métrage avec une communication très supérieure aux standards habituels pour ce genre de budget, voire même mensongère quand ils font mention d’un grand succès public. Ce qui s’avère relatif car, avec un budget de 25 millions et des recettes actuelles de 100 millions, on ne parle pas d’échec mais, au vu du coût de promotion et du battage médiatique, nous sommes loin d’un succès mémorable que d’autres métrages plus discrets ont largement obtenu.

La vérité est que, contrairement aux apparences, Everything Everywhere All At Once n’est pas le contraire d’un film Disney, mais l’autre facette d’un cinéma qui tourne de plus en plus en rond.

Everywhere or nowhere

casting du film everything everywhere all at once
Copyright Leonine

Un des points les plus délicats du métrage se trouve être comme souvent le scénario.

Evelyn Wang est une femme sino-américaine qui tient une laverie automatique à Los Angeles avec son mari Waymond et le moins qu’on puisse dire, c’est que sa vie n’est pas rose.

Accablée par les dettes, un mariage qui bat de l’aile, un père malade mais traditionnaliste et autoritaire, ainsi qu’une fille Joy qui vit en couple avec une autre femme, Evelyn est au bout du rouleau.

C’est là qu’elle va rencontrer Alpha-Waymond, une version alternative de son mari, qui va lui révéler l’existence d’un multivers menacé par une entité maléfique qu’elle est la seule à pouvoir combattre.

Partant de ce postulat inspiré autant de Matrix que des productions Marvel, le scénario va enchaîner des idées plus barrées les unes que les autres qui constituent sans nul doute l’un des points forts du métrage, mais qui va également mettre en lumière ses défauts car la richesse narrative va vite se heurter à un mauvais goût assumé et une impression de fourre-tout.

C’est simple : à peu près tout y passe, que ce soit les combats au ralenti, les gags en-dessous de la ceinture, la morale guimauve, la dramaturgie progressiste, à tel point qu’on se demande à un certain moment si, à force de tout vouloir nous raconter, Everything Zverywhere All at Once ne finit pas par ne plus rien raconter du tout.

Soutenu néanmoins avec jovialité par une Michelle Yeoh (Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux) qui accapare littéralement l’écran et l’ancien enfant-star Ke Huy Quan (Indiana Jones et le temple maudit, Les Goonies), sans parler d’une Jamie Lee-Curtis (Halloween Kills) prenant un plaisir évident à massacrer son image de sex-symbol, on sent que le tournage s’est passé dans la joie et la bonne humeur.

Cependant, la caractérisation s’avère pesante. Alors que le multivers aurait dû nous permettre d’entrevoir différentes facettes bonnes ou mauvaises des personnages, ces derniers demeurent peu ou prou les mêmes, avec juste leurs choix de vies qui diffèrent. Une erreur d’autant plus pénible que la durée du métrage est outrageusement trop longue par rapport aux concepts qu’il développe.

All at once is too much

michelle yeoh et li jihn dans le film everything everywhere all at once
Copyright Leonine

Et finalement, on s’aperçoit qu’Everything Everywhere All At Once nous raconte la même histoire qu’un Marvel, nous dispense la même morale, nous sert les mêmes personnages, avec seulement l’emballage qui change.

L’héroïne n’est pas un Dieu Nordique bodybuildé mais une femme à l’orée de la soixantaine, le récit ne se concentre pas sur l’avenir du multivers mais sur les doutes d’une personne, l’antagoniste n’est pas un robot ou un démon antédiluvien mais un proche dont l’esprit s’est égaré. C’est bien beau tout ça, mais au final ça raconte la même chose en l’étirant sur 2H20 et en nous obligeant à regarder notre montre en se demandant quand la conclusion prévisible dès la première heure de film va finalement arriver.

La plupart des critiques ne pouvaient qu’adorer ce métrage car il est dépouillé des oripeaux qui les dérangent encore, tout en promouvant leurs philosophies pseudo métas et progressistes. Problème, malgré ses bonnes idées, le film en devient souvent chiant, son humour aussi ras des pâquerettes qu’un sketch de Bigard (et encore, il les raconte mieux) et la bonne humeur du casting ne peuvent masquer le fait que les problèmes du monde ne se règlent pas à coup de bons sentiments.

A un certain moment du film, le “méchant” montre qu’il est parvenu à synthétiser le multivers en forme de donuts (!). C’est un peu ce que chaque personne finirait par ressentir devant Everything Everywhere All At Once. Certains gourmands chercheraient à en manger autant que possible tandis que d’autres renonceraient d’emblée face à l’ampleur de la tâche, mais tous finirait par en arriver à la même conclusion : c’est trop et ça finit par en devenir écœurant. Un peu comme se tortiller pour la dixième fois le scénario copié collé d’un film Disney.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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