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[Test – Nintendo Switch] L.A. Noire : redécouverte d’un véritable hit

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Nintendo Switch
      Existe aussi sur :
    • Playstation 4
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
    • Playstation 3
    • Xbox 360
  • Développeur : Team Bondi
  • Editeur : Rockstar
  • Date de sortie : 14 novembre 2017
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 9/10

Introduction

Un peu plus de six ans après sa sortie initiale, sur Playstation 3, Xbox 360 et PC, voilà que Rockstar nous ressort L.A. Noire. Et, entre nous, ce n’est pas pour nous déplaire, tant ce jeu fait partie des très bonnes expériences vécues, face à notre écran, et manette en mains, lors du règne des Playstation 3 et Xbox 360. Il faut dire qu’il avait tout pour nous plaire, ce soft, qui fut le premier et le dernier de la Team Bondi. Un univers de film noir, et l’envie d’emmener le concept du monde ouvert sur une route différente, plus axée sur l’enquête que l’action pure et dure. N’oublions pas, aussi, qu’à l’époque le titre fut accompagné d’une promesse technique, avec des faciès très travaillés, afin que le joueur puisse mieux comprendre l’impact de ses répliques, lors des interrogatoires. Tout cela revient en force aujourd’hui, notamment sur Nintendo Switch (mais aussi sur Playstation 4 et Xbox One), avec quelques bonus notables. Pour le meilleur ? Sans aucun doute…

Histoire : 5/5

image nintendo switch la noire

Autant vous le signifier de suite : le récit de L.A. Noire n’a pas pris une ride. Mieux, il s’est bonifié avec le temps, ce qui est aussi un véritable taquet pour la production actuelle. Car rares sont les jeux à avoir, depuis la sortie initiale du soft de Rockstar, atteint un tel niveau de cohérence entre l’univers et la narration. Rappelons tout d’abord quelques éléments scénaristiques. Le joueur incarne Cole Phelps, ancien des Marines, héros de guerre pendant les événements d’Okinawa. Mais, quand il rentre à Los Angeles, rien n’est plus facile pour lui, et certainement pas sa carrière au sein de la police locale. Il débute à la Circulation, mais bien vite notre personnage principal va se dévoiler enquêteur de talent, et résoudre des cas de plus en plus difficiles. En gravissant les échelons, Phelps va découvrir que la corruption fait rage, que les apparences cachent parfois de véritables monstres, et que cette Cité des Anges a décidément tendance à couper bien des ailes.

L.A. Noire brille de mille feux, encore aujourd’hui. Tous les personnages, principaux ou secondaires, deviennent immédiatement mémorables. Que ces protagonistes soient des coéquipiers de Phelps, des victimes de meurtre, des coupables ou de simples témoins, ils jouissent d’une écriture poussée, jusque dans les moindres détails, ce qui renforce l’immersion, à tel point qu’on se trouve là devant ce que, en littérature, nous appelons un «page turner». On a continuellement envie de progresser, afin de découvrir ce que le récit nous réserve. La scénarisation des enquêtes est continuellement exemplaire, avec ce qu’il faut de problématiques bien exposées (les cutscenes sont remarquablement mises en scène), de rebondissements qu’on a du mal à voir venir, et de références aux codes du film noir. Femmes fatales, magouilles des hommes puissants, milieu du cinéma gangréné par l’hypocrisie (ce qui fait un certain écho avec l’actualité, hum), tout y passe, et toujours avec la classe des œuvres sincères. En choisissant sciemment de ne pas se perdre dans des élucubrations comiques ou autres (ce qui n’empêche pas quelques sourires), Rockstar procure à son jeu une tonalité sombre, qui dénote avec les standards vidéoludiques. Une marque de fabrique de ce studio, soit écrit en passant.

Alors certes, il manque peut-être un peu de vie dans ce Los Angeles du milieu des années 1940. Mais penser que le manque d’interactions avec l’environnement est handicapant serait une erreur. Cela n’enjolive pas, certes, mais on s’en passe très bien. Tout d’abord parce que L.A. Noire est avant tout une histoire, et pas du tout un bac à sable. Pertinent, tant il serait sacrément stupide que de voir Cole Phelps sortir un bazooka et exploser tout ce qui bouge. Ce jeu est avant tout un trip, une longue et agréable expérience, dans laquelle le joueur plonge car il y croit. De plus, il faut souligner que Rockstar a tout fait pour rendre justice à l’architecture de cette ville bien atypique. Chaque coin de rue est marqué par la personnalité de la cité des anges, et les amateurs de belles œuvres pourront sentir que cela nous raconte aussi une histoire. Un univers enivrant, une histoire entêtante, voilà de quoi séduire à coup sûr.

