Caractéristiques
- Titre : Blue Jean Cop
- Titre original : Shakedown
- Réalisateur(s) : James Glickenhaus
- Avec : Peter Weller, Sam Elliott, Patricia Charbonneau, Antonio Fargas, Blanche Baker
- Editeur : Carlotta
- Date de sortie Blu-Ray : 6 Juillet 2016
- Date de sortie originale en salles : 6 mai 1988
- Durée : 96 minutes
- Note : 6/10 par 1 critique
Image : 4/5
Cette copie de Blue Jean Cop est indéniablement propre : résolution constante, colorimétrie qui respecte la vision « sale » du film, grain respecté. On avait un peu peur pour les séquences nocturnes, mais cette édition s’en tire plutôt bien sur ce point aussi, peut-être un petit ton en-dessous des passages diurnes en terme de précision mais cela reste très satisfaisant. Du bon boulot.
Son : 3/5
Cette édition de Blue Jean Cop propose le film en français et version originale sous-titrée. La langue de Molière est à éviter : pour faire simple on fait face à une piste DTS-HD Master Audio 1.0 dont la qualité se trouve quelque part entre la VHS et le DVD. Heureusement, la VOSTFR, proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 est d’une propreté à toute épreuve, avec un bel équilibre entre dialogues, musiques et bruitages et pas une trace de souffle.
Bonus : /
La bande annonce de Blue Jean Cop, en 1080p, est le seul bonus de cette édition.
Synopsis
L’avocat Roland Dalton est chargé de défendre un dealer accusé du meurtre d’un policier. Celui-ci affirme avoir agi en état de légitime défense face à cet officier en civil qui cherchait à le racketter. Dalton fait appel à Richie Marks, un policier marginal peu apprécié des siens, pour mener l’enquête. Ils découvrent bientôt l’existence d’un réseau de corruption au sein des forces de l’ordre…
Le film
Qu’on se le dise, cette Midnight Collection est d’utilité public pour les cinéphiles ! Voilà une affirmation qui introduit avec force un article, et cela se justifie tant voir Blue Jean Cop sortir en Blu-Ray sous nos latitudes a quelque chose de l’ordre du miraculeux. Carlotta réuni plusieurs films qui ont fait l’histoire des vidéos clubs et ce polar, s’il n’est pas le plus connu (très loin de là), mérite toute notre attention.
Blue Jean Cop ne peut pas cacher sa production en fin des années 1980, que ce soit pour son fondamental ou son esthétique. Le nom que l’on retrouve à la production, au scénario et à la réalisation vous rappellera peut-être quelques souvenirs si, comme votre humble serviteur, vous avez arpenté les vidéo-clus de la grande époque. En effet, l’homme aux commandes n’est nul autre que James Glickenhaus, grand manitou d’une boîte qui nous aura légué une pelleté de séries B certes pas toujours intéressantes mais importantissimes pour la diversité si chère à nos cœurs. Et Blue Jean Cop fait sans aucun doute partie de ce que le studio a fait de mieux.
Quelque part entre le buddy movie et le polar purement 80’s, Blue Jean Cop régurgite avec finauderie tout ce qui faisait le succès de ces genres (qui ont tendance à nous manquer aujourd’hui…), sans pour autant chercher à les transcender. Tourné dans un New-York hyper cradingue mais plus que jamais photogénique, le film met en scène un duo formé par un avocat et un flic, qu’on ne verra finalement que rarement rassemblé à l’écran. Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser à 48 Heures et compagnie, tant Blue Jean Cop construit son intrigue en se basant sur la relation tumultueuse entre les personnages (bien) interprétés par Peter « Robocop » Weller (vu récemment dans Star Trek : Into Darkness) et le divinement moustachu Sam Elliott. L’avocat en quête de valeur, le flic désabusé par les manquements de ses coéquipiers tout aussi mafieux que ceux qu’ils arrêtent, voilà un couple pour le moins explosif.
Blue Jean Cop rentre frontalement dans le sujet des flics corrompus. Ces policiers, qualifiés « en jean » car élaborant leurs sales coups en civil, sont mis exactement au même niveau que les voyous qui peuplent les rues de ce New-York dégueulasse que James Glickenhaus aime tant à décrire quasi langoureusement. Mais alors que certains films de l’époque tombent dans un pessimisme concevable (Maniac Cop, par exemple), Blue Jean Cop est plus optimiste dans son fond. La dépravation sévit à tous les étages certes, les rêves ont tendance à s’évaporer au profit du fric, mais au milieu de ce constat intervient la lumière : l’avocat va revoir ses priorités financières et favoriser un cheminement plus honorable, et la police retrouve des couleurs loin des bas intérêts.
Blue Jean Cop peut tout de même un peu surprendre dans le traitement de l’innocence du dealer accusé de meurtre. S’il agit effectivement en état de légitime défense, il reste une ordure capable de vendre la mort à chaque coin de rue, et cela est un peu oublié jusqu’à la fin, où le personnage joué par Peter Weller lui souhaite bonne continuation en prison. Le parti-pris est de se focaliser sur la justice qui se doit d’être nickelle jusqu’au bout des ongles, c’est largement compréhensible, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a tout de même un petit décalage. Un léger déséquilibre qui ne modifie en rien le côté bonnard de l’action de Blue Jean Cop, qui regorge de séquences divertissantes en diable. On pense évidemment à celle du gangster sur-armé, qui ouvre le feu en pleine rue, provoquant une belle panique puis une course poursuite bien rythmée. Une scène mémorable.
En plus de ces qualités, Blue Jean Cop est formellement une œuvre sérieuse jusqu’au bout des ongles. Les cadres sont soignés et mettent parfaitement en valeur ces décors fabuleux. La photographie léchée, assurée par John Lindley (Money Train, La Somme de toutes les Peurs), finit d’emballer le tout et permet l’accouchement d’un film certes loin de figurer au rang de chef-d’œuvre du cinéma, ce n’est pas le but, mais qui a toute sa place dans votre collection de petits plaisir B oubliés…