[Test – Blu-Ray] Frankenhooker – Frank Henenlotter

Caractéristiques

  • Titre : Frankenhooker
  • Réalisateur(s) : Frank Henenlotter
  • Avec : James Lorinz, Patty Mullen, Joanne Ritchie, Joseph Gonzalez
  • Editeur : Carlotta
  • Date de sortie Blu-Ray : 7 septembre 2016
  • Date de sortie originale en salles : 21 août 1991 (France)
  • Durée : 84 minutes
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Image : 5/5

Frankenhooker est ici présenté dans un master admirable, qui offre un confort de visionnage conséquent. Certes, quelques plans sont atteints de petites anicroches dues au temps qui passe. Mais la qualité du piqué, ce niveau de détails irréprochable, l’effort consenti sur la colorimétrie, et le format respecté : tout est fait en sorte pour que l’on puisse (re)découvrir ce film dans les meilleures conditions.

Son : 4/5

Cette édition de Frankenhooker propose le film en français et version originale sous-titrée. La VF en DTS-HD Master Audio 2.0 a tendance a écraser un peu tout sur son passage, plaçant les dialogues au-dessus des musiques et ambiances sonores. Seulement voilà, la version française est aussi un passage obligé de par son doublage pour le moins cocasse et truculent, dans la même lignée que celui d’Elmer Le Remue-Méninges. La VOSTFR, toujours en DTS-HD Master Audio 2.0, offre un équilibre moins primaire, une profondeur des sources plus satisfaisante, donc est tout aussi conseillée.

Bonus : /

La bande annonce de Frankenhooker est le seul bonus de cette édition.

Synopsis

Jeffrey Franken aime s’adonner à des expériences scientifiques singulières durant son temps libre. Lorsque sa fiancée Elizabeth se fait hacher par une tondeuse à gazon, le jeune homme va tenter de la ramener à la vie. Il lui suffit pour cela de rassembler des parties de corps humains et d’y greffer la tête d’Elizabeth, qu’il a conservée précieusement…

image br frankenhooker

Le film

Après une première vague très axée sur l’auto-défense, le système défaillant et l’action débridée (retrouvez nos test de Maniac Cop, Exterminator, Blue Jean Cop et Le Scorpion Rouge), Carlotta remet le couvert avec sa très sympathique Midnight Collection. Cette fois-ci, nous allons voir que le thème est en fait un réalisateur, culte s’il en est (et qui sera à l’honneur de l’Étrange Festival 2016) : Frank Henenlotter, dont nous allons retrouver 4 de ses étranges films. Au programme, Basket Case 1, 2 et 3, et un certain Frankenhooker que nous abordons dans cet article.

Frankenhooker, une version du célèbre monstre imaginé par Mary Shelley qui ne pouvait naître qu’au sein d’un esprit apte à la transgression. Cela tombe bien, Frank Henenlotter est sans doute l’une des sommités en la matière ; lui qui, nous le verrons dans un prochain article, a dédié son Basket Case à un certain Herschell Gordon Lewis (le pape du genre « gore »). Tout menait l’auteur sur le chemin du mythe Prométhéen, lui dont la vision, le style, résulte aussi consciemment qu’inconsciemment de la somme considérable de films bis qu’il s’est envoyée dans un New-York encore capitale de la cinéphilie déviante. Jusque dans son nom, dont les trois premières lettres accrochées au prénom forment des syllabes pour le moins parlantes, tout ramenait à cette figure classique de l’horreur.

image carlotta frankenhooker

Seulement, Frankenhooker est tout sauf classique, et les amateurs du cinéma de Henenlotter ne le savent que trop bien : ce n’est pas le genre de la maison que de rester dans les clous. L’histoire se base sur une variation sexuelle déjà à l’œuvre dans La Fiancée de Frankenstein (dans un autre style, bien entendu), ou dans Re-animator 2, sorti la même année que le film ici traité (1990). Recréer l’humanité, c’est aussi recréer la sexualité, et cette dernière ne pouvait qu’être déviante sous l’œil délicieusement dégénéré de Frank Henenlotter. Tout commence par un accident transformant en charpie la bien-aimée d’un génie de la science. Cette séquence d’ouverture pose les bases de la tonalité qui s’exprimera pendant le reste de Frankenhooker, mais aussi elle rappelle le cachet du metteur en scène : c’est drôle, grotesque, et très acide.

Frankenhooker nous présente Jeffrey, un scientifique torturé par la mort accidentelle de sa petite amie, qu’il a tout de même pas mal provoquée du fait de sa folie créative. Celle-ci fera toujours des ravages quelques mois plus tard, alors qu’il sombre clairement dans la démence. Sa mère, incapable de comprendre son attitude et lui conseillant de se trouver une nouvelle fiancée, ne lui sera absolument d’aucune aide. Alors que Jeffrey arrive au terme de son étude sur le « réassemblage » humain, tout en s’organisant des dîners avec les restes de sa petite amie qu’il a su conserver (séquence à ne pas louper !), il lui vient à l’esprit qu’il lui faudra des membres « neufs », notamment afin de sculpter le corps de sa bien-aimée à son goût. Il se met alors en chasse dans un New-York sordide, où les prostituées côtoient les dealers et autres âmes perdues sur le bitume.

image midnight collection frankenhooker

Frankenhooker est un pur délire qui ne recule devant aucun effet pour arriver à ses fins. Parfois cheap à en mourir (de rire), l’œuvre se nourrie de cet aspect pour gagner cette patte glauque que Frank Henenlotter sait maîtriser à la perfection. Sans en raconter trop, écrivons que la galerie de personnages, si elle est finalement assez réduite, est à l’origine de situations ubuesques, créant un cheminement vers un finale en apothéose qui ne fait pas mentir le titre. L’empourprée créature Prométhéenne, incarnée par la playmate Patty Mullen, déambule alors dans les rues de la ville d’une démarche pour le moins incertaine, et grimace avec un talent certainement jalousé par Jim Carrey lui-même. Sorte de conséquence à échelle humaine de tous les vices de la Big Apple d’alors, la créature régurgite le phrasé de chacune des (nombreuses) prostituées dont elle est le fruit, et ne dénote même pas dans ce décor urbain en perdition jusqu’à un final que l’on qualifiera de renversant.

Frankenhooker est clairement une gaudriole emprunt des sujets favoris de Krank Henenlotter, peut-être traités de manière un peu moins frontale que dans d’autres de ses œuvres mais tout de même prégnants. Ainsi, Jeffrey ne peut être créatif sans se remuer les méninges. Ce n’est pas Elmer qui l’y aidera, mais une perceuse électrique qu’il s’enfonce joyeusement dans le crâne, sorte de substitue imagé du recours aux drogues. La famille est aussi traitée, toujours avec un œil bienveillant mais critique : si la mère du scientifique n’est pas une harpie, elle est tout de même trop déconnectée de son fils pour le comprendre fondamentalement, ou même pour lui déceler un déséquilibre mental certain avant même la mort accidentelle de sa petite amie. Évidemment, New-York et sa faune désenchantée est un personnage à part entière, même si l’on aurait apprécié plus de ces plans de déambulation en extérieur qui, clairement, représentent l’un des grands moments non seulement du film mais aussi de la carrière du réalisateur. On se demande, d’ailleurs, si le metteur en scène avait les autorisations de tourner, tant certaines réactions de passants font penser le contraire. Tout cela fait de ce Frankenhooker est un passage obligé pour tout cinéphile à tendance déviances, mais aussi pour celles et ceux qui recherchent un véritable trip cinématographique.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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