Caractéristiques
- Titre : Pauline S'Arrache
- Réalisateur(s) : Émilie Brisavoine
- Avec : Pauline Lloret-Besson, Meaud Besson, Frédéric Lloret
- Editeur : Jour2Fête
- Date de sortie Blu-Ray : 3 Mai 2016
- Durée : 88 minutes
Image : 4/5
Le rendu de l’image est évidemment inhérent au caractère « pris sur le vif » de Pauline S’Arrache. Le film multiplie les formats sans vraiment de logique visuelle, ce qui donne à l’ensemble un aspect anarchique. Ce DVD respecte à la lettre cet exercice de style.
Son : 4/5
Une version française proposée en Dolby Digital 2.0 et 5.0. Le son, tout comme l’image, a un rendu très « amateur », avec une gestio de l’espace vraiment pas subtile. C’est, encore une fois, un style tout à fait justifié par ce qu’est Pauline S’Arrache : un documentaire un peu trash, un peu « énervé », mené par une réalisatrice qui assume ne pas avoir une approche classique. Seul regret : s’il existe des sous-titres anglais, pas de traces de ceux pour sourds et malentendants…
Bonus : 3/5
Un entretien avec Emilie Brisavoine long de 17 minutes où le spectateur pourra en apprendre plus sur les motivations de la réalisatrice. Celle-ci se confie avec honnêteté, notamment en avouant qu’elle n’est ni cinéphile, ni regardante sur les moyens utilisés, ce qui donne cet aspect visuel presque « grunge ». Deux autres entretiens sont regroupés dans un dossier 3 mois après la sortie du film : avec Pauline et Meaud (10 minutes) et Frédéric « Marilyn Monroe » (2 minutes), plutôt amusant de par la parole libre qui habitent ces protagonistes du documentaire. Pour finir, 7 scènes coupées parfois assez cocasses viennent compléter le tableau.
Synopsis
Pauline, 15 ans, est la seule de la fratrie à vivre encore avec ses parents. Entre sa mère, une ancienne reine de la nuit, et son père qui se travestit, son quotidien est explosif. Pauline est filmée pendant deux ans par sa demi-sœur Émilie, qui mélange des archives familiales et des images prises sur le vif… On y découvre une jeune fille pleine de vie, parfois agaçante mais au charme désopilant, très amoureuse d’un musicien. Pendant les deux années où la caméra la suit se joue une question fondamentale : quand et comment devient-on adulte ? Quel est le bon moment pour quitter le giron familial, pour s’arracher…
Le film
Pauline S’Arrache est un documentaire qui a tout pour faire grincer des dents. En effet, le sujet n’est autre qu’une adolescente en pleine crise ce qui, à première vue, n’a pas grand chose d’étonnant. Seulement, au fur et à mesure des images, il s’avère que ce documentaire perçoit une matière forte et originale.
Pauline S’Arrache assume totalement le côté parfois aux portes de l’insoutenable de ce qui est montré, de ce qui est capté par la réalisatrice Émilie Brisavoine, la demi-sœur de celle qui est le sujet principal de cette œuvre. Il est clair que ce film pourra engendrer des réactions épidermiques, avec ce maniérisme très adolescent qui est celui de Pauline. Ses attitudes seront difficilement supportables pour tout spectateur de plus de 25 ans mais heureusement ce documentaire, s’il utilise la présence de la jeune fille, le fait à dessein. Après que l’on ait fait connaissance avec celle qui n’est pas encore tout à un adulte, vient le temps d’aborder tout ce qui fait d’elle ce qu’elle est : un être humain instable, qui ressemble d’ailleurs à beaucoup d’autres. Pauline S’Arrache, en ce sens, est l’un des meilleurs programme sur l’âge ingrat.
On le répète, celles et ceux qui n’ont que peu de patience avec les ados devraient ne pas se retourner sur Pauline S’Arrache. Même si tout autour d’elle joue sur son état d’esprit égoïste, rien ne justifie les agissements, pas si graves mais terriblement irritants, de l’adolescente. La voir désobéir, répondre avec agressivité, a dans un premier temps un effet très désagréable. Puis vient le temps de l’explication, et c’est exactement là que Pauline S’Arrache devient fondamentalement intéressant. La cellule familiale de la jeune fille est quelque peu exceptionnelle : un père transformiste, une mère ancienne grande figure de la nuit, et des sœurs proches mais indépendantes. Quand on commence à s’intéresser à ce qui provoque les réactions de Pauline, les images deviennent hypnotiques, d’ailleurs bien aidé par une forme quasi punk qui force le respect. Pauline S’Arrache est fait de bric et de broc, mais ça fonctionne très bien, notamment grâce à l’énergie qui habite l’écran.
Pauline S’Arrache peut autant être perçu comme un épisode de la quatrième dimension, avec ses différentes composantes « scénaristiques » à la frontière de l’incroyable, mais aussi comme le concept de télé-réalité poussé à son maximum. Plus maîtrisé que ces programmes qui nous laissent de marbre chez Culturellement Vôtre, Pauline S’Arrache est avant tout une œuvre qui existe non pas pour expliquer les agissements de son sujet, mais pour faire ressentir le cri intérieur qui habite chaque adolescent. Et si la jeune fille nous est parfois infernale, il est indéniable qu’on la comprend mieux quand vient le générique de fin.