Caractéristiques
- Titre : Maniac Cop
- Réalisateur(s) : William Lustig
- Avec : Bruce Campbell, Laurene Landon, Richard Roundtree, William Smith, Robert Z’Dar, Sheeree North
- Editeur : Carlotta
- Date de sortie Blu-Ray : 6 juillet 2016
- Date de sortie originale en salles : 13 mai 1988 (Etats-Unis)
- Durée : 89 minutes
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- Note : 6/10 par 1 critique
Image : 4/5
C’est une constante pour cette « Midnight Collection » de Carlotta : la finesse du grain et la qualité de résolution ne fait jamais défaut, tout comme la colorimétrie respectée et les contrastes profonds. Ici, on peut tout de même regretter une poignée de plans nocturnes un peu imprécis, mais rien de bien gênant.
Son : 3/5
Cette édition de Maniac Cop propose le film en français et version originale sous-titrée. La langue de Molière n’est malheureusement pas gâté : il a fallu monter le son quasiment à fond pour que le DTS-HD Master Audio 1.0 soit audible, et l’ensemble souffre d’un rendu comme asphyxié. Heureusement, la VOSTFR rattrape largement le coup avec deux options : DTS-HB Master Audio 2.0 et 5.1. La première est sans fausse note, un plaisir du début à la fin. La deuxième est aussi agréable, quoiqu’un peu fade sur certains segment (le commissariat). Ces deux pistes sont tout à fait satisfaisantes.
Bonus : /
La bande annonce de Maniac Cop, en 1080p, est le seul bonus de cette édition.
Synopsis
À New York, un tueur-en-série sème la panique. Vêtu d’un uniforme de policier et d’une matraque, il multiplie les meurtres, créant un climat de tension au sein des forces de l’ordre de la ville. Le Lieutenant Frank McCrae mène son enquête, désirant attraper le responsable de cette psychose générale.
Le film
Nous commençons donc l’exploration de cette « Midnight Collection » (retrouvez aussi nos tests pour les autres titres de cette première salve : Le Scorpion Rouge, Blue Jean Cop et The Exterminator), signée Carlotta, par un film qui a marqué l’histoire des vidéo-clubs (quelle belle époque) : Maniac Cop. La réussite de cet effort tient en plusieurs points, et le premier est indubitablement son titre. On sait ce que l’on vient chercher, on sait où l’on va. Clair, net, et précis, pas de tromperie sur la marchandise. Lire le nom de William Lustig, figure appréciée du cinéma de série B malencontreusement oublié par le septième art actuel, est aussi tout sauf un frein à le (re)découverte de cette œuvre. Auteur de deux autres excellents films, Maniac et le malheureusement méconnu Vigilante, Maniac Cop est pour son auteur l’occasion de mener à leur paroxysme les termes abordés dans les films sus-cités. Et avec une dose « cinéma de genre » bien sentie.
Maniac Cop ne peut pas cacher une seule seconde l’année de sa sortie. Nous sommes en 1988, et les auteurs américains se sont emparés à bras-le-corps du sujet de l’auto-justice, alors que la ville de New-York était tout simplement une porcherie, doublée d’un lieu où l’insécurité grandissait à vue d’œil. Une ambiance propice à la naissance du « »vigilante movie », que certains ont trop rapidement consacré comme un genre « facho » alors qu’il n’était ni plus ni moins qu’une réaction à une situation objectivement lamentable. Bien entendu, cette mode a décliné dès que la ville a débuté sa transformation, dans la deuxième moitié des années 1980, et Maniac Cop s’impose comme le film qui sonne la fin de ce véritable mouvement. Notons ici que le film fut tourné… à Los Angeles, trompant allégrement son monde tant on a l’impression de voir New-York malfamé s’étendre sous nos yeux. Un véritable exploit.
