Les Revenants de Fabrice Gobert : critique pilote

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Dès les premières minutes, il faut oublier le film de Robin Campillo. On retrouve certes le mystère, une certaine pesanteur dans l’atmosphère, l’austérité des dialogues et
évidemment la thématique – des morts reviennent littéralement chez eux sans crier gare – mais la série se distingue nettement de l’oeuvre de 2006 par son esthétique léchée très convaincante,
quoique par moments un peu tape-à-l’oeil. Dans l’ensemble, le ton est bien plus familial, grand public et, comme il est de rigueur pour une série fantastique, les épisodes suivants lorgnent
régulièrement du côté de Twin Peaks, que ce soit au niveau des paysages, des flash-backs ou de l’enquête policière qui se développera dans les épisodes suvants.

Tandis que le film se concentrait principalement sur une histoire de couple, l’événement fondateur de la série est un accident de bus scolaire auquel on assiste dès le pré-générique au travers
des yeux d’une pré-ado, Camille, qui s’en sort apparemment indemne et, en état de choc, fait un long chemin pour rentrer chez elle. On comprendra par la suite qu’elle et la trentaine d’enfants à
bord ont péri dans l’accident et qu’il s’est écoulé plusieurs années entre le retour des défunts et ce tragique événement.

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A partir de là, le pilote esquisse plusieurs fils narratifs parallèles avec un certain brio qui laisse promettre de beaux moments… à l’exception d’un élément non négligeable – mais
malheureusement fréquent dans les productions françaises : une grosse platitude et un certain manque de naturel dans une bonne partie des dialogues, plus particulièrement dans la 1ère moitié de
l’épisode. Certes, le sujet n’est pas drôle, les personnages se doivent de tirer la tronche, mais un certain nombre des répliques sonnent creux et limitent la crédibilité de certaines scènes
(celle du groupe de parole et du retour de Camille en particulier). Cette particularité tend à s’amenuiser au fil des scènes mais reviendra de temps à autres les épisodes suivants. Au final,
l’atmosphère, la réalisation et le jeu global des acteurs l’emportent sur ces réserves qui rendent certains passages artificiels.

Là où la série promet d’être la plus intéressante, c’est grâce au gouffre temporel qui sépare les revenants des survivants, prétexte narratif permettant de développer les personnages et de jouer
sur une lecture à plusieurs niveaux. Lorsque Camille se retrouve pour la première fois face à sa soeur jumelle, Lena (16-17 ans), c’est une métaphore sur le passage du temps et de la puberté à
l’adolescence qui se créé, la “jeune” renvoyant celle qui est à présent devenue son aînée à celle qu’elle était, comme un miroir tendu.

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Le pilote esquisse la réaction en chaîne que promet ce retour inattendu des défunts, tout en gardant le mystère sur ce qu’il est advenu des vivants durant ce laps de temps. Lors des épisodes
suivants (j’en suis au 3e épisode), on en apprend plus sur défunts et survivants au travers de flash-backs. La qualité de l’ensemble est maintenue, malgré des scènes de police particulièrement
mauvaises et peu crédibles. Cette histoire autour d’un mystérieux serial-killer qui a sévi 7 ans auparavant et revient semblant appelée à servir de fil rouge, il ne reste plus qu’à espérer que le
reste de cette intrigue sera développée de manière plus convaincante et engagée, moins artificielle.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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