[Critique] The Nocebo Effect : Effet Nocebo a contrario

Caractéristiques

  • Titre : The Nocebo Effect
  • Réalisateur(s) : Lorcan Finnegan
  • Scénariste(s) : Garret Shanley
  • Avec : Eva Green, Mark Strong, Chai Fonacier, Billie Gadsdon, Cathy Belton, Anthony Falcon, Sariah Reyes-Themistocleous...
  • Distributeur : The Jokers
  • Genre : Thriller, Fantastique
  • Pays : Irlande
  • Durée : 1h36
  • Date de sortie : 8 mars 2023 (en BR, DVD et VOD)
  • Note du critique : 4/10

Une étude en Green

Après un premier film en 2019, Vivarium avec Jesse Eisenberg et Imogen Poots, qui avait beaucoup plu à la critique de l’époque, le réalisateur et scénariste Lorcan Finnegan fait son retour avec The Nocebo Effect dans lequel Eva Green succombe à une mystérieuse maladie. À l’image de Vivarium qui commençait très bien, avec un pitch digne de La 4e dimension (The Twilight Zone), mais qui finissait par étirer inutilement son intrigue et engranger un nombre de carences scénaristiques qui finissait par devenir lassante, voire à tourner en rond, c’est un peu le même destin qui attend The Nocebo Effect avec son titre qui spoile déjà un peu la suite.

À l’inverse de son prédécesseur, l’ambiance prend pour cadre un lieu plus familier, une grande demeure vaste et lugubre où vit une famille d’apparence banale. Mais très vite, le film nous entraîne dans le mystère par le biais d’une scène angoissante qui relève tant de la fantasmagorie que de l’horreur visuelle. Un chien couvert de tiques, dont l’une va piquer l’héroïne (Eva Green donc, dans le rôle d’une créatrice de mode) et va l’affecter par la suite tant physiquement que mentalement. Après une rapide ellipse, nous nous retrouvons quelques mois plus tard pour assister à l’arrivée d’une nouvelle employée de maison qui va s’avérer aussi mystérieuse que flippante, mais qui semble posséder des dons de guérisseuse pouvant soulager sa nouvelle patronne.


Bref, nous sommes un peu dans le mythe de Faust, où l’étrange nounou semble tenir le rôle du personnage malfaisant prêt à corrompre la famille innocente. Néanmoins, tout n’est qu’apparence mais, pour avoir le fin mot de l’histoire, il va falloir se coltiner près de 60 minutes de métrage durant lesquelles il ne se passe pas grand-chose.

eva green et chai fonacier dans the nocebo effect

Flashback à gogo

Déjà, dans Vivarium, on pouvait reprocher au scénario de Garret Shanley (à nouveau à l’œuvre ici) d’étirer inutilement son discours, au point de le rendre trop lourd pour un long métrage (un format de 20-25 minutes comme à l’époque de la véritable 4e dimension aurait été plus judicieux). Ici, même problème : en balançant toutes ses cartes d’entrée de jeu et en plantant son décor rapidement, il semble ne plus savoir quoi faire de son intrigue et nous mène avec une lenteur pachydermique vers une conclusion malheureusement très attendue et ponctuée de plusieurs flash-backs trop explicatifs.

Du côté des interprétations, Eva Green fait beaucoup d’efforts pour faire exister son personnage mais, malheureusement, ne peut pas empêcher le scénario de tomber dans tous les clichés du genre. Entre les hallucinations, les crises d’hystérie ou les malaises en public, on voit clairement où le film veut nous emmener… Autour d’elle, le reste du casting s’avère plus anecdotique malgré une interprétation correcte de Mark Strong dans le rôle du mari mais qui, lui aussi, est prisonnier des clichés des films d’horreur actuels dans lesquels il faut avoir la réactivité d’une moule pour surtout ne pas résoudre l’intrigue trop tôt. Quant à la nounou, elle cultive beaucoup trop les regards en coin avec un ressentiment et une colère à peine dissimulés pour réellement créer la moindre surprise dans l’évolution de son personnage. De bons acteurs et actrices donc, mais au service de personnages qui, eux, ne sont que des clichés sur pattes.

eva green dans une usine textile dans the nocebo effect

Nocebo ou Placebo ?

Ajoutons à cela un dernier quart d’heure de film qui, comme dans toutes ses productions prenant un peu le spectateur pour une andouille, se sent obligé d’enfoncer le clou par un ultime (et long) flashback pour nous raconter ce qui se passe, comme si la lourdeur narrative ne nous avait pas déjà donné toutes les clés et toutes les solutions pour comprendre les enjeux.

Reste un très beau générique mis en perspective grâce à la musique de José Buencamino, ainsi qu’une ambiance malsaine parfois réussie, le tout porté par un casting qui semble vouloir y croire. C’est hélas trop peu pour rattraper un gros problème de rythme et un manque d’émotion qui plombent l’empathie qu’on devrait ressentir pour les personnages. Médicalement parlant, on dira que le patient n’a pas survécu au traitement.

L'avis de Cécile Desbrun : 2,5/5

Court et globalement prenant, The Nocebo Effect ne brille pas par son originalité, ni par le développement de ses personnages et de ses thématiques, bien trop schématique et anecdotique. Il se démarque en revanche par une ambiance prenante et des interprétations convaincantes d’acteurs visiblement investis, à commencer par Eva Green, qui retranscrit avec intensité tous les états par lesquels passe son personnage.

On voit venir de loin dans les grandes lignes le pourquoi du comment… ce qui n’est pas forcément gênant étant donné que le film donne volontairement beaucoup d’indices bien en amont de la conclusion. La question devient alors de savoir comment tout cela va se terminer… Or, le face à face entre la créatrice de mode et la nounou ne réserve aucune surprise dans l’évolution (inexistante) du rapport de pouvoir entre les deux personnages et le film ne parvient pas vraiment à livrer une conclusion satisfaisante, la tentative onirique se soldant par un rendu assez fouillis.

Reste un exercice de style que l’on pourra trouver agréable pour son atmosphère si on prend The Nocebo Effect comme l’équivalent cinématographique d’un roman de gare, c’est-à-dire comme un film à suspense prévisible mais suffisamment bien réalisé et interprété pour maintenir notre attention… même si on l’oubliera assez rapidement en raison d’une histoire qui souffrira difficilement une seconde vision.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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