Car Maniac Cop, s’il ne peut pas non plus être considéré comme un pur « vigilante-movie », en aborde tout de même les thèmes. On parle ici d’un policier en mode revenant, dont le come-back est avant tout motivé par la vengeance d’une mort quelque peu violente, mais peut-être pas aussi définitive que certains ont cru. William Lustig traite le sujet avec sérieux, se refuse tout du long d’envoyer son flic monstrueux sur la voie du « regardez les méchants keufs, comme ils sont cruels il faut dénoncer les bavures vite« . Non, calmons-nous Maniac Cop n’est pas aussi simpliste qu’un tract de la CGT. Le metteur en scène ne cultive pas la haine du policier et c’est tout à son honneur, il en aborde les difficultés d’agissement avec une finesse que l’on n’attend pas spécialement dans ce genre de production. Bon, sous des couches de bon gros slasher bien trippant (on va y venir), mais c’est tout de même bien là, le fameux flashback dans les douches de la prison est là pour en témoigner. On sent dans Maniac Cop un constat amère sur la politique alors en place, ses largesses que paient le petit peuple, tout autant qu’une dénonciation de la justice aveugle qui ne peut qu’aboutir à une incontrôlable escalade de la violence.
Maniac Cop décrit un univers où personne ne peut compter véritablement sur son prochain, en cela William Lustig est en fait un auteur plutôt pessimiste. En témoigne la séquence du meurtre d’une femme qui, poursuivie par une bande de violeurs, va se réfugier dans les bras du croquemitaine à l’aspect qui aurait dû être rassurant. Erreur fatale. Les personnages dans leur ensemble ont d’ailleurs tous une part d’ombre : les policiers à bout, le couple de personnages principaux qui ont tout de même sur la conscience la mort de la femme de Jack Forest, laquelle avait découvert son infidélité… Maniac Cop n’est pas formellement si sombre que ça, mais quand on s’y intéresse de plus près on découvre une description assez désenchantée de l’époque à laquelle il fut tourné.
Maniac Cop n’est pas un film qui pense avant d’être un bon gros divertissement typé « de genre » jusqu’à la moelle. Les codes sont ceux du slasher, d’ailleurs le croquemitaine ne se sert pas spécialement de son équipement pour « faire justice », mais y cache des moyens acérés qui rappelleront évidemment ceux des tueurs de Vendredi 13 et autre Halloween. Maniac Cop profite d’un sens du rythme bien maîtrisé, on passe très vite d’un élément important pour l’intrigue à un autre, et surtout celle-ci cultive avec bonheur un certain sens de la surprise. On sent très clairement la patte de Larry Cohen sur le scénario, roublard au possible et réservant toujours ces rebondissements qui font toute la différence. Le lieutenant McCrae se met sur l’affaire alors que New-York tombe dans la paranoïa la plus complète, mais celui que l’on pense être le personnage principal n’est qu’un moyen d’atteindre le flic Jack Forest, qui va cristalliser tous les soupçons et devenir celui qui se doit de prouver son innocence. Donc, d’enquêter sur l’assassin bien évidemment, ce qui va le mettre sur une piste que l’on qualifiera de paranormale, tandis que la structure se modifie avec soin vers le thriller pour mettre l’accent sur l’investigation.
Maniac Cop offre bien des passages plaisants, bourrés d’action et de mystère. La première partie est très axée sur les exactions du croquemitaine à matraque, puis cela évolue : on fait place aux conséquences de ces meurtres sur la population, puis à l’enquête en elle-même pour atteindre un point culminant brassant autant l’action que le fantastique. On ne s’ennuie pas une seule seconde, d’autant plus que l’imprévisibilité du récit s’applique aux situations, mais aussi aux personnages… Rajoutons à ce constat une bande originale de belle qualité, qui cultive l’ambiance lugubre de l’ensemble. Le casting, quant à lui, est irréprochable, rend un jeu un chouïa surjoué afin de donner une tonalité un peu irréelle, une saveur « comics » qui explosera dans le second épisode (encore meilleur à nos yeux, on y reviendra un jour). Maniac Cop est donc le genre de films que l’on conseille chaudement pour tout cinéphile voulant se créer une vidéothèque digne de ce nom : il y trouvera une place sans aucun problèmes.