[Test – Playstation 4] The Silver Case : Suda51, au commencement

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
  • Développeur : Grasshopper Manufacture
  • Editeur : NIS America
  • Date de sortie : 21 avril 2017
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 6/10

Introduction

Si Suda51 est un nom rentré dans l’esprit collectif des joueurs depuis un bail, peu d’entre eux ont pourtant pu découvrir l’intégralité de l’œuvre de celui qui a fondé Grasshopper Manufacture. Killer7, Contact, No More Heroes, Sine Mora, Lollipop Chainsaw ou encore le plus récent Let It Die, la carrière du monsieur est parsemée de jeux atypiques, pas spécialement des pépites pour la plupart mais des softs à part et très engageants. Un de ses titres les plus mystérieux, de par son indisponibilité en Occident, est The silver Case. Sorti en 1999 sur Playstation, et uniquement au Japon, ce Visual Novel est désormais disponible partout ailleurs, dans une version rehaussée de quelques nouveautés.

Histoire : 5/5

image test the silver case

The Silver Case est un Visual Novel, il ne cache jamais son jeu (contrairement à d’autres). Du coup, il faut s’attendre à lire, et pas qu’un peu. Seulement, et comme bien souvent avec ce genre de soft, le scénario est si travaillé qu’on a plaisir à se retrouver embarquer dans un énorme tunnel narratif. Sans ne rien vous spoiler, car vous vous rendrez vite compte que le cheminement scénaristique ne lésine pas sur les révélations importantes, écrivons que The Silver Case s’intéresse à Kamui Uehara, un psychopathe qui trouva un plaisir particulier en tuant des hommes politiques. En effet, une unité spéciale de la police enquête sur une série de meurtres rappelant les forfaits passés de Kamui, et c’est à nous, enquêteur (puis, plus tard dans le titre, un journaliste), qu’il revient de devoir arrêter l’assassin. Problème : vingt ans après ses crimes, personne ne sait à quoi il ressemble…

The Silver Case a donc une saveur de thriller toute particulière. Comme vous pouvez l’imaginer, Suda51 n’a absolument rien laissé au hasard, et soigne sa narration au possible. Loin du ton délirant (voire carrément parodique) de ses jeux plus récents, l’auteur construit avec grand soin ses personnages, mais aussi et surtout son univers. Car, si les dialogues sont évidemment mis en avant, on reste surtout grandement charmé par tout ce qui se passe autour des protagonistes : société dystopique, éléments tirant allégrement vers le fantastique notamment. Sombre, et très premier degré, sans notion d’échappatoire, The Silver Case captive d’un bout à l’autre, et renouvelle même l’intérêt avec l’arrivée d’un second personnage jouable…

The Silver Case, c’est donc un récit prenant, et il ne l’aurait pas été autant sans une mise en scène classe au possible. Elle l’est, et si on l’aborde dans le critère Histoire, c’est pour une simple et bonne raison : elle est un véritable ressort narratif. En jouant avec les cases, les superpositions, en explosant avec maestria la notion de cadre, parfois même de cadre dans le cadre, Suda51 arrive à nous rendre agréables quelques passages intentionnellement longs. Autre élément notable : l’utilisation des textes. On n’en écrira pas plus à ce propos, à part qu’on vous conseille d’être très attentif pendant que l’écriture défile…

Cette ressortie de The Silver Case s’accompagne de deux chapitres bonus : Whiteout Prologue et Yami. Les deux se situent après la fin d’origine, et si le premier est plutôt anecdotique, aussi bien en terme de contenu que de durée, le second est beaucoup plus intéressant. On y retrouve Tokio Morishima, et il sera question de point de vue pendant une affaire pour le moins importante pour étayer la compréhension globale. The Silver Case dévoile, donc, un scénario d’une bien belle qualité, même s’il faut prévenir les plus impatients d’entre vous : le rythme est parfois très changeant, et quelques passages pourront paraître longs, très longs. Peut-être l’auraient-ils moins été si les nombreux textes avaient été localisés en français…

Gameplay : 2/5

image suda51 the silver case

C’est surement ici que The Silver Case est le plus sujet à discussion : son gameplay à la fois différent et un peu lourdingue. Tout d’abord, il faut rappeler que nous faisons face à un jeu datant de 1999. Et même si Suda51 a tenté assez de choses pour que son soft soit original, on sent tout de même le poids des années agir sur l’œuvre. Les tunnels narratifs sont en bien plus présents que ceux qui vous demanderont d’interagir, mais ces derniers existent quand même. Quelques phases d’enquête vous seront proposées, et la méthode pour se déplacer pourra étonner bien des joueurs : il faut avoir recours à une roue, laquelle délivrera une action. Ainsi, il faut recommencer son jet jusqu’à ce que l’option qui nous intéresse soit choisie. Et croyez-nous, vous allez parfois vous tirer les quelques cheveux qu’il vous reste, tant cette originalité s’avère en fait plutôt un frein à la progression. Un regret, donc, et ce même si l’on comprend l’envie de faire autrement.

Technique et ambiance sonore : 3/5

image ps4 the silver case

On se doit de souligner quelques bugs rencontrés, notamment un qui a eu raison de notre sauvegarde, heureusement en tout début de test. Grasshopper Manufacture est au courant, et la situation devrait être réglée à l’heure où vous lirez ces lignes, via un patch. La direction artistique de The Silver Case est un véritable plaisir pour les yeux, comme nous l’écrivions plus haut. D’autant qu’elle est idéalement soutenue par des choix bien pesés par Suda51, qui a sciemment voulu une qualité d’image un peu « crade », afin de donner à l’ensemble une saveur pellicule de grande qualité. On apprécie aussi beaucoup le mélange entre écrans fixes, prises de vue réelles et segments animés. Il en ressort une cohésion un peu étrange, mais indubitable.

On attendait beaucoup de la bande originale de The Silver Case, car à la signature on retrouve deux (très) grands noms. Tout d’abord, celui qui a en charge de « nettoyer » les compositions : Akira Yamaoka. Vous le connaissez pour son travail sur Silent Hill, mais aussi sur pas mal d’autres jeux de Grasshopper Manufacture. L’artiste a assuré un travail de remixage efficace, mettant bien en valeur les excellentes musiques d’origine qui, elles, étaient signées Masafumi Takada (Danganronpa). On regrette juste qu’aucune voix n’aient été rajouté, cela aurait pu apporter un peu de peps en bonus.

Durée de vie : 3/5

image jeu the silver case

On avait approximativement dix-huit heures de jeu quand le générique de fin s’est déclenché, ce qui fait une belle longévité. Les deux chapitres bonus apportent un peu de contenu, gonflant de facto le résultat. De plus, la belle complexité, jamais superficielle, de l’intrigue de ce The Silver Case nous donne envie d’y revenir, une fois après avoir digéré le premier run.

Note finale : 13/20

Voilà donc un jeu dont la découverte se faisait désirer depuis de nombreuses années. Les fans de Suda51, et plus largement des travaux de Grasshopper Manufacture, trouveront ici un passage obligé. The Silver Case n’est certes pas un Visual Novel exempt de tous reproches, et le poids des années pèse indéniablement sur le résultat, mais l’intrigue rattrape amplement le coup. Très verbeux, c’est d’ailleurs le but de ce genre de soft, le titre se suit comme on lit un bon thriller, avec la patte Suda51 qui vient donner à l’ensemble une personnalité mémorable. Un jeu à découvrir, ne serait-ce que pour son importance dans l’Histoire vidéoludique.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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