[Test – Playstation 4] Beyond Two Souls : un jeu qui a de l’esprit

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Playstation 3
  • Développeur : Quantic Dream
  • Editeur : Sony Interactive Entertainement
  • Date de sortie : 1er mars 2016
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Introduction

Alors que Detroit, le prochain jeu signé Quantic Dream, a éveillé les passions lors de sa présentation voilà quelques mois, le studio de développement dirigé par David Cage s’est lancé dans une remasterisation de ses deux précédents softs. Nous l’avons vu, l’effort consenti sur Heavy Rain fut payant, apportant une vraie différence côté technique. Nous savions, étant donné la claque visuelle que le jeu fut lors de sa sortie sur Playstation 3, que le travail sur Beyond : Two Souls serait sans doute moins visible pour le joueur. Encore fallait-il le vérifier sur pièce et surtout se lancer pour une véritable découverte : votre humble serviteur ayant lamentablement loupé le jeu sur la précédente génération.

Histoire : 5/5

image playstation 4 beyond two souls

Tout comme pour Heavy Rain, difficile d’aborder le scénario de Beyond : Two Souls sans spoiler quoi que ce soit. Cependant, nous pouvons sans peine aborder la coquille sans en dévoiler le contenu. Si l’univers est peut-être un chouïa moins intéressant que dans le précédent soft de Quantic Dream, on peut dire que les plumes du studio ont fait des progrès dans la gestion des personnages et des différents temps forts. Mais le plus intéressant reste la structure, beaucoup plus maîtrisée que ce qu’a pu nous livrer les développeurs jusqu’ici. La narration éclatée de Beyond : Two Souls, très littéraire finalement, nous conte l’histoire de Jodie Holmes, qui épouse les traits d’une fantastique Ellen Page via la motion capture. Le joueur se voit confiée l’histoire de cette fille, de sa plus tendre enfance jusqu’à un certain point de sa vie (on l’a dit : pas de spoilers, c’est important). Là où cela devient intéressant, c’est qu’il faut ajouter à Jodie un certain Aiden, un esprit relié au personnage principal par un mystérieux lien paranormal.

On l’a écrit plus haut, l’univers de Beyond : Two Souls est peut-être moins fourni que celui d’Heavy Rain, pour une raison que l’on abordera dans la partie gameplay. Et l’impression de pouvoir réellement agir sur l’histoire se fait plus légère au profit d’un rapport plus étroit avec une héroïne, et non une multitude de personnages. Mais alors tout le reste… Le récit est captivant, les ficelles sont bien là mais elles ne dérangent pas l’émotion, et la méthode de narration s’avère très importante pour le travail d’implication du joueur qui se doit de remettre les événements dans le bon sens. D’ailleurs, on ne comprend pas vraiment l’existence d’une option qui permet de s’adonner au soft dans l’ordre chronologique : ça n’a aucun intérêt. La possibilité existe, c’est bien, mais sachez que vous passeriez à côté de l’essence même du jeu, qui se doit d’être vécu dans son montage d’origine. Autre élément renversant, le fondamental de Beyond : Two Souls, qui en fait un véritable jeu d’auteur. Outre le thème principal, celui de notre rapport à la mort et toute la mystique qui en découle, il y a dans ce soft une analyse du lien entre le joueur et l’œuvre, symbolisé par ce qui rassemble Jodie et Haiden. Tout comme la personne qui tient la manette, l’esprit se sent tout permis et l’on se rend compte qu’agir caché désinhibe totalement. Certains passages sont de véritables questions posées à la personne qui tient le pad ; l’on pense notamment à cette séquence chez les adolescents, où le joueur est clairement invité à réagir à une situation terrible : se venger, ou pas, de mauvais traitements infligés par les autres enfants. Il est très, voire plus que tentant de leur accorder une bonne raclée. Mais est-ce moral ? La réponse est en chacun de nous, selon notre sensibilité. Beyond : Two Souls nous happe et, malgré des possibilités d’agir sur la destinée de l’héroïne finalement assez rares, on sort du jeu conquis.

Gameplay : 4/5

image screenshot beyond two souls

Le gameplay de Beyond : Two Souls est une évolution de celui d’Heavy Rain, et se comporte mieux sur toute la ligne. Pour commencer : terminé le personnage aussi agile qu’un joueur de foot sur une patinoire. Si certains petits soucis d’angle de caméra persistent, on peut tout de même avancer que le jeu est plus agréable pad en mains que le précédent exercice de Quantic Dream. Précisons ici que la version Playstation 4 a été rééquilibrée, la difficulté de certains passages s’intensifie et surtout le temps de réponse aux instructions sur l’écran est revue à la baisse. Beyond : Two Souls est toujours un jeu qui ne se juge pas en rapport à sa difficulté, mais l’on n’est plus dans le petit fleuve tranquille qui fut décrit lors de sa sortie. Les interactions avec les décors sont infiniment plus fluides que par le passé, avec un système de directions à retranscrire très rapidement assimilable. Autre gameplay, celui d’Aiden, que l’on rejoint d’une simple pression de bouton. Là, dans ce monde de l’esprit, vous pourrez naviguer de points en points, et principalement interagir avec le décors selon les possibilités accordées par le soft. Là encore, le concept brille de par sa facilité de prise en mains et permet même des situations savoureuses, en gérant à tour de rôle Jodie et Aiden.

