Après un premier EP remarqué en 2013, le duo Wardell est de retour avec un premier album de 10 titres, Love/Idleness, sur lequel on retrouve le single « Oppossum » et le titre « Uptown Era ». Publié sur le label Roc Nation de Jay-Z, ce disque, sans révolutionner le folk-rock, devrait aider le frère et la soeur à prouver qu’ils ne sont pas seulement les enfants de Steven Spielberg.
Commençons par les points négatifs : le disque manque un peu de cet aspect naïf et rétro qui faisait tout le charme de « Oppossum », le single qui les a fait remarquer et qui est de loin le morceau le plus complexe de l’album, celui qui possède le plus de contraste. A part cette chanson d’ailleurs, aucun titre ne se démarque véritablement à la première écoute, ce qui demande de le réécouter pour s’en faire une idée plus juste.
En revanche, il y a un parfum de nostalgie qui se dégage au travers des mélodies et des paroles, ce qui fait le charme de l’album. Love/Idleness est le disque idéal à écouter en road trip en fin de journée, pour se détendre au soleil couchant (comme sur la pochette, tiens !) tout en discutant avec ses amis. La voix de Sasha Spielberg, belle et incarnée, nous embarque et les mélodies sont construites autour de sa voix, pour la mettre en valeur.
L’album parle beaucoup du fait de grandir et on ne peut s’empêcher de penser que cette nostalgie de l’enfance leur a été inculquée par leur paternel, qui a longtemps dit se reconnaître dans le personnage de Peter Pan, au point de tenter une adaptation très libre de l’histoire de James Barry (au passage, ses enfants ont détesté Hook).
Une musique ensoleillée très L.A.
Du reste, Love/Idleness fait partie de ces disques easy listening qui ne révolutionnent pas le genre mais font preuve de sincérité et de chaleur. Cela se ressens immédiatement avec « Funny Thing », qui ouvre l’album : il y a une sorte d’immédiateté qui rend le titre, tranquille, presque nonchalant avant la montée en puissance finale, foncièrement attachant. Quand au morceau qui suit, « Dancing on the Freeway », il y a un petit son 80’s à la Blondie (un son qu’une artiste comme HollySiz s’est récemment réapproprié avec bonheur) qui se dégage et donne envie de danser et chanter à tue-tête. De manière générale, la musique de Wardell est aussi ensoleillée que leur Los Angeles natal et cet aspect assez cool qui fait leur charme pourra aussi en agacer certains. Ceci dit, passé la première écoute, la musique des Spielberg se révèle vraiment et, tout aussi tranquille et décontractée soit-elle, elle ne manque pas de contrastes subtils qui en font tout le sel. Alors oui, il n’y a pas forcément ce brio immédiat qu’on ressens dans « Oppossum » avec ses airs 60’s et sa progression géniale, mais le disque, qui n’affiche que 33 minutes au compteur et passe donc très vite, mérite vraiment d’être réécouté pour être apprécié à sa juste valeur.
Au milieu de titres plutôt rock ou folk-rock, « Virginia, Wait » et son son acoustique offre un contraste bienvenu et constitue un joli portrait de femme ordinaire avant de revenir au son plus rock de « Uptown Era », déjà présent sur l’EP Brother/Sister. Un titre lent, mellow, qui s’envole lentement mais sûrement et possède une belle puissance. Dans la deuxième moitié de Love/Idleness, seul « Heaven’s Keepers » et ses choeurs légèrement électro est un peu plus en demi-teinte et serait davantage dispensable. On aurait préféré retrouver leur titre « Eli », lui aussi présent sur l’EP, à la place, le son rétro (sur un mode rock plus ténébreux) faisant le lien avec « Oppossum », l’avant-dernier titre de l’album. Je vous ai déjà suffisamment vanté les mérites de ce titre pour m’y arrêter davantage, si ce n’est pour dire que non content d’être brillant et de posséder une très belle progression, il s’agit du titre feel-good par excellence, du genre qu’on écoute dès le petit matin pour passer une bonne journée et qu’on passera aussi facilement en soirée.
Du coup, forcément, le titre qui clôt l’album, « Pray to the City », court et très nonchalant, souffre un peu de la comparaison et constitue une fin moins forte, plus banale que si le frère et la soeur s’étaient tout simplement arrêtés sur leur tube. Cela ne retire cependant rien à la qualité de l’ensemble, réelle. Alors oui, la musique des Wardell est représentative de cette coolitude décontract’ de Los Angeles qui peut énerver (en plus, ce sont les gosses de Spielberg, ne manqueront pas de dire certains), mais ces jeunes musiciens sans prétention sont des plus attachants et on ne manquera pas de suivre leur évolution, en espérant qu’il y ait un deuxième album.