Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Playstation 4
- Développeur : Gust
- Editeur : Koei Tecmo Europe
- Date de sortie : 10 juin 2016
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- Note : 7/10 par 1 critique
Introduction
Seiken Densetsu, Dragon Quest, Final Fantasy, Star Ocean, Tales of, Persona (et bien d’autres) : l’histoire du RPG japonais est jalonnée de séries bien connues des gamers. Ces véritables constellations brillent de mille feux, chaque nouvel opus créant de grosses attentes parfois quelque peu démesurées. À l’ombre de ces mastodontes (qui ont mérité cette appellation), quelques développeurs nippons vivotent tranquillement, sans faire grand bruit mais tout de même en enchaînant les jeux avec une fréquence parfois assez hallucinante. La licence Atelier (dont vous retrouvez aussi, sur le site, le test d’Atelier Firis) est clairement de celles-ci : sans non plus se hisser dans les succès populaires élevés, ces softs ont su se créer une fanbase très forte comme le prouve notamment les quelques petites adaptations en mangas (et même un animé en 12 épisodes). La recette, ce mélange entre RPG et alchimie en fait quasiment un genre à part, tout du moins avec des codes qui, une fois rassemblés, forment une œuvre que l’on peut qualifier de « différente ». Beaucoup plus axée sur le crafting, donnant une limite de temps au joueur pour atteindre ses objectifs, une multitude de fins qui poussent au « new game + » etc, la licence accueille aujourd’hui (le jeu est sorti depuis 2015 avec, information importante pour la suite, une version Playstation 3) un dix-septième épisode canonique avec Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book. La question n’est pas nécessairement de savoir si le soft sortira la série de son marché de niche (tout porte à croire que ce n’est pas le but), mais s’il contribuera à sa réputation chez les initiés ?
Histoire : 3/5
Celles et ceux qui connaissent déjà la série Atelier ne seront pas en territoire inconnu avec l’opus Sophie. C’est une habitude rafraichissante pour cette licence : ici il n’est nullement question de partir dans un immense voyage initiatique avec, en ligne de mire, un monde à sauver. Tout débute à Kirchen Bell. Le joueur incarne Sophie, jeune fille frappée de plein fouet par le deuil de sa grand-mère. Mais notre héroïne n’a pas vraiment le temps de s’apitoyer sur son sort, son aïeule lui ayant laissé un héritage pour le moins étonnant, bruyant et voltigeant… Un grimoire. Oui, un livre vivant qui, d’ailleurs, a même un petit nom : Platcha. Alors que, jusqu’ici, ses dons d’alchimistes étaient en berne, Sophie Neuenmuller va devoir se mettre au boulot car son nouveau compagnon n’a aucun souvenir de ce qu’il a pu réaliser avant que la jeune fille ne le rejoigne. Il va donc falloir écrire sur les pages vierges de Platcha, dans le but de lui rendre la mémoire et, qui sait, sa forme possible forme d’origine.
Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book ne déroge pas à la règle de la licence : beaucoup d’humour, et un ton léger qui pourra déconcerter les amateurs des scénario plus typiques de ce que les RPG japonais cherchent à créer. L’aspect comique est délicieux, mais pas que : on se prend vite au jeu de la problématique, et l’on ne peut que se demander quelle peut bien être l’identité de Platcha. La trame connaît quelques rebondissements qui relancent bien l’intérêt, on sent une certaine expérience sur ce point. Il est évidemment hors de question de spoiler quoi que ce soit, alors passons à ce qui est une belle réussite : l’univers de cet Atelier Sophie. On prend plaisir à en savoir plus sur celui-ci, notamment au sein d’une Kirchen Bell qui recèle de bien des scénettes à découvrir. Si le jeu met avant tout le rapport à l’alchimie en avant, on est tout de même assez content de cet enrobage pas nécessairement mémorable mais tout du moins agréable.
Seul soucis, qui fait qu’Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book reste un jeu difficile d’accès : le soft n’est toujours pas localisé en français. Un bon niveau d’anglais est donc requis pour non seulement comprendre le scénario, mais aussi pour ne pas trop galérer avec les ingrédients. Rien d’insurmontable avec un bon dico sous la main, cela pourrait même être utile à certains étudiants, mais tout de même le confort de jeu en pâtit un peu. Par contre, on ne peut que se féliciter de la présence des voix japonaises, tout simplement excellente et, comme presque toujours dans les softs nippons, bien mieux interprétées que celles de la version anglaise. Tous ces points précédemment abordés forment un univers assez vivifiant, rafraîchissant, Atelier Sophie se vit bien.
Gameplay : 3/5
Gust avait annoncé la couleur : Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book se devait de changer la donne de la série, et ce jusqu’à ses codes les plus indéboulonnables. Le mot d’ordre est clair : il fallait rendre l’expérience de jeu plus abordable (ce qui est en contradiction avec l’absence de traduction…), et autant tuer de suite le suspens en affirmant que c’est réussi. Tout d’abord, les développeurs ont décidé de se séparer de la limite de temps, on passe donc d’un concept « tu as 3 ans ingame pour atteindre tel objectif », à un système tout à fait classique qui a le bienfait de nous laisser vaquer à nos occupations. Une révolution pour la licence, qui en entraîne une autre : l’absence de « new game + » et des multiples fins. Atelier Sophie ne revoit pas entièrement son concept, mais lui donne un grand coup de plumeau qui, pour notre part, est loin d’être déplaisant.
