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[Test – Playstation 4] The Last Guardian : un miracle signé Fumito Ueda

image jaquette the last guardianCaractéristiques

  • Test effectué sur : Playstation 4
  • Genre : Aventure
  • Éditeur : Sony Interactive Entertainment
  • Développeur : SIE Japan Studio
  • Sortie : 7 décembre 2016

Test

Le voilà donc, ce troisième jeu signé Fumito Ueda ! Après Ico et Shadow Of The Colossus, deux perles appréciées par une fanbase de fins connaisseurs, voilà que débarque enfin The Last Guardian, dont le développement plus que chaotique aura déchaîné les forums de divers sites spécialisés. Il faut bien dire que les joueurs avaient de quoi s’inquiéter pour ce soft, tant les arlésiennes ont rarement accouché de grands hits. Le cultissime Zelda : Ocarina Of Time fait un peu figure d’exception dans cette catégorie des jeux longuement attendus, alors que les Duke Nukem Forever, Final Fantasy 15 (que l’on s’apprête à tester après lui avoir sciemment laissé le temps de quelques mises à jour), I Am Alive, ou dans une moindre mesure Prey (qui avait tout de même des qualités) confirment que l’attente n’est pas toujours récompensée. The Last Guardian a-t-il su outrepasser les incroyables épreuves qu’il lui a fallu surmonter pour voir le jour ?

Histoire : 5/5

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L’univers créé par Fumito Ueda a cela de fondamentalement impressionnant qu’il réussit à créer à chaque fois une cohérence grâce à des éléments minimalistes. C’est encore le cas avec The Last Guardian, et peut-être plus encore qu’à l’époque d’Ico et Shadow Of The Colossus. Tout débute assez abruptement, avec le réveil d’un jeune enfant dans une grotte mystérieuse. Si ce lieu, baigné d’une lumière divine, peut faire naître l’étonnement, c’est bel et bien ce qu’elle contient qui fait l’objet de toutes les attentions. En effet, une chimère gigantesque y est attachée à une chaîne, et semble avoir été blessée par des jets de projectiles encore plantés dans son corps meurtri. L’incroyable animal est encore sous le choc, et ne se laisse pas approcher si facilement, pourtant cette bête, vite baptisée Trico, va se laisser apprivoiser par l’adolescent, non sans une grande dose de complicité et de respect. Et tant mieux, car de cette association va naître le moyen de traverser l’immense cité en ruines qui se dresse devant eux, à perte de vue.

The Last Guardian est avant tout le récit d’une relation, et de son évolution à travers les épreuves traversées. Comme tous les jeux qui abordent ce thème, le grand intérêt est de faire naître des sensations grisantes pour le joueur, qui prennent directement aux tripes, d’autant plus que les situations des jeux signés par l’ex-Team Ico ont cette force sentimentale qui emmène l’émotion à un degré rarement croisé ailleurs. Ainsi, la véritable star de The Last Guardian est évidemment Trico, un animal gigantesque, une chimère à l’apparence quelque part entre le félin, le chien et l’oiseau. On prend les paris de suite : il est impossible que vous ne soyez pas émerveillés par la vie qui l’anime. Oui, l’effort consenti pour rendre la bête palpable est si réussi que l’on est très souvent persuadé de sa vie propre : la suspension consentie de l’incrédulité fonctionne à plein régime.

The Last Guardian raconte évidemment une histoire, toute minimaliste qu’elle soit. Ainsi, le joueur en apprendra un peu plus sur cette cité abandonnée, ainsi que sur Trico et toutes les raisons qui ont créé la situation dans laquelle est plongée l’enfant. Le système de narration, par voix off, est une pure réussite et tient un grand rôle dans l’impression de cohérence de l’univers qui se dégage. On ne spoilera rien du tout de l’intrigue, mais sachez que les mystères y sont assez nombreux, comme par exemple cette drôle de méthode que le soft met en place afin de « ressusciter » l’enfant, ou encore les tatouages qui apparaissent sur son corps. Sachez aussi que Trico n’est pas seule…

Gameplay : 3/5

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Si The Last Guardian surprend agréablement là où on ne l’attendait pas spécialement, c’est en revanche un peu plus problématique sur d’autres points, et ceux-ci sont en partie concentrés dans le gameplay. Il faut tout d’abord préciser que l’interface, dépourvue de toute information (pas de barre de vie, pas d’endurance etc), fait en sorte que le jeu est clairement à classer dans le genre de l’exploration pure. Si les casses-tête ne sont heureusement jamais décourageants (pas de queue de singe qui sert de clé, n’est-ce pas Monkey Island), ils seront tout de même la principale activité du joueur tout au long de cette sublime aventure. Il va falloir travailler la relation avec Trico, car la chimère sera la solution à bien des problèmes, de par sa force et sa taille. On contrôle l’enfant, et non la bête, il va donc falloir apprendre à lui donner des ordres, mais aussi à la chouchouter quand elle nous aura défendu des ignobles gardiens.

