Caractéristiques
- Réalisateur : Marcus Duncan
- Avec : Josh Stewart, Luke Edwards, Alex Essoe
- Durée : 86 minutes
- Année de production : 2016
- Genre : Thriller
Synopsis
Lorsque John rentre chez lui, il découvre que Rosie, sa compagne, a disparu. Il se rend chez son voisin, mais personne ne répond. Il pénètre dans la demeure et découvre au sous-sol plusieurs personnes séquestrées dans des cages… dont Rosie.
La critique
L’Étrange Festival, c’est un endroit qui demande à ce que les cinéphiles acceptent de laisser leurs idées reçues au vestiaire, ce qui fait d’ailleurs tout son charme. On l’a encore vu cette année, par exemple, avec Sono Sion dont l’Antiporno nous reste en travers de la gorge alors que le réalisateur fait parti de nos chouchous. Cette année, la programmation nous réserve un film signé Marcus Dunstan. Un metteur en scène qui, s’il est d’une sympathie, d’une bonhommie incontestable, ne nous a pas toujours convaincus tout au long de sa carrière de scénariste. Alors, The Neighbor est-il plutôt un bon moment à la The Collector, ou une déception dans le style de The Collection ?
Marcus Dunstan persiste et signe dans le sous-genre du home invasion. Ce qui, de base, ne nous enchante que très peu : on est un peu arrivé au bout du propos de cette situation pour le moment, et le réalisateur n’est pas du genre à révolutionner quoi que ce soit. Heureusement, The Neighbor renverse la donne afin d’éviter, pour un temps du moins, l’impression de déjà-vu : c’est au personnage principal d’investir la maison de ses bourreaux, ceux-ci étant d’odieux kidnappeurs ayant décidé de s’en prendre à sa femme. Le problème est que cette idée, intéressante sur le papier, n’est jamais réellement exploitée à l’écran, la faute à une réalisation que l’on n’hésite pas (et on le regrette car on ne le répétera jamais assez : ce n’est pas agréable à écrire tant le travail d’un réalisateur est à respecter) à qualifier de désastreuse.
The Neighbor fait parti de ces films qui aiment à perdre le public sous des tonnes de plans hyper-cut et terriblement instables. On ne comprend rien à rien, le spectateur est sans cesse perdu au sein d’un gloubi-boulga indigeste, sans queue ni tête. Sans doute pour cacher un maximum le fait que rien de folichon ne se dégage du scénario, d’une faiblesse assez inouïe. Une ou deux séquences peuvent amuser, provoquer une légère hausse d’intérêt, notamment celle qui montre Rosie devenir une sorte de super-combattante qui défonce tout le monde. Le problème est que rien ne justifie ça dans l’écriture du personnage, c’est juste une sorte de gag rigolo mais terriblement grotesque au final tant il démontre que The Neighbor ne fonctionne que sur du vide, l’absence de sens.
On sauve tout de même la lumière, pas dégueulasse. Et la bande originale est une belle réussite, gros travail d’ailleurs sur l’ambiance sonore. Mais tout le reste de ce The Neighbor est pénible, importun. Et Marcus Dunstan le sait mieux que quiconque, lui qui tente de cacher l’indigence phénoménale de son scénario derrière des artifices et un humour décalé à la limite du ridicule gênant. C’est peut-être ce qui nous déçoit le plus de la part de ce metteur en scène pourtant doué : comment a-t-il pu se lancer dans une telle galère en sachant pertinemment qu’il n’avait rien entre les mains ?