Caractéristiques
- Titre : Le Bourgeois Gentilhomme
- Réalisateur(s) : Pierre Badel
- Avec : Michel Serrault, Rosy Varte, Roger Carel, Jean-Pierre Darras
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 3 Février 2016
- Date de sortie originale en salles : 1968
- Durée : 129 minutes
- Note : 5/10 par 1 critique
Image : 3/5
Un master qui accuse les dommages du temps. Cependant, et étrangement, le charme opère, tant le travail fut sérieux à la photographie.
Son : 3/5
Une seule piste, Dolby Digital Stéréo 2.0. Elle fait le boulot, tous les dialogues sont bien mis en relief, et c’est le plus important.
Bonus : – / 5
Des bandes-annonce et un lien Internet.
Synopsis
Étant un bourgeois, M. Jourdain entend acquérir les manières des gens de qualité. Il décide de commander un nouvel habit plus conforme à sa nouvelle condition et se lance dans l’apprentissage des armes, de la danse, de la musique et de la philosophie, autant de choses qui lui paraissent indispensables à sa condition de gentilhomme.
Critique du film
Parmi les nombreuses pièces de Molière, Le Bourgeois Gentilhomme est assurément l’un des sommets. Aucunement l’envie de nous adonner à un cours d’histoire de l’art, si vous ne connaissez pas la pièce il faut absolument vous la procurer au plus vite, mais il est bon d’en rappeler les spécificités. Cette comédie-ballet fut produite pour ridiculiser Soliman Aga, représentant de l’Empire ottoman, et notoirement loin d’être impressionné par l’allure de Louis XIV. En réaction, Molière, alors proche du Roi-Soleil, se charge de régler les comptes avec une classe à toute épreuve, bien loin des putasseries de notre temps que l’on appelle « clash ». Pour se faire, il s’entoure notamment de l’illustre compositeur Jean-Baptiste Lully. Une véritable dream team.
L’adaptation du Bourgeois Gentilhomme, qui nous intéresse ici, est en fait un téléfilm, réalisé par Pierre Badel, un grand professionnel de la télévision décédé en 2013. Petite anecdote, le metteur en scène remettra le couvert en adaptant la pièce une seconde fois, en 1981, et toujours pour le petit écran. On sait alors que nous sommes devant un programme très calibré, et sans grands moyens. Cependant, il serait erroné de penser juger une adaptation de Molière sur les moyens de la production, tant l’intérêt est ailleurs.
Tout d’abord, précisons que cette adaptation du Bourgeois Gentilhomme fut tourné, en 1968, au château de Nandy, ce qui donne au film un cachet agréable, « véridique », fidèle à ce qu’on peut s’imaginer du texte. D’ailleurs, c’est la volonté de donner dans la fidélité qui fait de cette version une réussite. Les décors bien sûr, mais aussi les costume et les ballets, tout semble sortir de l’imagination que chaque lecteur a pu mettre en œuvre à la lecture de la pièce. Pas d’envie de modifier la prose, pas de réalisateur trop imbu de lui-même pour ne pas comprendre que le génie de Molière est la seule star du film. Seule ? Pas si sûr en fait…
Car, dans Le Bourgeois Gentilhomme, il fallait un casting capable de supporter la pression du texte, mais aussi de l’auteur. Ce n’est pas facile de jouer du Molière avec justesse, il faut une prestance, une présence physique très forte. Une voix, une diction. Et du travail. Bref, des qualités assez rares pour être soulignées, et que l’on retrouve dans tout le casting, constitué de « gueules » bien connues. Bien sûr, celui qui fait sensation est Michel Serrault, qu’on croirait naturellement fait pour incarner M. Jourdain. Rosy Varte, l’éternelle Maguy de la série du même nom, apporte une énergie indéniable. Daniel Ceccaldi, Jean-Pierre Darras, Roger Carel et Henri Virlogeux (et sa voix inoubliable), tous s’approprient le texte et ont les épaules nécessaires pour le faire vivre.
On pourra, peut-être, regretter quelques longueurs dans les séquences de ballet, très belles, mais l’on aime tellement voir ce casting en action qu’il est dur de le quitter, même pour quelques secondes. Aussi, il est clair que la condition de l’œuvre, un téléfilm de l’époque ORTF, se ressent dans les mouvements de caméra. Sans être agaçants, certains traveling avant peuvent faire sourire. Ce sont là les seules retenues que nous formulons, tant le reste rempli parfaitement son objectif : nous faire vivre Le Bourgeois Gentilhomme sans fioritures. Pari réussi.