Caractéristiques
- Titre : Le Météore de la Nuit
- Titre original : It Came from Outer Space
- Réalisateur(s) : Jack Arnold
- Avec : Richard Carlson, Barbara Rush, Charles Drake, Joe Sawyer, Russiell Johnson
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 6 juillet 2016
- Date de sortie originale en salles : 25 mai 1953 (Etats-Unis)
- Durée : 80 minutes
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 5/5
Un master d’une propreté remarquable, de la part d’Elephant Films. C’est incroyable comme l’argentique donne des résultats jouissifs en Blu-Ray : le grain est une pure merveille et si quelques légères imperfections subsistent, cette édition est de loin la plus aboutie en France.
Son : 4/5
Le Météore de la nuit est proposé en français et en version originale sous-titrée dans la langue de Molière, toutes les deux en DTS-HD 2.0. La VF est peut-être un peu moins bien équilibrée, et un souffle se fait entendre. Par contre, le doublage est très sympathique, bien dans le ton. La VOSTFR est plus propre. Globalement, on est exactement dans ce que l’on peut attendre d’une édition sérieuse.
Bonus : 3/5
On a droit à une présentation du Météore de la Nuit par Christophe Lemaire, journaliste émérite et surtout cinéphile pointu, qui nous informe sur pas mal d’éléments pendant près de 20 minutes. C’est peu en nombre, mais qualitatif. Signalons les habituelles bandes-annonces et galerie photos.
Synopsis
Une soucoupe volante en panne atterrit dans le désert d’Arizona. Les extraterrestres, sorte de globes oculaires géants, prennent l’apparence des êtres humains qu’ils hypnotisent.
Le film
Parmi les grands classiques de la science-fiction américaine, Le Météore de la Nuit tient une place de choix. Loin d’être le plus impressionnant du genre, même à l’époque de sa sortie, en 1953, celui qui est sans doute aussi connu sous son titre américain It Came from Outter Space a marqué toute une génération de spectateurs… et de réalisateurs. Le plus connu d’entre eux étant sans conteste John Carpenter, qui fera fortement référence au Météore de la Nuit dans son The Thing.
Et si l’on est bien entendu face à un film délicieusement désuet dans ses effets-spéciaux, nous sommes tout de même assez surpris par certaines idées de mise en scène qui font du Météore de la Nuit un film qui fonctionne toujours très bien aujourd’hui. Jack Arnold est un honnête artisan, pas un grand réalisateur, pourtant son sens de la grammaire formelle fait en sorte qu’il arrive à souligner une impression de paranoïa déjà très présente de par son scénario. Il règne dans ce film une ambiance suffocante, bien entendu liée à la situation géographique du récit, mais aussi à la maîtrise du langage visuel du réalisateur. Le meilleur exemple est la séquence de la première « rencontre » entre le héros et l’un des extra-terrestres, qui joue avec talent sur la montée en puissance du suspense autant via les dialogues que par les changements de valeur de plan. Il y a, à cet instant précis, un peu de Howard Hawks dans Le Météore de la Nuit. Oui, carrément.
On lit souvent que Le Météore de la Nuit serait « typique de la SF des années 1950 ». Voilà une affirmation avec laquelle nous sommes très mal à l’aise tant, en vérité, c’est l’exact contraire qui s’exprime à l’écran. Le genre et l’époque ont donné des œuvres implicitement anti-communistes, qui profitent de l’archétype de la menace extérieure pour tirer plusieurs cordes : peur du coco donc, mais aussi du nucléaire. Si l’on retrouve bien une ligne de dialogue concernant ce dernier point, il est indéniable que le film de Jack Arnold ne rentre pas dans l’horrible jeu d’Hollywood, qui aura provoqué bien des malheurs à certains artistes. Quelques séquences du Météore de la Nuit sont même de vraies piques contre l’état d’esprit américain, pointant du doigt la violence qui emballait cette société très renfermée sur elle-même.
Le Météore de la Nuit, en fait, n’est pas un film d’invasion, mais de départ. Les humains perçoivent « l’autre » comme un envahisseur, alors qu’il ne cherche qu’à fuir cette planète inhospitalière. Il existe donc un fort écho avec notre actualité sociale, et surtout le film se place comme l’exact contraire de la très grande majorité des films hollywoodiens des années 1950. La paranoïa qui suinte de cette œuvre est en fait la nôtre, bien aidée tout de même par des agissements parfois très peu adaptés à ce qui forme la culture américaine. Voilà une construction fondamentale tout sauf classique, donc. Le Météore de la Nuit est un passage obligé de la science-fiction américaine, bourré de qualités et charmant dans la désuétude de ses effets spéciaux. Une perle à posséder pour tout cinéphile qui se respecte.