Bof bof ! Voilà ce qui nous vient à l’esprit à l’écoute de ce nouvel album de Wolfmother intitulé Victorious, le quatrième des Australiens et le successeur de New Crown sorti en 2014. Ni un bon album ni une « boucherie », il s’agit plutôt du type de disque qu’on laisse dans la boite à gants à l’occasion des longues virées d’été. Victorious ne sonne donc pas la victoire de Wolfmother sur le rock, mais plutôt la mainmise de la spéculation commerciale sur la créativité artistique.
Un groupe en perte de vitesse
Ce qui est dommage, car Andrew Stockdale, le chanteur guitariste et compositeur du groupe, a une voix géniale à faire pâlir Chris Cornell ( Soundgarden ) et à rajeunir Ozzy Osbourne (Black Sabbath). Pourtant, au final il n’en résulte pas grand-chose. Pas d’envolée de guitare, pas de relief, pas de profondeur, on est loin de Wolfmother, qui avait fait redécouvrir la guitare à notre génération et ressuscité les Zeppelin en 2005. Oui, le premier album du combo australien était vraiment « électrique » et « subversif » comme la chanson « Woman » au riff accrocheur et tapageur . A ce moment là, la louve avait trouver son identité, sa patte, si bien que l’album finira 3ème dans les charts australien et permettra à Wolfmother de prendre son envol commercial et international. Le groupe sera même sur des B.O. de films comme Very Bad Trip 1 et 3 ou Spiderman 3, et même sur des jeux vidéos à grand succès comme Tony Hawk’s Project 8 et Guitar Hero 2 et 5 .
Malheureusement, le groupe a perdu de la vitesse à mesure que les années filaient, enregistrant un album tous les quatre ans, perdant de la visibilité au niveau médiatique . De plus, les tensions et conflits internes ont poussé des membres à quitter le navire. Il ne reste que Stockdale de la formation d’origine. Au total, huit membres ont pris la porte. Aujourd’hui, Ian Peers (basse, claviers depuis 2009) et le nouveau venu Alex Carapetis accompagnent Stockdale dans cette nouvelle aventure produite par une pointure, Brendan O Brien (Pearl Jam, AC/DC).
Un album sans relief
Malgré un enregistrement de meilleure qualité que New Crown, produit par son leader mais qui lui donnait au moins le charme de l’ancien, les kangourous ne bondissent plus. Le son à la Sabbath est présent, mais il ne donne pas de relief à la musique et c’est flagrant quand on écoute « Victorious ». L’encéphalogramme est plat, tranquille comme la balade californienne « Pretty Peggy » qui nous est proposée en 4e piste. L’arpège de guitare est mélodieux, mais ce n’est pas le Wolfmother qu’on a connu, plutôt une bande de jeunes surfeurs se tapant un bœuf musical au bord de la plage . Le seul titre à nous remettre les tympans à l’endroit est « Gypsy Caravan ». Le riff est d’une efficacité implacable, on a envie de remuer la tête, prendre notre gratte et de nous lancer dans une impro à en secouer les tifs. Enfin… La fête est finie au bout de 3 min 34 et il reste tout l’album pour se pinter. Ce qui est un peu maigre, malgré tout l’amour que l’on a pu mettre à l’écouter.
Même s’il est dur de se faire une raison, Wolfmother n’est plus dans le coup. L’album fait quand même 35 min , il y a dix titres, composés par… attention, roulements de tambour, Andrew Stockdale !! Ce n’est pas une surprise tant il a la main mise sur sa formation, tel le gourou d’une secte dévoué à une cause perdue .
Pour conclure, Victorious est un album qui ne fait pas de vagues, un de plus dans la carrière en dents de scie de Wolfmother. Dommage !
Wolfmother : Victorious, Universal Music, 19 février 2016.