Gameplay : 4/5

image jeu la noire

Tout d’abord, rappelons que L.A. Noire est un jeu d’enquête, plus qu’un open world. Il prend appui sur une carte assez imposante, mais n’est pas régit par les mêmes codes qu’un GTA, pour prendre l’exemple le plus parlant. Vous aurez donc la possibilité de vous rendre sur les lieux d’une affaire comme bon vous semble, mais pas d’événements pour vous distraire de votre but. On n’est pas sur le même modèle que ce qu’a instauré un Red Dead Redemption. Cela ne vous manquera pas, tant les enquêtes sont si bien ficelées qu’on ne voit pas ce que viendrait faire ici des courses de voiture, par exemple. Le modus operandi revient, inlassablement, et l’on est toujours étonné de constater qu’il fonctionne du début à la fin. Après une cutscene nous présentant les faits, il va falloir fourrer votre nez sur le terrain. C’est ici que vous trouverez des indices. Quand vous débarquez dans le périmètre de sécurité, une plage audio se met en route. Elle ne s’arrêtera que lorsque tous les objets utiles auront été examinés. Ceux-ci vous seront signalés par une vibration, quand Cole Phelps approchera l’un d’entre eux. Des aides que l’on peut passer en sourdine, par ailleurs, pour un trip jusqu’au-boutiste que l’on a tendance à conseiller.

Regrouper ces indices, dans le carnet, sonne le début des choses sérieuses. Il va falloir passer aux interrogatoires. L.A. Noire brille particulièrement dans cet exercice, tant la globalité reste maîtrisée. Les choix de dialogues sont pertinents, même si l’on sent bien qu’il est tout de même difficile de se tromper, ou de se lancer dans un pétage de plomb carabiné. Avant d’en arriver là, et de peut-être envoyer derrière les barreaux un innocent, vous devrez faire attention à ce que l’on vous raconte, et surtout comment. En effet, via un jeu d’animations faciales qui, à l’époque de la sortie du soft, faisait la fierté de Rockstar, on peut déceler chez la personne interrogée des expressions qui auront une saveur d’indice. Si elle est inquiète, si elle tique quand elle ment, si elle est en confiance ou autre, vous le saurez, du moins si vous ne faîtes pas face à un véritable manipulateur… Et c’est toujours aussi efficace, bien aidé par un réajustement de certaines directives, opéré à l’occasion de cette sortie, qui deviennent beaucoup plus claires en français (par exemple, Mensonge est devenu Accuser). On retrouve le système de joker, des points d’intuition qui servent à affiner les répliques, pour les témoins ou suspects les plus récalcitrants. Aussi, vous pourrez vérifiez ce que les autres joueurs ont choisi, via un pourcentage précis. Mais attention, car rien ne dit que les gamers sont de meilleurs enquêteurs que vous…

Enfin, dans une enquête il faut un coupable. Dans cette troisième partie de l’investigation, on a souvent droit à des séquences d’action. Ici, L.A. Noire n’est pas totalement satisfaisant, et malheureusement cette ressortie ne profite pas de l’occasion pour corriger le tir. Si les poursuites, en voiture ou à la course, gardent cet aspect punchy mais un peu dirigiste, les gunfights ne sont pas de pures réussites : trop mous et pas assez engageants, à tel point que le jeu nous propose de les zapper, si l’on échoue toujours après trois essais. Après avoir passer les menottes (dans le meilleur des cas) à celui que vous pensez être le grand méchant de l’affaire en cours, vous aurez droit à une note, en bonne et due forme. Si vous vous êtes plantés, gare à vos miches. Mais ne vous inquiétez pas, le soft vous permet de rejouer les enquêtes, afin d’obtenir la note maximale, toujours un bon moyen pour flatter son égo.

