Caractéristiques
- Titre : Mr. Holmes
- Réalisateur(s) : Bill Condon
- Avec : Ian McKellen, Laura Linney, Milo Parker
- Distributeur : ARP Selection
- Genre : Drame, Policier
- Pays : Grande-Bretagne, Etats-Unis
- Durée : 104 minutes
- Date de sortie : 4 Mai 2016
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Parmi les figures mythiques les plus connues de la culture dans sa globalité, Sherlock Holmes occupe sans aucun doute l’une des places sur le podium. Le personnage imaginé par Sir Arthur Conan Doyle n’est pas moins que le plus grand des détectives qui puisse habiter la littérature, et tout le monde connaît sinon ses aventures sa silhouette si caractéristique. Pourtant, il est indéniable qu’une partie de sa biographie fictive est moins fouillée que le reste : son crépuscule. C’est justement ce que propose de nous faire vivre ce Mr. Holmes, avec succès ?
Mr. Holmes débute en 1947, alors que le détective revient dans le Sussex, sa demeure de campagne, après un long voyage au Japon. A la retraite depuis longtemps, Sherlock Holmes compte sur les jours paisibles qui s’annoncent pour écrire une dernière histoire, alors que John H. Watson, son fidèle partenaire et auteur des différents livres issus des enquêtes que le duo menèrent, a depuis longtemps pris la tangente pour se marier. Mais comme dit le dicton : chassez le naturel, il revient au galop, bientôt la recherche des souvenirs d’une affaire vielle de cinquante ans, celle qui l’a motivé à prendre sa retraite, le pousse à faire appel à ses dons d’enquêteur. Hélas, Holmes ne peut lutter contre les effets du temps qui passe, et certains réflexes ne sont plus vraiment d’actualité…
C’est prégnant dans ce pitch, Mr. Holmes ne s’inscrit absolument pas dans une gestion « à la Guy Ritchie », qui croit moins en son personnage qu’à l’univers qu’il provoque. L’étonnant Bill Condon, notamment coupable de deux Twilight et de la suite de Candyman, s’avère ici à l’aise comme un poisson dans l’eau. On ne vous cache pas que c’est une réelle surprise. Loin des vampires et loups-garous pour adolescentes, le réalisateur est sans doute celui qui comprend le mieux à la fois le détective et la situation dans laquelle il se trouve à la fin de sa fictive existence. Mr. Holmes n’a rien de grandiloquent. Rien de « badass », ce mot utilisé ad nauseam pour tout et rien. Il s’agit avant tout d’une œuvre sur les effets de l’âge grandissant sur un esprit aussi pointu que celui du plus grand des enquêteurs.
Le génie de Ian McKellen au service d’un film profond
Sherlock Holmes revient d’un voyage au Japon en possession d’une plante capable de lui apporter l’aide nécessaire à triturer ses propres souvenirs. Car le détective n’est plus que l’ombre de lui-même, toujours aussi intelligent mais bien moins vif. Mr. Holmes est habité par une ambiance de fin du monde douce comme une âme qui vit ses derniers instants, qui donne à tout le métrage une saveur douce-amère, capable de nous émouvoir par le côté purement humain de la description du personnage dans ce qu’il a de plus intime. Capable aussi de nous faire ressentir le malheur de celui qui fut mais qui ne sera plus. Bill Condon capte l’émotion de Mr. Holmes avec une justesse admirable, bien aidé par un comédien qui gagnera sûrement le statut de monstre sacré : Ian McKellen.
Mr. Holmes est autant une œuvre sur la vieillesse que le témoignage du talent d’interprétation de sa tête d’affiche. Ian McKellen, s’il assure aussi dans les grosses productions, prouve qu’il est avant tout un comédien à rôle, et non à blockbuster. Son jeu, théâtral juste ce qu’il faut pour ne pas devenir lourd ni vulgaire, est constamment dans le bon ton. Une prestation qui force le respect, et donne à Mr. Holmes une dimension émotionnelle saisissante. Ian McKellen est ce Sherlock Holmes en fin de vie, il sera très difficile de revoir le personnage au même âge incarné par un autre…
Mr. Holmes est une œuvre bourrée de qualité, qui offre la meilleur représentation du détective depuis bien longtemps. Bien plus touchant que la version grossière et peu charismatique de Guy Ritchie, le détective retrouve ici à la fois un interprète à sa hauteur, mais aussi un rythme qui lui sied davantage. Le scénario nous réserve des moments forts, mais sans les forcer, ni en les enrobant d’un formel lourdingue comme pour mieux coller aux standards épileptique de notre époque. Une écriture intéressante d’ailleurs, qui va jusqu’à montrer Sherlock Holmes juge de sa représentation littéraire, lui qui est finalement assez éloigné du protagoniste décrit par John H. Watson. D’une richesse fondamentale indéniable, Mr. Holmes est aussi une œuvre bien finie, avec notamment une extraordinaire bande originale signée par la valeur sûre Carter Burwell. Un film à ne surtout pas louper.