Caractéristiques
- Traducteur : Florent Gorges
- Auteur : Akira Himekawa
- Editeur : Soleil Manga
- Date de sortie en librairies : 7 décembre 2016
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 360
- Prix : 19,99€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
L’épisode le plus populaire de The Legend Of Zelda est aussi un manga
Peu de licences vidéoludiques peuvent se targuer d’être si connues, avoir autant traversé les âges, que leur simple évocation suffit pour parler à n’importe qui, joueurs ou pas. On peut même dire que ces séries se comptent sur les doigts de deux mains, et The Legend Of Zelda est indéniablement de celles qui tiennent le haut du pavé. Joyau du jeu vidéo, qui aura permis à ce média de se développer peut-être contre toute attente (rappelons que le tout premier soft n’avait pas non plus créé l’événement dans la presse spécialisée), celui qui figure parmi les chefs-d’œuvre de Nintendo s’est évidemment permis quelques incartades qui ont parfois marqué les esprits. On pense évidemment au dessin animé, diffusé en 1990 sur Antenne 2 (ça ne nous rajeunit pas), mais aussi à d’autres œuvres heureusement bien plus abouties. The Legend Of Zelda : Ocarina Of Time, qui sort chez Soleil Manga dans une superbe Perfect Edition, fait-il partie de celles-là ?
The Legend Of Zelda : Ocarina Of Time Perfect Edition adapte sous forme de manga le jeu sorti sur Nintendo 64. Si vous êtes un tant soit peu gamer, vous savez que l’on aborde le soft préféré des fans de la licence (même si à la rédaction on place A Link To The Past, l’épisode Super Nintendo, devant), voire même un soft qui aura été un peu pompeusement gagné le titre de “meilleur jeu de tous les temps” par certains magazines. On ne rentera pas trop dans ce débat, même si évidemment on ne peut que reconnaître ses grandes qualités et, au passage, ses efforts de scénarisation. Un terreau parfait pour le duo d’auteures qui se retrouvent sous le pseudo d’Akira Himekawa : S. Nagato et A. Honda. Dans la postface très intéressante, on apprend que l’éditeur M. Nakarara, du magazine Shôgaku Rokunensei, a démarché les auteures qui, en 1998, venaient de toucher au jeu. Conscientes du potentiel de l’œuvre, il ne leur fallait plus que s’atteler à un travail tout de même fastidieux : la mise en récit.
L’histoire de The Legend Of Zelda : Ocarina Of Time Perfect Edition surprend de par son aisance dans la narration des péripéties traversées par le joueur, ce dernier étant la cible avouée… mais pas la seule. Si le gamer sera heureux d’apprendre que tous les personnages du jeu sont au rendez-vous, et qu’ils sont respectés dans leur écriture, on doit aussi remarquer qu’Akira Himakawa prend bien soin de rendre le tout très compréhensible même pour qui n’a jamais, ou peu, joué à un jeu The Legend Of Zelda. Il est d’ailleurs assez intéressant de constater que le récit, et ses problématiques, s’ils sont traités de manière plutôt enfantine, possèdent assez de force pour emporter l’adhésion d’un large public. L’histoire débute évidemment au village Kokiri, et ce qui se passe dans cette introduction sert de valeur d’exemple pour tout le reste de l’ouvrage. On y suit un Link qui, bien entendu, a trouvé l’usage de la parole (rappelons que dans les jeux le héros ne parle pas, pour des raisons de projection du joueur) et doit composer avec un quotidien certes paisible mais tout de même un brin agité. En effet, ses compères ne manquent pas de lui faire remarquer qu’il ne possède pas de fée (Navi arrive, cependant), ce qui est une énigme pour ce peuple de la forêt. Link est d’ailleurs assez différent de ses compagnons plus ou moins sympathiques : il est attiré par ce qu’il se passe à l’extérieur, veut découvrir le monde. Son souhait serait bientôt exaucé quand l’horrible Ghoma s’introduit dans l’arbre Mojo et entreprend de le dévorer de l’intérieur afin de récupérer une mystérieuse pierre. Il s’agit là du point de départ d’une histoire palpitante, au cours de laquelle Link va voyager à travers Hyrule, croiser le chemin de la Princesse Zelda… et du tyrannique Ganondorf.
Une Perfect Edition à ne surtout pas manquer
The Legend Of Zelda : Ocarina Of Time Perfect Edition cherche à manier à la fois l’extrapolation et la fidélité, et réussi son coup avec bonheur. On ne peut pas s’empêcher de rire en étant témoin de la relation un peu tendue entre Link et le fourbe Mido par exemple. Les auteures Akira Himakawa, si elles avouent dans la postface ne pas être de grandes joueuses, démontrent tout de même qu’elles ont pratiqué le soft d’origine, assez pour parsemer les dessins de clin d’œil plus ou moins discrets. Et, surtout, on apprécie que l’ensemble du design, et de la direction artistique, soit respectueuse. L’excellent travail de Jin Ikeda, sur la conception des personnages du soft Ocarina Of Time, est aussi au rendez-vous, ce qui constitue un véritable bon point : terminé le Link parfois incertain, étrangement vêtu et coiffé dans pas mal d’oeuvres obscures (le dessin animé, par exemple). Autre belle surprise : le rythme très élevé, même s’il pourra faire regretter aux puristes une rapidité trop prononcée lors des passages au sein des donjons. C’est peut-être le seul petit bémol que l’on pourra formuler, car le potentiel des énigmes n’est pas exploité, mis à par pour les combats de boss. Akira Himakawa fait le choix, sans doute aussi sous la pression du rythme de parution de l’époque et des impératifs de pages à rendre, de plus se focaliser sur ce qu’il se passe entre ces phases d’exploration. Une option loin d’être hasardeuse et qui fonctionne : on suit le récit avec intérêt, on fait des rencontres savoureuses notamment dans un certain ranch, et un petit suspens pas négligeable se fait ressentir dans la partie du Link adulte.
The Legend Of Zelda : Ocarina Of Time Perfect Edition est donc une adaptation en manga de belle qualité, qui pourra être lue autant par les spécialistes de la licence que par les néophytes les plus assumés. Enfin, il était évidemment impossible de ne pas aborder l’intérêt de cette Perfect Edition, qui s’avère être un objet d’une beauté telle que l’on n’imagine pas un collectionneur passer à côté. Il s’agit d’une véritable version de luxe, avec une couverture largement plus belle et définitive que celles de l’édition sortie auparavant. L’ouvrage s’ouvre sur seize pages en couleurs (avant que le noir et blanc ne reprenne le dessus, d’ailleurs dans une transition de cases plutôt adroite), contient les deux hors série (Le Masque de Skull Kid et Rouro du peuple Watarara), une postface écrite par Akira Himikawa, des croquis préparatoires (parfois commentés) entre chaque chapitre et propose un signet marque-page. Le tout fait d’ailleurs l’objet d’un rapport qualité-prix saisissant…