Nous vous en parlions le mois dernier, mais cette fois ça y est : Vinyl, la nouvelle série de HBO produite par Mick Jagger et Martin Scorsese est diffusée depuis lundi soir sur OCS City, qui fait partie des offres CANAL. Nous avons pu visionner le flamboyant épisode d’ouverture de la série, un morceau de bravoure d’1h55 réalisé par Martin Scorsese himself.
La série démarre en 1973 et met en scène le parcours de Richie Finestra (Bobby Cannavale), fondateur du label American Century Records, au bord de la faillite, et dont le rachat par une grosse maison de disques allemande est en cours de négociation. Led Zeppelin, alors en pleine ascension, doit signer, mais une modification de contrat effectuée dans le dos du groupe mené par Robert Plant met fin à cet espoir inespéré pour le label de rebondir. Richie et ses associés doivent signer de nouveaux talents et vite. Le chanteur punk Kip Stevens (incarné par James Jagger, fils de Mick), déniché par l’assistante Jamie Vine (Juno Temple), est-il la perle rare que ce fou de musique recherche désespérément ?
Un réalisateur en osmose avec son sujet
Porté par une séquence d’ouverture et de clôture sensorielle et virtuose, le pilote de Vinyl se présente comme un long-métrage à part entière, réalisé de main de maître par Martin Scorsese, qui maîtrise son sujet. Cela n’est évidemment pas une surprise : cinéaste phare des années 70, de ce « Nouvel Hollywood », pour reprendre l’expression du journaliste américain Peter Biskind, qui a révolutionné le cinéma américain, Scorsese est également un véritable mélomane, peaufinant les B.O. de ses films avec maestria, sachant exhumer des morceaux oubliés ou utiliser des standards dont on pensait avoir fait le tour, pour les intégrer de manière magistrale à ses œuvres. Grand amateur de rock et de blues, le cinéaste a par ailleurs réalisé plusieurs documentaires sur la musique, dont le film Shine a Light (2008), qui suivait la tournée A Bigger Bang des Rolling Stones, justement.
L’adéquation entre le réalisateur et le sujet traité est ainsi parfaite et la collaboration avec Mick Jagger promettait une véritable immersion dans l’époque et le milieu. Au vu de ce pilote fiévreux, c’est en effet le cas. On ne trouvera rien à redire concernant la reconstitution d’époque faisant revivre sous nos yeux le New-York sale et dangereux que le réalisateur avait si bien su capter dans ses films des années 70, de Mean Streets à Taxi Driver. La bande originale, comme l’on pouvait s’y attendre, est d’une grande qualité, mélange de rock, de blues mais également de disco. Les gros standards ont été écartés au profit d’une sélection de titres d’époque moins familiers interprétés par des grandes pointures (Otis Redding, Dee Dee Warwick, The Meters…) ou les artistes vus dans la série, sans oublier une petite poignée de morceaux inédits interprétés par les acteurs.
Ce double épisode comporte plusieurs longues séquences musicales sans dialogue où la passion brute pour la musique éclate. Si Vinyl parle beaucoup (avec humour et justesse) du sens des affaires de Richie Finestra et des subtilités de l’industrie musicale, avec ses contrats exploitant les artistes, dans ces longs passages musicaux, c’est tout l’amour du personnage pour la musique, la raison première qui l’a poussé à faire ce métier, qui transparaît. La série, finalement, apparaît comme la lutte de cet homme pour garder son bateau à flot tout en apportant une véritable pierre à l’édifice. Entre cynisme et sincérité, Richie Finestra oscille et se perd parfois et cette longue introduction donne envie de voir la suite de ses aventures.
Une approche nouvelle ?
Alors évidemment, on trouvera malgré tout quelques petits bémols pour nuancer ce concert de louanges. Le premier étant que, malgré tout le talent de Scorsese et la pertinence de l’approche, ce pilote ne parvient pas vraiment à surprendre, que ce soit par le portrait qui est fait des personnages (pas forcément original) ou les grandes lignes de l’intrigue, finalement assez conforme à la représentation du milieu et de l’époque dans d’autres films tels que Presque célèbre. La représentation du monde des affaires, avec ses magouilles et ses subtilités de contrat, bien connues des artistes mais bien plus obscures pour le grand public, constitue finalement la vraie nouveauté et ce choix d’observer les artistes à travers le regard des dirigeants de labels distingue véritablement Vinyl des autres oeuvres au sujet similaire.
Il faudra néanmoins que Terrence Winter (Les Soprano, Boardwalk Empire), le showrunner, garde le cap durant les 9 épisodes restants et bouscule sensiblement des codes du genre. Ce premier épisode promet beaucoup de scènes « sex, drugs & rock’n’roll », de rebondissements et de passages déjantés. On espère seulement que la série se hissera au-delà, pour véritablement nous raconter quelque chose sur la musique et son exploitation à cette époque. Mick Jagger et Martin Scorsese ont commencé à parler de ce projet il y a maintenant 10 ans, Terrence Winter possède de solides bagages, tous les éléments sont donc réunis pour que la sauce prenne, au-delà de ce morceau de bravoure typiquement scorsesien.
C’est donc avec impatience que nous attendons la suite de la série, qui sera diffusée chaque semaine sur OCS City, 24h seulement après les États-Unis. Le pilote, agréable mise en bouche dans lequel Martin Scorsese s’est investi avec un plaisir communicatif, nous a accrochés, la suite devra confirmer tous les espoirs placés dans ce projet du plus haut standing. On vous conseille en tout cas vivement de regarder ce premier épisode, disponible en replay sur OCS. Les playlists des différents épisodes seront quant à elles disponibles sur Spotify et Deezer chaque semaine.
Vinyl, saison 1 (10 épisodes), 2016. Diffusion à partir du 15 février 2016 sur OCS City et à la demande sur OCS Go 100% cinéma séries.
https://www.youtube.com/watch?v=H7ONsmNALIU&feature=youtu.be