Caractéristiques
- Titre : Belgica
- Réalisateur(s) : Felix Van Groeningen
- Avec : Tom Vermeir, Stef Aerts, Hélène De Vos, Charlotte Vandermeersch...
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Genre : Comédie dramatique
- Pays : Belgique, France
- Durée : 127 minutes
- Date de sortie : 2 Mars 2016
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Felix Van Groeningen, un nom que nous avons appris à connaître avec le déchirant Alabama Monroe. L’osmose de ce film, équilibre trouvé entre une passion pour la musique communicative et le drame le plus pur, a lancé une carrière qui, jusqu’ici, ne décollait pas vraiment. Avec Belgica, le réalisateur belge semblait vouloir ré-utiliser l’un des ingrédients de la recette responsable de son succès : l’amour pour le bon son, tout en abordant un sujet que le metteur en scène assure comme son oeuvre la plus personnelle. L’harmonie est-elle toujours au rendez-vous ?
Belgica, c’est l’histoire d’une fratrie : Jo (Stef Aerts), et Frank (Tom Vermeir). S’ils sont nés dans la même famille, on ne peut pas dire qu’ils se rapprochent par leur caractère, mais une passion les rassemble : la musique, l’envie d’investir, et le monde de la fête. Jo, après une longue absence auprès des siens, réapparaît en ayant ouvert un club : le Belgica, situé à Gand, en Belgique. Frank, quant à lui, est un père de famille pas vraiment rangé, qui ne rêve que de vivre une aventure exaltante. C’est ainsi qu’il propose à Jo de l’aider à faire du bar un endroit hors normes. En quelques semaines seulement, le Belgica devient l’endroit où il faut aller. Mais bientôt, des tensions apparaissent entre les deux frères…
Comme on peut le deviner à la lecture de ce pitch, Belgica a laissé au placard le ton parfois un peu tire-larmes d’Alabama Monroe, au profit d’une ambiance apparemment plus légère. L’écriture des personnages, et ce dès les premiers instants, est plus brute, et l’on se rend compte rapidement que Felix Van Groeningen cherche à créer un paradoxe constant entre le monde réel et ce qui peut se passer à l’intérieur du Belgica. Les couleurs du jour, délavées, poisseuses, ne donnent absolument pas envie, et soulignent avec force ce qui peut motiver les actions de Frank. C’est peut-être un peu facile, un peu déjà-vu, mais ça fonctionne bien, tout en donnant une personnalité visuelle forte au film, qui ne fera que se confirmer par la suite. Car Belgica frappe très fort dans le pur aspect technique. Eclairage raffiné, et ce même quand il faut mettre en lumière les situations les plus vulgaires, et maîtrise du cadre indéniable. Le problème est que l’on commence à parler de cette oeuvre par le plaisir des yeux, ce qui n’est jamais très bon signe.
Belgica est un bon film, pas de doutes là-dessus. Alors, pourquoi l’on ne peut s’empêcher d’être un poil déçu ? Parce que le potentiel de son sujet, assez gigantesque, n’est jamais véritablement exploité. Le réalisateur peut compter sur un récit lui donnant en offrande des thèmes forts : crise de la trentaine par le biais de Jo, et celle de la quarantaine, par le biais de Frank. La première, celle de la recherche des valeurs, ne peut que rentrer en conflit avec la deuxième, celle de l’acceptation d’un monde décevant. Et, au milieu, le Belgica, bar où tout est possible, qui concentre ces deux ressentis, les canalise un temps, et provoque au bout du compte l’inévitable conflit. Alléchant, non?
Problème : Felix Van Groeningen semble plus intéressé par l’ambiance du bar, et par l’exercice consistant à filmer la musique, que par le conflit qu’il a entre les mains. Si le résultat accouche d’une oeuvre assez irréprochable visuellement, le fondamental en pâtit un peu, en n’atteignant jamais les cimes qu’il aurait du explorer avec vigueur. Pourtant, Belgica en devient-il un mauvais film ? La réponse est très claire : non. Ne pas tirer le maximum des possibilités, ça ne veut pas dire les rendre absentes, et il reste des séquences à la fois puissantes et ennivrantes, qui rendent très bien l’ambiance fantasmée de cet endroit si particulier qu’est le Belgica. Le casting, dans son ensemble, peut se targuer d’être phénoménal, avec une préférence tout de même pour Stef Aerts, dont le jeu nous a surpris tout du long. Et, heureusement, la musique est bonne, bonne, bonne.
Au final, Belgica peut agacer, de par son potentiel inexploité. Il n’en reste pas moins un film de qualité, qui a le mérite de nous faire passer un agréable moment, sans vraiment de temps morts. Un regret qui ne doit, donc, pas faire oublier la qualité de l’ensemble.