Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Playstation 4
- Playstation Vita
- Développeur : Nippon Ichi Software
- Editeur : NIS America
- Date de sortie : 27 octobre 2017
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Introduction
Voilà un an, Nippon Ichi Software sortait (exclusivement sur Vita, ne le cherchez pas ailleurs) Yomawari : Night Alone, survival horror tout en 2D, qui avait su se faire une très bonne réputation auprès des amateurs du genre. Il faut dire que, malgré un cheminement plutôt court, la frayeur était bien au rendez-vous, prenant à contre-pied une direction artistique gentillette, kawai, à première vue. Une histoire de petite fille, et de yôkai (spectres japonais), le tout dans une ville plongée dans le noir : ça faisait mouche, très clairement. Fort de ce constat, le studio a décidé de lancer une suite, Yomawari : Midnight Shadows, cette fois-ci aussi disponible sur Playstation 4.
Histoire : 4/5
Le scénario de Yomawari : Midnight Shadows n’est pas spécialement hyper-étoffé, pourtant il fonctionne du tonnerre. Après un prologue qui marque le joueur (c’était déjà le cas dans l’itération initiale), on incarne non pas une fillette mais deux : Haru et Yui. Alors qu’elles assistent à un feu d’artifice, l’une d’elle confie qu’elle va devoir déménager, ce qui attriste le duo. De retour du spectacle, elles vont faire face à un événement aussi étrange que dangereux et, en conséquence, seront violemment séparées. Chacune va devoir traverser de nombreuses épreuves, échapper à des phénomènes paranormaux agressifs et sanguinaires, afin de se retrouver. On retrouve aussi des clins d’œil au premier épisode, mais rien de très évident et tant mieux : les nouveaux-venus peuvent se lancer dans cette sinistre aventure sans avoir en tête le précédent opus.
Le duo est ce qui change la donne en terme de rythmique. Dans Yomawari : Midnight Shadows, on multiplie les points de vue par deux, et Nippon Ichi Software réussit à plutôt bien se tirer de cet exercice de style pourtant dangereux. Le tempo qui s’installe joue en faveur de la frayeur, alors qu’il aurait pu le saborder. C’est grâce à un découpage finement pensé, qui ne met jamais la forme en avant : on quitte un personnage quand il y a nécessité, et non par une simple volonté de fabriquer du cliffhanger. L’ambiance délicieusement anxiogène se charge du reste, accompagnant découvertes et avancées du récit avec une anxiété de tous les instants, grâce à un mélange de fragilité des personnages (on verra que c’est dû au gameplay), et une utilisation intelligente des légendes japonaises. On aurait aimé plus de détails sur les yôkai rencontrés, pourquoi pas via un carnet qui les décrirait, mais on se contente de leur sens par leurs actes, qui racontent aussi beaucoup de choses. Seul véritable bémol : le jeu est sous-titré en anglais, mais tout de même facile d’accès. Vous pouvez ranger votre traducteur.
Gameplay : 4/5
Si vous avez joué au précédent jeu, Yomawari : Midnight Shadows vous donnera l’impression de vous déplacer en terrain connu, ce qui pourra s’avérer une impression un peu dommageable pour certains. On fait toujours face à un jeu en 2D, dans une ville qui permet des déplacements en 3D. La ville, explorable dans certaines limites (imposées par des barrières visibles, ce qui atténue de beaucoup la frustration), offre un terrain de jeu ouvert, propice aux rencontres monstrueuses. La seule façon de vous en sortir est de voir l’ennemi, pour cela vous aurez droit à une lampe torche. Pas d’armes, pas de moyens de se défendre. Juste cette source de lumière, qui pourra aussi vous jouer des tours : certains yôkai n’aiment vraiment pas être sous les feux des projecteurs. Alors attention à éclairer votre chemin avec parcimonie, tout en essayant de bien garder l’oreille attentive à ce qu’il se passe autour de vous.