Mais rentrons un peu plus dans l’alchimie d’Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book. Vous allez devoir partir à la chasse non pas à la galinette cendrée, mais aux matériaux. Évidemment primordiaux pour vos concoctions, ceux-ci vous permettront de réaliser des recettes que vous aurez récupéré au préalable, ou bien que vous auriez tenté au pifomètre. Il faut d’ailleurs préciser ici que le principe du retour à la maison pour consulter les recettes donne lieu à des allers-retours assez lourds sur la longueur. Dommage. Malgré cela, le plaisir de créer, de se retrouver dans la peau d’une alchimiste, est toujours aussi présent. On créé des objets, des objets à partir de ces objet etc. Pour obtenir la synthèse parfaite, il va vous falloir bien de la ténacité, et un sens aigu de l’errance. Pour récupérer les précieux ingrédients et vous fabriquer , vous devrez aller vagabonder dans le monde de jour comme de nuit (attention, les monstres sont plus puissants une fois la nuit tombée), car le jeu, mais attention car dans cette position d’aventurière votre barre de « LP » diminue, et une fois atteint le seuil critique autant dire que vous n’en mènerez pas large face aux belliqueux qui tenteront de vous pourrir la vie. De ce fait, Atelier Sophie a un petit côté de gestion des déplacements pas désagréable, qui ajoute un peu d’une difficulté pourtant amoindrie sur d’autres éléments.
L’exemple le plus frappant de cette volonté d’alléger la difficulté est l’absence de véritable game over dans cet Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book. Périr sous les coups d’un ennemi a comme conséquence de vous renvoyer à la baraque, avec un malus sur vos ingrédients ramené de la violente cueillette. Si les puristes seront interloqué par cette décision, nous la trouvons assez cohérente avec cette envie de s’adresser à une cible un peu plus large qui, clairement, peut être découragée par l’optique de perdre une collecte durement menée. Pour notre part, on trouve que cela enlève un peu de challenge, mais n’attaque en rien le plaisir de pérégrination. Quand au système de combat en lui-même, il est plutôt classique mais bonnard à maîtriser. On est dans du tour par tour tout ce qu’il y a de plus efficace, avec même une gestion du groupe de personnages via la jauge « Chain Link » qui, une fois remplie, offre au joueur la possibilité d’une attaque dévastatrice. En parlant de ces personnages alliés, si le joueur ne peut les contrôler réellement, il peut tout de même leur choisir la position à adopter : offensive ou défensive. Si Atelier Sophie ne propose pas de combats homériques, encore que certains boss vous donneront bien du fil à retordre, son système de combat est assez travaillé pour donner le plaisir nécessaire pour nous pousser à jouer les quelques dizaines d’heures nécessaires.
Technique et ambiance sonore : 3/5
Impossible de ne pas s’en apercevoir au premier coup d’oeil : Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book est clairement un jeu Playstation 3 à la base. Les textures, n’ont rien de ce que l’on est en droit d’attendre d’un jeu Playstation 4. Et pourtant, forcé de constater que la magie opère, et c’est clairement grâce à la force d’évocation artistique du soft. On aime tout de même se balader dans ces décors parfois un peu vide mais très bucolique. Le design dans son ensemble est d’ailleurs très attachant, purement japonais dans cette recherche du mignon.
Côté son, l’OST d’Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book regorge de morceaux qui renforcent cette douce sensation naturaliste, à tel point que votre humble serviteur cherche un moyen de se procurer cette bande originale ! Si l’on ajoute à cela un doublage japonais grandement satisfaisant (oubliez la version anglaise), et des bruitages pas désagréable, et vous obtiendrez une ambiance sonore bien charmante.
Durée de vie : 5/5
Comptez 30 heures pour terminer l’histoire principale d’Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book, et rajoutez quelques dizaines si vous visez le 100% : les quêtes secondaires, la collection des recettes à compléter, les relations entre les personnages à nouer etc. Vous aurez largement de quoi faire, et si le jeu ne contient pas de « new game + » il vous permet de poursuivre l’aventure indéfiniment au-delà de la fin. Signalons d’ailleurs que vous rencontrerez deux boss bien retors après la conclusion, qui n’apparaissent qu’après celle-ci. Un programme chargé, donc.
Note finale : 14/20
Atelier Sophie : The alchemist of the mysterious book n’est peut-être pas l’épisode qui réussira à lui ouvrir les portes du succès populaire en grand, la faute à la non-localisation en français, cependant il marque tout de même un vrai tournant pour cette licence. Avec un vrai travail pour mettre au point un gameplay rafraichi, le studio Gust ose se séparer de codes peut-être devenus un peu handicapant à la longue, et les remplace par d’autres plus traditionnels, donc finalement plus abordables. Ne lui manque plus qu’une technique à la hauteur, histoire de bien mettre en relief une direction artistique qui fait mouche depuis quelques opus. Atelier Sophie est certes un RPG imparfait, mais plein d’une personnalité attrayante.