Tout n’est pas absolument parfait pour autant, on pense notamment aux manipulations un brin lourdes pour lancer les flashbacks issus des corps morts. Aussi, et là ce n’est pas un mauvais point mais plus une modification de concept, voire une nouvelle philosophie pour Quantic Dream : de manière générale Beyond : Two Souls donne moins de possibilités d’interactions. On se souvient qu’Heavy Rain multipliait les activités pas vraiment utiles mais qui, à l’image de ce que l’on pouvait ressentir dans un Shenmue, s’avéraient payantes pour l’univers du soft. De l’importance du futile, en quelque sorte. C’est l’histoire du jeu qui demande au joueur une concentration plus travaillée, on en est conscient, mais il est vrai que ça manque un peu de moment plus libre. Et pourtant, vous verrez que certains passages proposent des zones bien plus vastes que ce qu’on a vu dans le précédent soft de Quantic Dream, ce qui n’est pas pour déplaire. Autre petite friandise bien agréable : les tableaux de fin de chapitre, qui présente au joueur ses choix, et un comparatif avec celui des autres. Notons, pour finir, la possibilité anecdotique de jouer à Beyond : Two Souls à deux, l’un étant à l’œuvre quand l’écran affiche Jodie, l’autre rentrant en scène quand Aiden fait des siennes.

Technique et musique : 4/5

image ellen page beyond two souls

Cette version Playstation 4 de Beyond : Two Souls apporte le 1080p constant, mais garde le 30fps de base, pour une raison justifiée : coller le plus possible avec le rendu cinéma. Il faut bien dire qu’il faudra un œil de technicien très pointu pour capter les autres modifications, notamment côté éclairage. Ce qui ne fait que replacer sous les projecteurs l’immense travail effectué sur le jeu de base, sorti sur Playstation 3. Clairement, nous avons vu des jeux Playstation 4 plus ou moins récents se révéler bien moins impressionnants que ce Beyond : Two Souls. L’animation, l’incroyable niveau de détails notamment sur les visages, tout est fait pour travailler l’immersion. Autre réussite, le rendu du monde vu par Aiden : on se sent réellement aux prises avec une entité qui a ses propres règles, jusque dans sa perception des choses.

Beyond : Two Souls est dédie à Normand Corbeil, le compositeur d’Heavy Rain décédé pendant l’enregistrement de la bande originale. Il fut remplacé par un duo formé par Lorne Balfe (Assassin’s Creed 4 : Black Flag, ou encore le récent 13 Hours de Michael Bay) et Hans Zimmer, que l’on ne présente plus. Des thèmes forts, qui accompagnent à la perfection les situations que le jeu nous réserve. On retiendra quelques séquences émotions, bien soutenues par des notes assez fines. Côté bruitages, on est content que le haut-parleur de la Dual Shock 4 soit mis à contribution, ce qui apporte du relief à l’expérience. Quant au doublage, il est de qualité, avec certaines voix bien connues, même si un personnage, sur la fin, est étrangement caricatural dans son traitement vocal.

Durée de vie : 4/5

image willem dafoe

Le premier run, qui sera aussi le plus fort, se boucle en une douzaine d’heures, ce qui est plus que ce que l’on peut vivre dans bien des softs d’action. Et rajoutez une bonne trentaine de minutes pour le DLC “Expériences Avancées“, qui n’est autre qu’un épisode totalement tourné vers l’action, et sans aucune incidence ni aucun intérêt pour le récit, avec une Jodie en mode entraînement. Si Beyond : two Souls est clairement moins tentant sur un second run qu’Heavy Rain, vous pourrez tout de même explorer d’autres embranchements, pour finir sur de nouvelles conclusions. On pourra même tenter l’aventure dans l’ordre chronologique, ce qui nous paraît être une hérésie mais peut cependant s’avérer une expérience intéressante. Notons que des bonus se cachent ici ou là au sein des différents décors, et que les dégoter vous débloquera des petits contenus comme des vidéos ou des artworks.

Note finale : 17/20

image quantic dream beyond two souls

Il est clair que Beyond : Two Souls est un jeu clivant, qui ne peut pas laisser indifférent. Raillé et décrit honteusement comme un simple film interactif, le jeu signé Quantic Dream est pourtant la possibilité d’une île. Celle-ci est finalement que peu (voire pas du tout) cinématographique, tant les sensations que le soft provoquent n’ont rien en commun avec ce que l’on vit dans une salle obscure. Les dégâts du marketing ont peut-être fait le boulot en rapprochant Beyond : Two Souls du cinéma, bien aidé par la présence au casting de deux géants du cinéma, Ellen Page et Willem Dafoe. Ces derniers apportent certes une force, une solidité herculéenne au récit, mais ne font pas du jeu autre chose que ce qu’il se doit d’être : une passerelle. Beyond : Two Souls est une œuvre qui s’interroge, à la fois sur sa raison d’exister et sur sa façon d’être, et aime poser ces questions à celui qui participe : le joueur. Espérons que Quantic Dream continuera sur ce chemin, car il ne le sait peut-être pas mais ce studio contribue grandement à ce que le jeu vidéo quitte en partie son ghetto enfantin pour marcher sur des pavés plus matures. Une réussite à encourager.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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