Mini-série, grande qualité
Vous vous souvenez de ces sagas de l’été : Terre Indigo, Les Yeux D’Hélène, Tramontane, ou encore Zodiaque, ces rendez-vous estival qui font parties du paysage audiovisuel de cette saison ? Immanquables, du moins quand la qualité est au rendez-vous, ces programmes télévisés rythment les semaines de cette période de l’année, synonyme de vacances pour la grande majorité des Français donc, de temps en temps, de rassemblement autour de l’écran. Et mine de rien, ces œuvres ont des codes bien définis, à base de mystères familiaux et d’action sur un lieu qui, de plus en plus, poussent les auteurs à se tourner vers le fantastique. Et Le Secret D’Élise en est un exemple indiscutable.
Le Secret D’Élise est une saga qui se déroule sur trois époques. 2015, un jeune couple, Yanis (Samir Boitard) et Julie (Julie de Bona) enceinte de son état, s’installe dans une belle bâtisse du Sud de la France, sans savoir que le lieu est lourd d’un terrible passé. En effet, en 1969, la famille de médecins occupant les lieux a perdu sa fillette : Élise (Sidwell Weber) est morte noyée dans les marécages aux alentours. Entre-temps, en 1986, une autre famille s’installe dans cet endroit, qui s’avère vite être hanté par le fantôme de la jeune fille. Mais que s’est-il passé, en 1969, pour que l’esprit d’Élise ne puisse reposer en paix ? En tout cas, la thèse de l’accident ne tient pas une seconde…
Le Secret D’Elise est l’adaptation de la mini-série Marchlands, diffusée sur la chaîne Anglaise ITV. Si le scénario n’est donc pas cent pour cent original, l’on se demande si le destin de cette œuvre n’était pas avant tout d’être une saga de l’été. Nous parlions des codes indissociables de ce genre de programme, et ils sont tous au rendez-vous : un lourd secret, la famille toujours au centre de l’intrigue, un lieu unique et hors de Paris. En ce sens, au niveau de l’installation, Le Secret d’Élise opère un tel sans faute qu’il y aura un avant et un après, dans le domaine des sagas estivales. En un seul épisode, le réalisateur Alexandre Laurent réussi non seulement à installer les enjeux, mais aussi les trois époques sur lesquelles l’histoire se déroule, tout en trouvant le moyen d’imprimer à l’œuvre son emprunte de metteur en scène. Notamment dans ce plan-signature, ce travelling arrière qui découvre l’espace dans lequel se déroule l’action.
Une mise en scène convaincante
En effet, Le Secret D’Élise rompt avec le rendu très prudent, très « pensé pour la télé », des sagas de l’été. Il y a une vraie patte dans ce programme, une véritable vision à l’œuvre qui pour s’accomplir pleinement, a dû résoudre quelques problématiques de réalisation. La principale fut certainement se dépatouiller de cette division du temps entre trois époques, et ce n’était pas une mince affaire. C’est une réussite sur toute la ligne, avec non seulement une reconstitution convaincante (même si 1969 nous paraît un peu trop strict), mais aussi un travail sur l’ambiance. Ainsi, 1969, soit l’année de la mort d’Élise, donne dans des tonalités froides, tandis que 1986 est une année plus lumineuse, et 2015 plus « réelle ». Avec ces trois choix de photographie, Alexandre Laurent et son équipe se facilitent le travail. Et l’on imagine que cela n’était pas de refus, tant le montage du Secret D’Élise est au taquet, énergique dans sa gestion des sauts dans le temps. Une inscription de l’année aide évidemment le spectateur, mais les raccords, la personnalité des époques, tout est si bien pensé que l’on aurait même pu se passer de ces indications temporelles.
Il fallait que Le Secret D’Élise soit assez bien ficelé pour transformer ces excellentes impressions que laissent le pilote. Sans trop vous en dévoiler, sachez que les personnages, les problématiques qu’ils imposent, tout a été savamment pensé pour que le spectateur ait toujours une révélation sous la dent. Si le rythme des deux derniers épisodes semblent un peu étrange, comme si l’histoire était un peu à l’étroit, il faut bien dire que l’on ne s’ennuie jamais, même si quelques questions peuvent se poser légitimement. Du moins, elles seront liées à votre expérience avec la mini-série, chacun vivant différemment ce qui anime les protagonistes. Si la conclusion ne laisse aucune porte ouverte, et clos cette saga d’un point final, pas mal des destins abordés sont tellement secondaires qu’ils racontent une histoire à eux seuls, tout en se trouvant évidemment une utilité dans le conflit. De ce fait, tout le monde trouvera, dans Le Secret D’Élise, des personnages à qui s’attacher, d’autres à détester, certains à se méfier.
Pourtant, l’on ne peut pas dire que le scénario du Secret D’Elise brille par son originalité. Histoire de fantôme classique, avec mystère sur l’identité du tueur, tout se joue sur les personnages, leurs liaisons. Si la saga est une telle réussite dans ce domaine, elle le doit autant à l’écriture qu’à son interprétation. Bien sûr, on a tous ses chouchous, mais impossible de ne pas se faire la remarque quand l’un d’eux est un peu en-dessous des autres. Le casting homme, en général, est moins réussite que celui des femmes : Bruno Salomone n’a pas toujours l’air dans le ton, tandis que Bruno Bénabar surjoue parfois, et Samir Boitard n’est pas d’un charisme fou. Par contre, Julia Piaton fait un sans-faute, Hélène de Fougerolles ne démérite pas, Armelle Deutsch ou encore Valérie Kaprisky livrent des prestations solides. Dans l’ensemble, rien de mauvais, et l’on s’attache vite à eux, à leur caractère, et à leur rôle dans cette bien étrange aventure.
La meilleure « saga de l’été » ?
Le Secret D’Élise est tout simplement captivant. Quand on commence, impossible d’en arrêter le visionnage, d’où l’importance de cette édition DVD qui offre un confort optimal. L’on craignait une compression trop marquée, mais il n’en est rien et côté son le Dolby Digital 2.0 ne souffre pas d’un frémissement de souffle. Par contre, l’on aurait apprécié un bonus, comme un making of ou des interview, mais cette édition en est dépourvue et c’est bien dommage.
Au final, Le Secret D’Élise est une excellente surprise. Sans aucun doute la meilleure saga de l’été que l’on ait pu voir. Ce n’est pas parfait, notamment dans sa dernière ligne droite où l’on peut regretter un manque de relief, mais impossible de ne pas signaler à quel point ce programme est captivant. Pour s’en rendre compte, il faut regarder la saga à plusieurs et s’amuser à observer à quel point chaque spectateur ne peut s’empêcher d’y aller de sa théorie. C’est là toute la réussite du Secret D’Élise : savoir intéresser tout le monde, rassembler pour le temps de son intrigue. Une bien belle réussite.
Le DVD « Le Secret D’Élise » est édité par TF1 Vidéo. Six épisodes, 312 minutes, 15.99€. Sortie le 23 Février 2016.