Caractéristiques
- Test effectué sur : Playstation 4
- Genre : Shoot’em’up, Manic shooter
- Éditeur : 2Dream
- Développeur : Hucast Games
- Sortie : 28 février 2017
Test
Il est toujours difficile d’écrire le point final d’une belle aventure, d’autant plus quand celle-ci n’a pas rencontré le succès qu’elle méritait. La Dreamcast, console de rêve pour beaucoup, fut mise hors-jeu en 2004, pourtant la scène indépendante a continué à utiliser la bête, notamment afin de sortir des jeux inscrits dans un genre lui aussi malheureusement tombé en désuétude (du moins, chez le grand public) : le shoot’em’up, ou shmup pour les intimes. Parmi ces titres post-mortem, on retrouve Ghost Blade, un shooter développé par Hucast Games, un studio allemand passionné par les boulettes. Sorti en 2015, le soft était pour le moins ambitieux techniquement, au point de demander à la machine de Sega plus que ce qu’elle ne pouvait supporter. Des limites techniques qui ont certainement poussé les développeurs à livrer leur copie sur nos machines actuelles, tout en remettant le jeu techniquement à niveau. Cette version, sobrement intitulée Ghost Blade HD, est récemment sortie sur Playstation 4 (mais aussi sur Xbox One, Wii U et Steam), l’occasion rêvée pour s’y exercer.
Histoire : /
Il est habituel qu’un shmup ne propose que le strict minimum côté emballage scénaristique, on n’est donc pas surpris de la quasi absence d’un background digne de ce nom dans Ghost Blade HD. On a tout de même une situation : l’invasion vient de Mars ! Elle a été rendue possible de par le pétage de plomb de Shira, une intelligence artificielle qui, il y a 10 000 ans de cela, protégeait la population sur la planète rouge. Devenue Evil Shira, cette IA doit être détruite, et c’est là que le joueur intervient, avec comme but de sauver l’univers tout entier. C’est très concis, uniquement là afin de créer une motivation. Donc, nous remettons les cinq points en jeu dans le critère du gameplay.
Gameplay : 8/10
On l’a compris, Ghost Blade HD s’empresse de nous balancer dans un vaisseau afin de sauver le monde et plus encore. Seulement, il va d’abord choisir votre vaisseau. Trois sont au programme, et cette trinité représente une véritable offre : chacun est différent, il va vous falloir les tester afin de trouver l’engin de guerre qui vous correspond le mieux (en même temps qu’une pilote chevronnée et courtement vêtue). Tous ces coucous à la pointe de la technologie ont cela en commun qu’ils disposent de trois possibilités de tir : étendu, concentré, et largage de bombe. Ce sont les effets qui différent, et on apprécie le prisme de possibilité que cela confère : il serait étonnant qu’un joueur ne trouve pas son armement idéal.
Il faut que ce choix soit bien pesé, pour ce faire Hucast Games a pensé à un mode Entraînement, où le joueur pourra s’exercer afin de trouver l’armement qui lui correspond le mieux, tout en apprenant à maximiser ses chances de survie. Car s’entraîner, c’est bien, mais il va tout de même falloir aller botter le fessier mécanique de cette intelligence artificielle récalcitrant. Dans ce but, il va falloir venir à bout de cinq niveaux, tous évidemment remplis des sbires d’Evil Shira. Vous aurez choisi votre difficulté avant de vous envoler : facile, normale ou difficile. Si vous êtes néophytes, nous vous conseillons le premier cité, histoire de vous frotter à un manic shooter sans trop y laisser des plumes. Car les tirs ennemis, « boulettes » pour les initiés, vont rapidement envahir l’écran, et il sera carrément indispensable d’apprendre à vous déplacer au milieu d’elles. Heureusement, la hitbox de votre vaisseau (l’endroit où vous êtes réellement touchés) est parfaite, s’inspirant amplement des classiques de ce genre de jeu.
