Caractéristiques
- Titre : La Fin du Jour
- Réalisateur(s) : Julien Duvivier
- Avec : Louis Jouvet, Michel Simon, Victor Francen
- Editeur : Pathé
- Date de sortie Blu-Ray : 1er Juin 2016
- Date de sortie originale en salles : 24 mars 1939
- Durée : 100 minutes
- Note : 9/10 par 1 critique
Image : 5/5
On termine cette salve de grands classiques du cinéma français issus du catalogue Pathé avec un master encore une fois parfait, un transfert tout simplement optimal. Le noir et blanc de La Fin du Jour, ici tout en contrastes pour mieux coller à l’état d’esprit des personnages, est un vrai plaisir pour les yeux. Encore une restauration exceptionnelle.
Son : 5/5
La Fin du Jour est proposé en français bien évidemment, dans une piste Dolby Digital 2.0 là aussi plus que satisfaisante. C’est bien simple, vous n’aviez jamais vu ce film dans de telles conditions, à moins de l’avoir vu en salles lors de sa sortie.
Bonus : 4/5
Un documentaire, intitulé « Le Dernier Acte » et long de 16 minutes, fait intervenir Eric Bonnefille (auteur de « Julien Duvivier : le mal-aimant du cinéma français« ) et Hubert Niogret (auteur de « Julien Duvivier : 50 ans de cinéma« ), ainsi que divers documents d’époque. C’est là aussi une constante dans cette collection : les films sont accompagnés de bonus pas spécialement long mais très informatifs. Un régal.
Synopsis
L’abbaye de Saint-Jean-la-Rivière menace de fermer ses portes. Ce qui serait une véritable catastrophe pour ses pensionnaires, tous de vieux comédiens sans ressource. Saint-Clair, acteur autrefois adulé et grand séducteur de femmes, vient justement d’y arriver et y retrouve Marny, grand rival dont il avait jadis séduit la femme, et Cabrissade, artiste de second ordre.
Le film
On retrouve Charles Spaak, scénariste de La Belle Équipé que nous avons récemment chroniqué, et de nouveau au travail avec Julien Duviver (Voici le Temps des Assassins). Le sujet développé par La Fin du Jour semble être fait sur mesure pour le réalisateur, lui qui est bien connu pour le ton pessimiste qu’il déploie avec un talent que la Nouvelle Vague a malheureusement contribué à éclipser. Cette œuvre, témoignage concret, touchant et ô combien sublimement interprété, contient à la fois une mélancolie profonde, et un amour pour les comédiens de théâtre.
Avec La Fin du Jour, Julien Duvivier aborde un sujet finalement bien peu représenté à l’écran : celui du rapports des comédiennes et comédiens avec le temps qui passe, la marche en avant inéluctable de la vieillesse. Cette maison de retraite, qui prend place dans une magnifique abbaye remplie d’anciennes gloires des planches ; et offre au réalisateur l’occasion de démontrer son amour incontestable pour le métier, en décrivant les caractères avec une justesse touchante, qui ne s’évite pas une fin dramatiquement logique. Ce n’est pas pour rien que Julien Duvivier considérait La Fin du Jour comme son meilleur film, du moins son préféré tant tout ce que propose un tel récit va dans le sens nihiliste si apprécié par lui-même.
La Fin du Jour est un grand Duvivier, notamment grâce à un casting tout simplement impressionnant. Quand on regarde ces têtes d’affiche, on ne peut que soupirer en pensant à ce qu’est devenu le cinéma français qui, certes, multiplie les petites gueules sympathiques, mais est bien incapable de se retrouver ce genre de trognes coupées à la serpe. Victor Francen et son maintien rempli l’écran de son charisme, Louis Jouvet impose le respect dès qu’il apparaît à l’écran, et que dire de l’immense Michel Simon ? Pensez que Raimu a bien failli participer lui aussi à La Fin du Jour, mais paraît-il que des inimitiés, au sein de la distribution, ont forcé son départ. Alors certes, il faut vivre avec son temps, mais on a bien du mal à affirmer que l’évolution de notre cinéma s’est fait dans le bon sens…
La Fin du Jour nous a ému, beaucoup, alors que Julien Duvivier ose exprimer des choses pour le moins courageuses. Si, aujourd’hui, pas grand monde serait bouleversé par le destin d’anciennes gloires des planches, le discours de l’un des personnage lors d’un final très mélancolique nous a emporté. Il règne dans La Fin du Jour un véritable intérêt pour ces âmes en fin de vie, qui ont fait vivre à des milliers de spectateurs bien des sentiments par procuration, permettant à tout un chacun de s’évader d’un quotidien morose l’espace d’un instant. Ce crépuscule intime un grand respect, et forme un film qu’il est grand temps de totalement réhabiliter.