[Test] Kill La Kill If : une adaptation énergique mais légère

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
    • PC
  • Développeur : A+ Games
  • Editeur : Arc System Works
  • Date de sortie : 26 juillet 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Une adaptation qui met le paquet sur les sensations de combat

image gameplay kill la kill if
On se croirait en plein animé.

Cinq ans. Il aura fallu cinq ans pour que le phénoménal animé Kill La Kill soit adapté en jeu vidéo. Rappelons que la série narre les aventures, aussi surréalistes que jouissives, d’étudiants plongés dans un univers fantastique, où l’importance des vêtements est portée à des sommets qu’on ne pensait pas atteignables. Sorti sur Netflix (et désormais effacé de ce service, quelle catastrophe), ce dessin animé a su marquer les spectateurs, créant du coup un véritable vide après une fin certes très logique mais finalement intervenue assez rapidement, après vingt-quatre épisodes et une poignée d’OAV. Les fans vont pouvoir se replonger dans cette œuvre charismatique, avec Kill La Kill : If, développé par A+ Games, un studio jusqu’ici peu en (bonne) vue, mais sous la surveillance d’un Arc System Works qu’on imagine très attentif, le tout distribué par l’incontournable PQube.

Tout d’abord, attardons-nous un peu sur l’histoire de Kill La Kill : If. C’est l’une des qualités de cette adaptation, de notre point de vue : le récit ose prendre le contrepied des attentes des fans. Il aurait été facile de proposer une adaptation fidèle au cheminement de l’animé, mais le jeu prend une autre route, celle de l’éclairage par le biais d’un autre personnage, puis de la fin alternative. Pour ce faire, on a droit à une construction épisodique, sous la forme de deux segments. C’est peu, on en convient, d’ailleurs cela rejoint notre retenue à propos de la durée de vie du titre, mais on se plait à vivre le premier épisode non pas du côté de Ryuko Matoi, mais de celui de Satsuki Kiryuin. La Présidente du Conseil des Étudiants de l’Académie Honnōji va avoir fort à faire pour venir à bout de sa propre mère, et ce dans un rythme tambour battant. La narration ne s’embarrasse pas de détails et, comme dans la série, toutes les informations passent par le combat. Le second épisode mène vers un final original, cette fois-ci avec Ryuko Matoi comme héroïne, avec peut-être un chouïa moins d’énergie. Le tout s’adresse clairement à celles et ceux qui ont apprécié Kill La Kill, donc qui l’ont vu. Si ce n’est pas votre cas, le trip va vous perdre en route. Signalons que le titre est sous-titré en français, voilà une belle intention.

L’autre satisfaction de Kill La Kill : If, c’est la grosse patate des combats. Les grandes lignes de la formule ne font pas spécialement dans l’originalité, mais elles ont le mérite de proposer un socle assez solide pour tenter quelques petites subtilités. Le joueur évolue dans une arène en 3D, avec une vue qui, dans l’esprit, rappelle d’autres adaptations, comme One Piece : Burning Blood. On n’est donc pas dans de la précision à la Dragon Ball FighterZ, d’autant plus que la caméra a tendance à parfois devenir un peu fofolle. Mais l’effet recherché est surtout l’impression d’impact, de puissance. Pour attaquer, on aura les enchainements au corps-à-corps, à distance, mais aussi le Break afin de pulvériser la garde de l’adversaire. Bien entendu, on peut lancer différentes combinaisons, et l’on a au final pas mal de possibilités afin de malmener l’ennemi avec plus ou moins de stratégie. Autre nécessité, celle d’exploiter le suivi : en deux temps, trois mouvements, on se lance à la poursuite d’un opposant qui voudrait prendre un peu de recul. L’esquive est bien entendu au rendez-vous, ainsi que le blocage. Enfin, les coups spéciaux s’avèrent aisés à sortir : il suffit de presser une gâchette et un bouton, pour peu que la jauge adéquate vous le permette.

Trop juste en contenu

image test kill la kill if
Parfois, on devra se débarrasser d’un certain nombre de clones.