Pour maîtriser Ghost Blade HD, il est indispensable de savoir pourquoi opter pour tel ou tel tir. En effet, utiliser le tir étendu ne provoque pas les mêmes bonus issus des adversaires trucidés que si vous aviez opté pour le shoot concentré. De même, la vitesse de déplacement diffère un chouïa, juste ce qu’il faut pour que le joueur doive penser réellement ses actions, et pas seulement presser une touche et se mouver. Il est indéniable que Hucast Games a bien compris ce qui fait la sève d’un bon shmup hyper-nerveux : c’est le devoir de laisser au joueur tout pouvoir sur la situation qu’il vit, alors même que celle-ci semble complètement folle. D’une manière générale, les patterns des ennemis manquent sans aucun doute d’originalité, mais on peut souligner l’envie du studio de surtout travailler le skill du gamer, en assumant une envie de créer une danse, un rythme, plus qu’un émerveillement face à de la nouveauté. Seul véritable regret : les boss sont certes impressionnants, ils nous ont tout de même un peu déçu en terme de challenge. Une broutille qui se ressent surtout en mode de difficulté facile et normal, et qui disparaît quand on se frotte au difficile…
On verra plus bas que Ghost Blade HD ne brille pas de par la durée de son cheminement. Ce shoot’em’up est basé avant tout sur la notion de scoring, et de partie parfaite. Une fois le soft bien maîtrisé en difficile, ce qui va déjà vous occuper un certain temps si vous êtes du genre accrocheur, il sera temps de vous mesurer au Score Attack, qui vous fera vivre (et souffrir) un niveau créé à partir de passages du jeu. Il faudra soigner vos combos afin d’atteindre des scores prodigieux et les exhiber dans des classements mondiaux. Dernier détail, et pas des moindres : dans ce mode, la difficulté est imposée. Ne pensez donc pas pouvoir vous en sortir sans avoir, au préalable, travaillé dur pour gagner plus maîtriser Ghost Blade HD.
Technique et ambiance sonore : 4/5
Le principal défaut de la version Dreamcast était ses ralentissements assez fréquents. Ghost Blade HD corrige cela : c’est fluide et cela ne change aucunement, même quand l’écran est envahit. Ce qui arrive très souvent, vous pouvez nous croire. Signalons aussi que le mode deux joueurs, sur écran splitté, ne porte jamais atteinte à cette stabilité, c’est dire le travail fourni. Le soft est d’une sacrée fluidité donc, et beaucoup plus beau que par le passé aussi. Plus fin donc, et les couleurs profitent aussi d’une précision plus accrue. Autre réussite : les décors, même s’ils sont plutôt génériques en terme de direction artistique, sont bien agréables à l’œil. Tout comme nos vaisseaux d’ailleurs, et les pilotes qui y prennent place, qui semblent tout droit sortis d’un animé japonais décomplexé. Un mélange de prudence et de maîtrise, donc.
Côté ambiance sonore, là aussi Ghost Blade HD ne veut pas tout chambouler dans le milieu du shmup. La bande originale est composée par Rafael Dyll (Gunlord, Last Hope, Rainbow Moon), et nous balance de la bonne techno bien dans la tonalité qui s’adapte parfaitement au genre. Il faut absolument jouer au casque (et pas trop loin de l’écran, c’est un conseil) pour profiter du travail de composition. Aussi, les différents bruitages s’incluent parfaitement dans l’expérience de jeu. Rien à redire.
Durée de vie : 2/5
C’est ici que le bât blesse un peu. Ghost Blade HD propose cinq niveaux, ce qui n’est pas spécialement peu pour le genre. Le regret est qu’ils sont assez courts et n’offrent pas de rejouabilité intrinsèque (pas de chemins, secrets ou non, à débloquer). Aucun tableau de statistiques n’est de la partie ce qui est aussi une anicroche. Pour que le soft reste longtemps sur le disque dur il faudra que vous aimiez le genre au point de vous lancer dans la quête au score ultime, diablement accaparante quand on adhère au concept. Mais il s’agit là de l’unique motivation… sauf pour les chasseurs de Trophées : un Platine est de la partie.
Note finale : 14/20
Ghost Blade HD est une bien belle récréation pour les amateurs de shmup nerveux, un genre pas spécialement mis en avant ces derniers temps. Si l’on peut regretter une durée de vie pas à la hauteur, et le manque d’un boss fight mémorable, on se doit aussi de souligner les progrès effectués depuis la sortie initiale sur Dreamcast. Plus beau, enfin fluide, Ghost Blade HD est aussi très agréable à prendre en mains et pourra même se savourer par des nouveaux venus voulant découvrir le sous-genre si spécifique qu’est le manic shooter. Pas un classique donc, mais une bonne expérience.