Cette ressortie de L.A. Noire, sur Nintendo Switch, est l’occasion d’ajouter quelques features, et force est de constater que Rockstar n’a pas pris sa tâche par-dessus la jambe. Tout d’abord, sachez qu’il est possible de jouer aux Joycons, ce qui ajoute une gestion de la caméra gyroscopique. Cette dernière répond au doigt et à l’œil, plaira très certainement à celles et ceux qui apprécient le gameplay en (léger) mouvement. Mais, pour nous, la plus belle nouveauté se vit sur la tablette, avec la technologie tactile. Celui-ci permet de zoomer dans l’image, pendant l’enquête. On peut aussi naviguer dans le carnet d’un simple mouvement de doigt, et même diriger Phelps uniquement via l’écran. Tout cela donne au jeu une petite saveur Point & click, loin d’être seulement anecdotique car créant un confort indéniable. De quoi redécouvrir le soft dans de bonnes conditions.

Ambiance visuelle et sonore : 4/5

image rockstar la noire

L.A. Noire ne peut cacher qu’il est un jeu de 2011. Sur votre télévision, le soft affiche un 1080p confortable, mais la pure technique le brime dans son allant. On y voit un peu d’aliasing, des baisses de framerate, et les éléments du décors ont tendance à s’afficher tard, créant un clipping remarqué lors des phases de conduite. Comme souvent, sur Nintendo Switch, on note que le passage sur tablette arrange ces soucis. Affichant un 720p tout à fait classique, le soft y retrouve de la superbe, gagne en finesse, même si le miracle n’ira pas jusqu’à sauver certaines textures vieillottes. On aura toujours droit à une poignée de ralentissements, mais tout semble beaucoup plus stable. Pour couronner le tout, la direction artistique et les animations gardent tout leur charme de l’époque. La première impressionne encore, que ce soit dans les choix de photographie (oui, un terme cinématographique, qui a ici de l’importance), jouant intelligemment avec les contrastes, ou dans la reproduction de Los Angeles, en terme d’architecture ou d’intérieur des maisons qui nous ouvriront leur porte. Enfin, les visages sont toujours marqués par les émotions, parfois de manière trop appuyée, mais la recette prend encore.

Comme toujours, dans les jeux Rockstar, la bande originale est particulièrement soignée. Elle se divise en deux parties : les morceaux historiques, véritables classiques provenant d’interprètes comme Bing Crosby, Louis Armstrong, T-Bone Walker ou encore Tex Williams. L’autre moitié a été produite spécialement pour L.A. Noire, composée par Simon et Andrew Hale (récompensés par un BAFTA pour cette occasion), que ce soit des thèmes au sein du soft, ou carrément des chansons, performées par Claudia Brücken. Et impossible de ne pas souligner le gargantuesque travail effectué sur le doublage, qui renforce incroyablement bien l’immersion. Tout cela forme une atmosphère unique, qui appuie parfaitement l’ambiance délicieusement noire de ce hit.

Durée de vie : 5/5

image test la noire

Même sans avoir blindé sa carte d’activités annexes (on va voir qu’il en existe quand même), L.A. Noire propose un contenu plus que satisfaisant. Vingt et une anquêtes vous attendent, ce qui vous demandera au moins 25 heures de jeu. Cela, c’est si vous ne vous contentez que de suivre l’histoire principale. Mais à ce chiffre s’ajoute une quarantaine d’affaires annexes, courtes mais intenses, et pas inintéressantes à boucler, même si certaines ne sont que des prétextes à fusillades. Aussi, cette ressortie ajoute des objet à dénicher au sein de la map. Pour les complétistes, les monuments de Los Angeles sont mis en avant, et pas moins de quatre-vingt quinze véhicules pourront être expérimentés. Si l’on ajoute la quête aux cinq étoiles, pour chaque investigation, alors c’est plutôt sur 50 heures de jeu qu’il faudra miser.

Note finale : 18/20

On pouvait avoir un peu peur de cette ressortie, un peu refroidi par quelques remasters paresseux. Si cette version Nintendo Switch ne révolutionne pas le jeu d’origine, Rockstar a tout de même pris la tâche assez au sérieux pour ne pas lui porter atteinte et, mieux, insuffle assez de nouveauté, notamment côté gameplay, pour que la redécouverte soit totale. Si l’on a une nette préférence pour le soft sur l’écran portable de la console, qui offre un confort visuel bien plus agréable, et une possibilité de maniabilité tactile bien pensée, les Joycons ne sont pas en reste, avec une gyroscopie plutôt amusante. Et, que ce soit écrit noir sur blanc, si cette version est votre premier contact avec L.A. Noire, alors vous faîtes face à une expérience des plus délectables. Enjoy.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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