Quand vous avez remarqué l’un de ces spectres (ou le contraire, ce sera aussi fréquent), il va falloir les dépasser, afin d’explorer et rejoindre des endroits fatidiques pour le cheminement. Pour se débarrasser des menaçants esprits, la meilleur façon est de se planquer derrière un buisson, ou autres cachettes du genre. Vous pourrez aussi, selon le monstre en face de vous, balancer un objet afin de faire diversion. Par exemple, le spectre-chien ira voir ailleurs si vous envoyez une pierre dans sa direction. Écrivons ici que la manipulation, afin d’utiliser un objet, est trop lourde, et c’est dommage tant certaines situations d’urgence demandent au joueur d’être au taquet. Une énorme partie du travail sur l’ambiance de Yomawari : Midnight Shadows, le stress ressenti face aux différentes situations, provient de ce gameplay certes simple, mais bonifié de choix intéressants. Celui de nous donner une jauge d’endurance (mieux équilibrée que dans le précédent opus, c’est à souligner), dont la puissance évolue selon les événements, en est l’un des bons exemples. Quand vous avez été repéré, ou quand vous assistez à un phénomène inexpliqué (comme un ballon qui rebondit tout seul, tranquilou), votre cœur se met à battre la chamade, et votre avatar s’essouffle plus vite. Problématique, quand on a à ses trousses un yôkai énervé.
Autre évolution, par rapport au jeu précédent, Nippon Ichi Software a décidé de multiplier les points de sauvegarde, activables en confiant une pièce à un autel. Tant mieux, cela permet de moins criser quand on meurt, à grand renfort d’hémoglobine. Ils servent aussi de point de téléportation, et c’est une donnée importante tant, mine de rien, la ville peut s’avérer longue à traverser. Par contre, ne pensez pas que le Yomawari : Midnight Shadows est une promenade de santé, loin de là. La difficulté est bien présente, et il faudra mémoriser les menaces, afin de ne pas se faire prendre dans des pièges évitables. Mourir est monnaie courante dans cet univers, et la rapidité de la renaissance veut bien dire qu’il va falloir s’habituer à l’échec. Il faut aussi préciser que, en cours de route, les personnages récupéreront des objets, pas toujours utiles, et parfois des notes afin d’approfondir l’histoire. Enfin, si vous êtes perdus dans le patelin (et ça arrivera plus d’une fois), une carte, qui se dévoile au fur et à mesure, est disponible dans le menu. Bon choix de la part du studio de développement : celui de ne pas donner l’opportunité au joueur de planter un repère, à suivre ingame via des indications précises. Vous allez devoir faire attention où vous mettez les pieds, constamment, et ça donne une impression d’insécurité qui ne fait que rajouter à l’anxiété ambiante.
Technique et ambiance sonore : 4/5
La 2D de Yomawari : Midnight Shadows accouche d’un rendu particulier, à la fois mignon et effrayant. C’est un paradoxe qui est parfaitement utilisé dans l’introduction, pendant laquelle on est tour à tour émerveillé par du bon scrolling parallaxe, avant de plonger dans une atmosphère beaucoup plus dramatique. Le contraste entre les deux avatars, gentiment mignonnes, et les yôkai, fonctionne aussi très bien, apporte un côté malsain très efficace. On remarque aussi que les environnements sont un peu plus diversifiés que dans le premier opus, avec plus de verdure notamment. Certes, il faut apprécier le pixel, et certains passages font un peu bouillie, mais le charme fonctionne. D’autant plus que l’ambiance sonore figure aux grandes satisfactions. Pas de musiques, mais un gros travail sur les sources de bruitages angoissants, alarmants. Dans certains contextes, un simple lampadaire qui grésille vous glacera le sang, n’en doutez pas une seule seconde.
Durée de vie : 3/5
Il vous faudra une petite dizaine d’heures pour voir la fin de Yomawari : Midnight Shadows. Et quelques une de plus pour bien farfouiller la carte. Le chiffre en lui même est bon, et assure une durée de vie dans la moyenne du genre. Cependant, il n’y a que peu de raisons d’y revenir après cela, sauf si vous êtes du genre à parfaire une expérience, jusqu’au trognon. La saveur très die and retry de l’ensemble peut, effectivement, pousser au run parfait.
Note finale : 15/20
Avec Yomawari : Midnight Shadows, Nippon Ichi Software réussit à prolonger les bonnes impressions nées du précédent opus. Sans ne rien révolutionner à la recette, ce qui pourra faire tiquer les intégristes de l’originalité, le soft nous enchante effraie au possible, prenant à contre-pied une direction artistique à première vue inoffensive, ce qui s’avère finement terrifiant. Comme quoi, les apparences sont souvent trompeuses. Une formule qui s’applique aussi à un gameplay simple mais bigrement bien maitrisé. Tout a été choisi pour nous mettre mal à l’aise, et l’objectif est atteint : on flippe, beaucoup.