Caractéristiques
![](https://culturellementvotre.fr/wp-content/uploads/2016/06/steve-jobs-dvd.jpg)
- Titre : Steve Jobs
- Réalisateur(s) : Danny Boyle
- Avec : Michael Fassbender, Kate Winslet, Seth Rogen, Jeff Daniels
- Editeur : Universal Video
- Date de sortie Blu-Ray : 21 Juin 2016
- Date de sortie originale en salles : 3 février 2016
- Durée : 117 minutes
- Note : 8/10 par 1 critique
Image : 5/5
Un master de haute volée pour un format DVD, au piqué marqué juste ce qu’il faut. Beau travail aussi sur la définition, aucun plan ne souffre d’un déséquilibre dans le flou, et rien à redire sur les contrastes. Le travail d’Alwin H. Kuchler (le lumière de Sunshine, c’était lui) est bien restitué, c’est du tout bon.
Son : 5/5
Steve Jobs est proposé en plusieurs langues (Italien, Russe, Anglais, Espagnol, Français), toutes dans un 5.1 ultra confortable. Un vrai plaisir à suivre, que ce soit en sortie télé, home cinema ou même au casque. Équilibre parfait, la musique ne prend jamais le dessus. Signalons, pour une fois, la qualité du doublage en français…
Bonus : 2/5
Un making of de 16 minutes en tout et pour tout. C’est un peu juste, même si le document est informatif et surtout, la présence assurée par Danny Boyle et le scénariste Aaron Sorkin est très précieuse. On a aussi droit à quelques courtes incartades sur le plateau de tournage, le genre de sucrerie qu’on ne refuse jamais.
Synopsis
Dans les coulisses, quelques instants avant le lancement de trois produits emblématiques ayant ponctué la carrière de Steve Jobs, du Macintosh en 1984 à l’iMac en 1998, le film nous entraîne dans les rouages de la révolution numérique pour dresser un portrait intime de l’homme de génie qui y a tenu une place centrale.
Le film
Aborder une personnalité aussi complexe que celle de Steve Jobs, voilà un exercice pour le moins difficile pour le format cinéma. Comment résumer la vie d’un tel homme, dont le parcours a inspiré des centaines et des centaines de pages, des documentaires, bref une matière large et aussi complexe que Jobs lui-même ? La décision de prendre appui sur une division en trois actes, comme autant de lancements de produist, de dates importantes pour mieux comprendre ce génie, est une décision à la fois courageuse et payante.
Steve Jobs nous fait vivre trois des fameuses keynotes du co-créateur d’Apple, pour autant de naissances : le Macintosh en 1984, le NeXT computer en 1988, et enfin l’iMac en 1998. Que les non-geeks se rassurent un minimum, il n’est pas spécialement obligatoire de connaître le matériel informatique évoqué même si, nous le verrons plus tard dans cet article, il est tout de même conseillé d’être au moins au courant de la trajectoire de Jobs. En fait, on ne s’intéresse que très peu aux produits en eux-mêmes, mais en tant qu’objets utiles au visionnaire co-créateur d’Apple à un moment précis de sa carrière. C’est la philosophie de Steve Jobs qui est visée par le film, sa façon de concevoir le monde… mais aussi ses relations.
Steve Jobs commence tambour battant, instaure un rythme qui maîtrise ses poussées verbeuses pour ne jamais perdre le spectateur en cours de route. Il est clair que connaître, au moins superficiellement, la marque Apple est un petit plus pour atteindre le nirvana que représente ce film. Car si Steve Jobs est évidemment une œuvre qui pourra parler aux curieux qui voudraient découvrir le parcours incroyable de ce génie, il est clair que l’on passe un peu à côté de l’importance de certains passages. Très axé sur ses personnages, l’excellent scénario nous fait croiser des personnalités aussi importantes que la commerciale Joanna Hoffman, le co-créateur d’Apple Steve Wozniak ou encore le CEO d’Apple (et ancien boss de Pepsi-Cola) John Sculley. Si les fins connaisseurs se feront vite la remarque quant à certains événements que le film déplace, en terme de lieux, afin de tout faire graviter autour des keynotes, on est tout de même passionné par les joutes verbales décrites par Steve Jobs. Ça fuse, mais tout reste très compréhensible.
Il est clair que Steve Jobs ne cherche absolument pas à construire une légende autour de son personnage principal. C’est d’ailleurs cette volonté de montrer le protagoniste dans toutes ses facettes, et notamment celles les plus sombres, qui font la réussite de l’œuvre. Le rapport avec sa fille est central, très nettement, et dans l’ensemble la personnalité complexe de Jobs est bien respectée (du moins, sur ce que l’on sait, bien évidemment). Si l’on ressent une telle sensation de plénitude, de « réalisme », c’est en bonne partie grâce à ce casting cinq, non six étoiles qui habite Steve Jobs. Michael Fassbender est évidemment dans une forme légendaire, mais comment passer à côté de la performance sidérante d’une Kate Winslet totalement méconnaissable ? Même Seth Rogen, dont on ne raffole pas spécialement à la rédac’, rend une prestation nickelle chrome. Impossible de ne pas citer Jeff Daniels et Michael Stuhlbarg, eux aussi sont impeccables tout du long. Une réussite que l’on doit à la direction des comédiens signée Danny Boyle, un réalisateur décidément intéressant, encore plus quand il se met à « faire » du cinéma.
Steve Jobs se passe le plus clair de son temps en intérieur, dans des lieux exigus, et pourtant la caméra de Danny Boyle garde cette vista qui, on a tendance à l’oublier quand le réalisateur part dans des films en forme d’expérimentations formelles, est digne des plus grands. Même si l’œuvre multiplie les lieux, cette gestion des endroits fermés, ce huis-clos permanent, est un vrai plaisir à décortiquer. On ne rentrera pas dans les détails ici, mais Danny Boyle fait preuve d’une grammaire visuelle limpide, qui peut même rappeler celle de Sidney Lumet sur certains des meilleurs instants. Steve Jobs aurait pu être un film dans lequel on se sent à l’étroit, et pourtant on a rarement ressenti une telle envolée, un cheminement en forme de grand décollage qui se termine juste quand les roues quittent le tarmac. Parfait pour Danny Boyle et sa faculté à capter les sensations qu’induisent un crescendo…
Au final, Steve Jobs est un film qui nous a bien retourné. Alors que l’on n’a pas spécialement apprécié la biographie réalisée par Joshua Michael Stern (avec son Ashton Kutcher pas spécialement crédible), Danny Boyle et le scénario à sa disposition forment un duo d’enfer. L’œuvre réussit à dessiner un personnage mémorable, tout en complexité, en n’oubliant jamais d’aborder les côtés sombres de cet homme à la fois génial et pas mal effrayant. Un grand film.