Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Nintendo Switch
- PC
- Développeur : Hidden Layer Games
- Editeur : Honest Public Relations
- Date de sortie : 21 août 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Inmost rejoint le rang des très belles surprises de 2020
Vous vous souvenez de l’arrivée du jeu vidéo indépendant dans le domaine des consoles ? Pour nous, c’est comme si c’était hier, et ce fut l’une des plus belles performances de la Xbox 360. Le Xbox Live Arcade était alors un formidable moyen de découvrir des Braid, des Aegis Wing, des ‘Splosion Man, bref des jeux qui dénotaient dans une industrie qui était alors trop occupée à livrer des tonnes de TPS et FPS grisâtres à tour de bras. Aujourd’hui, la situation a évolué, et l’on ne peut que regretter que, dans les différents stores, les joueurs soient à ce point noyer sous les expériences. C’est ici, précisément, que nous avons un rôle à jouer, en vous signalant de temps en temps des titres qui surnagent. Inmost, développé par le studio lituanien Hidden Layer Games, et édité par les bons soins de Honest Public Relations, est de ceux-ci.
Au premier coup d’œil, on peut fortement penser que l’une des forces d’Inmost est son univers. Et c’est tout à fait vrai. Ici, il faut vous prévenir : nous n’allons pas rentrer dans les détails de l’histoire, car à nos yeux il s’agit de l’un des récits les plus puissants que nous avons vécu en 2020. Oui, rien que ça. Sachez simplement qu’il est question d’incarner trois personnages différents, dont les liens et les parcours vont se faire plus précis au fil du temps. On passe de l’un à l’autre grâce à une narration éclatée, chacun a son cheminement, et cela a du sens. On aimerait vous en dire plus, notamment sur l’apprentissage de la petite fille, ou sur la puissance de la prise de conscience du guerrier, mais sachez qu’il y a tellement de rebondissements que ce serait vous gâcher le plaisir de la découverte. Les thèmes abordés sont à la fois courageux, très actuels, et étonnamment maitrisés, jusqu’à une fin en forme de délivrance lourde de sens. Et, pour couronner le tout, sachez que le jeu est entièrement sous-titré en français.
Trois personnages donc, et autant d’approches différentes. On a souvent lu des joueurs comparer Inmost à Limbo, mais ce n’est pas pertinent à nos yeux. La narration (et seulement elle, pas son contenu) fait moins dans le cryptique, et surtout les mécaniques s’avèrent plus nombreuses. Trois protagonistes, trois manières de jouer, même si ce triptyque se rapporte tout de même principalement au puzzle-platformer. La petite fille se concentre sur l’exploration des environnements, afin de trouver des moyens de contrecarrer sa petite taille. Par exemple, trouver un tabouret afin d’atteindre un point en hauteur. L’homme, lui, va devoir beaucoup plus faire preuve de nervosité, car s’il aura la possibilité de se déplacer sur de plus grandes distances, il devra aussi faire face à des phases bien tendues lui demandant d’échapper à des monstres pour le moins accrocheurs. Ces phases exploitent à fond un level design intelligent, très vertical, qui donne au joueur une impression de logique qu’il doit pourtant travailler par des essais consécutifs, bien aidés par un respawn de l’avatar tout bonnement exemplaire.
Hidden Layer Games, révélation de l’année
Le dernier personnage qu’Inmost nous propose d’incarner est un aventurier. Et il est armé. Là encore ça change tout : on peut donc se faire beaucoup plus offensif, et détruire des monstres étranges faits d’une huile qui inspire tout sauf la confiance. Il sera souvent question de trouver des objets qui ouvrent des voies, un peu comme dans un Metroidvania mais sans trop aller dans ce sens non plus. La philosophie du jeu de Hidden Layer Games se fait plus dirigiste que les Castlevania SOTN et consorts, bien évidemment, mais on remarque tout de même un petit backtracking de temps en temps. Pour revenir sur l’aventurier, on pourra tout de même regretter que ses coups manquent un peu de patate. L’action armée n’est pas le fort du jeu, le cœur de l’expérience se situe dans ses énigmes bien diversifiées et intelligentes, mais cela n’handicape pas non plus l’expérience.
La durée de vie d’Inmost est peut-être son point faible. Il nous a fallu à peu près quatre heures pour en voir le bout, un peu plus si vous cherchez à rassembler tous les éclats de lumière à collecter. C’est certes peu, mais cela ne doit pas vous refroidir : on sort de ce jeu avec l’impression d’avoir bien profité de ce qu’il fallait vivre, sans surplus ni phases qui s’éternisent. Techniquement, le jeu est une sacrée réussite. On ira même jusqu’à le considérer comme l’un des plus beaux jeux de cette année 2020, d’un point de vue purement artistique. Le character design, notamment de quelques ennemis, nous hantera longtemps. On apprécie aussi l’utilisation des couleurs, qui évoluent selon l’état de l’avatar. Une excellente idée, qui s’associe à des effet de lumière nickels. Du gros plaisir pour les yeux donc, mais aussi pour les oreilles. La bande originale, signée Alexey Nechaev, joue un rôle saisissant dans l’atmosphère glauque de ce titre, et l’on vous conseille fortement de vous délecter de ce fait au casque, afin de ne pas passer à côté du tout aussi soigné sound design.
Note : 16/20
Il arrive de nulle part, on ne connaissait même pas son existence, et Inmost se révèle comme l’un de nos coups de cœur de 2020, rien que ça. Son univers d’un sombre abyssal, son récit qui ose aborder des thèmes très puissants, ses mécaniques intelligentes, son level design exemplaire, tout nous donne envie de le féliciter. Tout juste pourra-t-on regretter une durée de vie assez courte (mais suffisante) et des combats un peu mous. Mais si l’on devait vous conseiller un jeu méconnu, celui-ci figurerait en bonne position !