[Test – Playstation 4] Gryphon Knight Epic : quand le shoot’em’up rencontre Megaman

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
  • Développeur : Cyber Rhino Studios
  • Editeur : Cyber Rhino Studios
  • Date de sortie : 20 janvier 2017
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 5/10

Test

Ah le genre béni du shoot’em’up ! Si l’on regrette tous la bonne époque du platformer 2D, on oublie parfois que les consoles, et surtout l’arcade (c’est là que le genre est né, notamment avec Space Invaders), ont aussi connu de grands moments avec ce genre si varié. Fixe, à défilement, horizontal, vertical, bullet hell, tube shooter, et bien d’autres quand on creuse, les fluctuations sont nombreuses et attestent d’une certaine inventivité lors de l’âge d’or du shoot. Revenu au goût du jour avec l’avènement du jeu vidéo indépendant, tout comme le platformer 2D d’ailleurs, le shoot’em’up passe à la moulinette créative indubitablement associée à ces petites structures passionnées (et passionnantes). Cette fois-ci, c’est du côté du Brésil, et de Cyber Rhino Studios, que l’on se rend afin de vérifier ce fait, avec un shoot qui se veut à tendance exploration : Gryphon Epic Knight.

Histoire : 3/5

image gryphon knight epic
Image issue du Playstation Share.

En se lançant dans un tel mélange des genres, Cyber Rhino Studios se devait de livrer un enrobage scénarisé, et l’équipe de développement l’a très bien compris. Évidemment, il ne faut pas s’attendre à une profondeur de récit, mais il est à noter que Gryphon Epic Knight va même un peu plus loin qu’attendu, avec une véritable personnalité et un univers certes très léger mais proprement écrit. On incarne Sir Oliver, un chevalier sans peur et sans reproche, qui vient de s’acquitter d’un combat contre un dragon pour le moins imposant. Ayant libéré sa princesse, et fait main basse sur un sacré trésor avec son équipe d’aventuriers émérites, le voilà qui coule des jours heureux… et ennuyeux. La bedaine fait son apparition, et l’appel de l’aventure se ressent de plus en plus. Et c’est à l’occasion d’une tâche tout à fait banale que le preux chevalier va voir son désir de péripéties se réaliser : en allant chercher du pain, le voilà qu’il tombe nez-à-nez avec son double maléfique. Ni une, ni deux, Sir Oliver se lance à sa poursuite, et va devoir libérer ses anciens amis de l’emprise d’un mal mystérieux.

Gryphon Epic Knight est comme conscient de ses limites scénaristiques, imposées par un besoin de ne pas voir l’histoire prendre le pas sur le déroulé du jeu. Ainsi, Cyber Rhino Studios distille une certaine dose d’humour dans son soft, qui fera rire le joueur sans non plus atteindre les éclats. La tonalité est clairement en accord avec le style graphique du jeu, et s’avère bien aidée d’un développement des personnages plutôt bienvenu. En effet, chaque niveau est l’occasion de retrouver un des amis de Sir Oliver, de ceux qui ont participé au pillage du trésor appartenant au dragon. On a la possibilité d’en savoir plus sur eux au sein d’un carnet de route (nommé Compendium) disponible quand entre les levels, en compagnie d’autres informations sur l’univers, comme les ennemis rencontrés en cours de partie. On ne s’en relèvera pas la nuit certes, mais on souligne ce bel effort, d’autant que le soft est localisé en français (de manière assez approximative, précisons-le). Aussi, Gryphon Epic Knight a une trame. Sans vous spoiler (et ce même si rien n’est vraiment terrible à dévoiler), la fin provoque un rebondissement bien connu dans l’univers vidéoludique, il est seulement dommage que le jeu n’en profite pas vraiment pour instaurer un new game plus qui aurait pu se faire carrément logique. En l’état, voilà un soft qui n’a pas pris son univers par-dessus la jambe, et ce même s’il n’est clairement pas une priorité.

Gameplay : 3/5

image screenshot gryphon knigt epic
Image issue du Playstation Share.

Gryphon Epic Knight s’appuie sur une envie : mélanger le shoot’em’up et la mécanique d’exploration. Sur le papier, cette volonté est alléchante, en jeu elle l’est un peu moins. Pas que cela ne fonctionne pas, écrivons plutôt qu’on attendait plus de possibilités de se perdre dans les différents niveaux, finalement assez linéaires si l’on excepte quelques embranchements. Ceux-ci son pourtant funs à parcourir, du moins une fois que l’on a bien compris que les différentes routes s’engagent en collant notre avatar sur le bord de l’écran, dans la direction souhaitée. Après quelques atermoiements afin de bien comprendre la mécanique, cela fonctionne bien et on se prend à revenir sur ses pas (ou ailes) afin de tester tous les carrefours. Car voilà sans aucun doute la feature la plus notable de ce Gryphon Epic Knight : il est possible de se retourner (en pressant L2, R2, ou Rond), afin de reculer dans le niveau.

Gryphon Epic Knight est aussi un shoot’em’up à défilement horizontal. Cyber Rhino Studios se devait de proposer tout un système chiadé afin de ne pas voir le soft se déséquilibrer. Là encore, tout n’est pas parfait dans les moindres détails, on pensera notamment à la hitbox de notre avatar, parfois assez suspecte. Heureusement, et c’est finalement le cas avec la plupart des composantes de ce jeu, l’essentiel est assuré. Les déplacements se font au doigt et à l’œil, et l’on a à disposition un arsenal satisfaisant. C’est ici qu’apparaît l’une des grosses références de Gryphon Epic Knight : Megaman. Le choix de parcourir tel ou tel level est laissé au joueur, et venir à bout du boss final (il existe aussi un boss intermédiaire à chaque endroit visité) provoquera le gain de l’arme de l’ennemi, utilisable contre un peu de magie via une jauge dédiée, et qui se restaure peu à peu. Une mécanique que l’on ne connaît que trop bien (Mighty No.9 l’a aussi récemment reprise)… et un peu sous-utilisée. En effet, ces armes ne brillent que par leur utilisation, et pas par les effets qui faciliteraient l’approche sur un ennemi en particulier. Du coup, le joueur se contente de trouver le style qui lui convient le mieux, et n’en changera sans doute pas jusqu’à la fin.