Kill La Kill : If se veut, donc, très besogneux dans ses bases. Ce qui fait que le joueur comprend rapidement le principe, et digère agréablement la prise en mains. Par contre, cela nous suffira pas pour vous en sortir dans les combats les plus acharnés. Surtout que, c’est l’un des regrets du jeu, la courbe de difficulté connaît des poussées dantesques. Les deux épisodes qui constituent l’histoire sont ainsi de véritables épreuves pour les nerfs, quand on voit arriver leur fin. On pense notamment au duel qui nous oppose à Ragyo Kiryuin, qui nous a fait criser au moins autant que la fameuse Dural de Virtua Fighter 5. C’est dire. Bref, pour s’en sortir au mieux, il faudra apprendre à maitriser l’art du Bloody Valor. Voilà la grande originalité de ce titre ! En pressant L1 + R1 (sur PlayStation 4), il sera possible de déclencher une attaque qui, si elle est placée, lance des hostilités sous forme d’un bon vieux pierre-feuilles-ciseaux, ici remplacé par provocation-sarcasme-moqsuerie. Par le biais d’une cutscene du plus bel effet (on insiste, c’est très réussi), le duel devient verbal, un peu comme dans Monkey Island. Chacun des choix est associé à un bonus, mais est aussi sensible à l’une des autres propositions, ainsi cette feature s’accompagne d’une bonne dose de suspens. Si la phase est remportée, vous gagnez une étoile et, au bout de trois, l’avatar gagne des effets prodigieux. Du coup, cela pousse à remplir la jauge, donc à rester concentré sur l’attaque.

Kill La Kill : If n’est pas qu’un mode Histoire, et c’est sans doute là que le bât blesse. Car le contenu n’est pas des plus développé, que ce soit en terme de modes de jeu ou de combattants disponibles. On pourra se relancer dans Battle, soit des batailles sans scénario, classés ou non. L’Entrainement propose un didacticiel ou, plus étrangement, des défis, comme battre une multitude de clones. Enfin, la Galerie est le QG des fans. On pourra y écouter les merveilleuses musiques, les voix des personnages, avoir accès à un glossaire assez utile, admirer les replays ou s’amuser avec les figurines digitales que l’on aura dûment remportées. Le tout assurant une durée de vie d’une douzaine d’heures, ce qui est dans la fourchette basse des jeux de combat actuels. Pour couronner le tout, seuls huit personnages (dont deux à débloquer) sont disponibles. C’est clairement trop peu. Même si, c’est à noter car cette spécificité se fait rare, chacun propose de sa propre philosophie. L’un se révèle porté sur les attaques à distance, l’autre pourra compter sur la fabrication de clones. Dommage que le casting ne soit pas plus étoffé…

Pour terminer sur une meilleure note, car Kill La Kill : If est tout de même une satisfaction, il faut aborder le domaine technique. Si l’on est, là encore déçu par le manque d’arènes, peu nombreuses et pas folichonnes en terme de décors, le rendu visuel est tout de même assez impressionnant. Les textures s’avèrent nickelles, précises et fines. Nous n’avons détecté aucune baisse de framerate, même quand les effets se multiplient à l’écran. Et les animations jouent un grand rôle dans ce résultat convaincant : on fait face à une adaptation qui recréé idéalement la direction artistique de l’animé. Enfin, les musiques sont tout droit issues de l’animé, et elles gardent tout le peps qui en a fait le grand succès.

Note : 14/20

Kill La Kill : If se sera fait attendre, et voilà qu’arrive un jeu au potentiel certain, si vous appréciez les combats à gros impact et l’animé d’origine. On a tout de même quelques retenues, comme la durée de vie aussi légère que le contenu, et une courbe de difficulté parfois terriblement déséquilibrée. Mais, au final, les qualités l’emportent tout de même, avec son mode Histoire court mais plutôt courageux, son système de combat solide, sa direction artistique qui assure un rendu très fidèle au manga, et des compositions géniales. Voilà de quoi séduire les fans.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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