La maniabilité de l’enfant, en tant que telle, ne pose aucun problème. Il marche, court, saute avec aisance, même si les commandes ont un rendu un peu sec, un peu raide. Bien vite, il aura à sa disposition un miroir qui produit un rayonnement, lequel attirera Trico sur des éléments destructibles. The Last Guardian fonctionne très bien sur tous ces points, et l’on prend plaisir à trouver les solutions afin d’avancer dans ce grand dédale désolé, d’autant plus que l’absence d’éléments en surbrillance rajoute à la fierté du joueur. Par contre, la caméra est clairement aux fraises, et l’on se demande comment SCE Japan Studio a pu laisser passer certaines choses. Il est parfois compliqué de se situer à l’écran, l’angle prévalant sur la maîtrise du joueur, ce qui créé une vision parfois chaotique. Avec un peu de maîtrise, on arrive à passer outre, mais les premières heures sont traversées de ces instants où l’on se dit qu’une meilleure caméra aurait rendu le soft encore meilleur.

Technique et ambiance sonore : 4/5

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Précisons d’emblée : le test a été effectué sur Playstation 4, et non sur Playstation 4 Pro. Il est donc probable que les quelques chutes de framerate observées ici ou là soient gommées sur la nouvelle version de la console de Sony. Toujours est-il que, techniquement, The Last Guardian est bien plus abouti que ce que l’on redoutait. N’oublions pas que le développement du soft a débuté sur Playstation 3, et que si quelques textures rappellent ce fait, l’ensemble impressionne à un point que l’on ne soupçonnait pas. Les animations de l’enfant et de Trico sont à couper le souffle, et bien évidemment la bête attire tous les regards : ses mouvements n’auront de cesse de vous émouvoir. Les jeux de lumières sont aussi d’une qualité supérieure indéniable, que ce soit dans les endroits clos ou dans les plus rares passages en plein air. Globalement, la direction artistique vous fera naître des papillons dans le ventre, Fumito Ueda et ses collègues ont certes pris leur temps mais le résultat fascine tout du long.

Côté ambiance sonore de The Last Guardian, c’est à l’avenant. Le travail de Takeshi Furukawa était pourtant attendu au tournant, lui qui n’avait pas spécialement brillé avec son travail sur le Goldeneye 007 d’Activision, sorti en 2010. Moins mémorable que le divin travail de Kow Otani sur Shadow of the Colossus, le résultat est tout de même à la hauteur des espérances, avec un vrai effort sur les changements de ton et les passages éclatants. Typiquement le genre d’OST qui s’écoute avec plaisir en-dehors du jeu. Et ce n’est pas tout : on vous conseille de pratiquer The Last Guardian au casque, afin de profiter au mieux des différents bruitages, tous très réussis.

Durée de vie : 4/5

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Il faut compter une douzaine d’heures afin de terminer The Last Guardian, ce qui constitue un très bon résultat. Bien évidemment, on y reviendra afin d’améliorer ce temps, motivé par les Trophées et, peut-être, les quelques secrets à déceler.

Note finale : 16/20

C’est peu écrire que l’on n’imaginait absolument pas The Last Guardian atteindre un tel niveau de qualité. Jeu forcément un peu marqué par un développement très obscur, le dernier né de chez SCE Japan Studio arrive à faire passer outre une caméra dilettante et un framerate incertain grâce à un univers carrément majestueux. Si l’on contrôle l’enfant de l’histoire, laquelle réserve aussi des surprises à celles et ceux qui pensaient connaître la fin avant de l’avoir vécue, c’est bien Trico qui remporte tous les suffrages, à tel point que l’on pense tenir là le PNJ le plus marquant depuis un moment (depuis toujours ?). Une aventure vécue viscéralement donc, la machine à larmes n’étant jamais très loin, et qui s’avère satisfaisante côté durée de vie. On peut donc ajouter The Last Guardian au club très fermé des arlésiennes qui accouchent de jeux mémorables…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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