Pour atteindre cette conclusion, il va donc falloir venir à bout des différents niveaux de Gryphon Epic Knight, proposés sur une carte. Celle-ci offre aussi la possibilité de se rendre dans un magasin ou chez un magicien, histoire de dépenser l’or qu’on a gagné pendant les levels. La monnaie se remporte beaucoup plus facilement en difficulté intermédiaire ou supérieur, ce qui pousse à se frotter à une vraie adversité, le niveau facile l’étant beaucoup trop et ne rapportant que peu de pièces. Le système derrière le gain d’argent est d’ailleurs bien pensé : chaque cible détruite provoque une augmentation d’un combo, et plus celui-ci est important, plus le multiplicateur augmente, et plus vous serez riches. En tout cas assez pour ne pas arriver aux magasins les poches vides. Dans ces échoppes, vous pourrez acheter différentes potions (recharges de vitalité, magie etc), mais aussi des compagnons. Ces derniers vous accompagneront dans votre aventure, un à la fois et au choix du joueur, et apporteront une spécificité qui sera à recharger en récupérant des orbes que laissent derrière eux les ennemis vaincus. Par exemple, quand la jauge du compagnon « bouclier » se rempli une fois, vous pouvez encaisser un coup sans que cela n’impacte la barre d’énergie du joueur. Simple et efficace.

Chez le magicien, vous pourrez faire évoluer les armes, les compagnons, mais aussi les bonus débloqués via des runes cachés à retrouver au sein des niveaux. Un passage obligé pour qui veut boucler le jeu dans le mode le plus difficile, notamment afin de se débarrasser des boss. On peut aussi souligner des phases de jeu originales au sein même des levels, sortes d’énigmes certes aisées à élucider mais pas désagréables. Comme vous pouvez le constater, Gryphon Knight Epic possède certes des petites faiblesses, mais aucune ne vient gâcher le plaisir, certes superficiel, qu’on peut ressentir en parcourant le jeu. On éprouve pas mal de bonnes sensations, et finalement les bonnes idées prennent le dessus.

Technique et ambiance sonore : 3/5

image jeu gryphon knight epic
Image issue du Playstation Share.

C’est décidément le mot d’ordre de ce Gryphon Knight Epic : pas super, mais pas mauvais non plus. Précisons ici que le soft s’inscrit dans la veine néo-rétro (comme NeuroVoider, par exemple), avec du pixel bien pensé pour être visible. On ne cache pas que, chez Culturellement Vôtre, ce style est apprécié. La technique pure du jeu fait cependant un peu tiquer sur certains passages. Le niveau du désert n’est pas beau, clairement, par contre celui du village de Simpeldorf est très mignon, et le level des montagnes Dödlig grâce au quelques animations qui s’y déploient dans les différents plans. Aussi, on regrette quelques ralentissements rencontrés à certaines occasions. Enfin, la direction artistique est assez générique et, plus gênant, n’a pas été spécialement bien pensée pour les ennemis. Ainsi, on se retrouve avec des sprites adverses parfois sans trop de liens avec l’environnement que l’on traverse. Dommage, car le pixel art est maîtrisé dans l’ensemble.

Côté ambiance sonore, Gryphon Knight Epic rattrape en bonne partie le coup. Le trio, formé par Cicero Bordignon, Jean Gengnagel et Marcelo Rosa (signalons aussi Guilherme Moraes aux arrangements de piano et Yuri Witte, nommé dans les crédits en « Musique Extra »), fonctionne idéalement et certains thèmes restent bien en tête. Le sound design est aussi de bonne facture. On a apprécié par exemple l’atmosphère de la taverne, avec ses bruits de discussion lointains, et on aime entendre l’écoulement de l’eau quand on passe au-dessus d’un tel environnement.

Durée de vie : 3/5

image playstation 4 gryphon knight epic
Image issue du Playstation Share.

La durée de vie est très courte si vous vous contentez de parcourir Gryphon Knight Epic en mode Facile : comptez sur deux à trois heures de jeu en ligne droite. Par contre, si vous voulez le boucler en Difficile, augmenter toutes les armes, trouver toutes les Runes (une par level), trouver tous les petits secrets et clins d’œil, ou encore débloquer les Trophées, alors vous pouvez tabler sur au moins 5 heures de jeu, ce qui est plutôt honnête pour un shoot’em’up.

Note finale : 10/20

Gryphon Knight Epic est typiquement ce genre de jeu qui offre une bonne base à un studio qui, on l’espère, poussera le concept avec un prochain jeu. La feauture principale, changer de direction au sein d’un niveau afin de permettre une dose d’exploration, n’est pas utilisée à fond. C’est encore un peu schématique, embryonnaire, seulement on sent aussi que c’est une bonne idée, et Cyber Rhino Studios serait bien inspiré de pousser dans cette direction. Dans l’ensemble, le jeu souffle le chaud et le froid, mais s’avère finalement sympathique pour qui aimerait s’offrir un shoot’em’up pas trop prise de tête. Certes, c’est vite joué, vite oublié, mais cela donne des motifs d’espoir à ce studio brésilien motivé et passionné.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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