Caractéristiques
- Titre : Monstres Invisibles
- Titre original : Fiend Without a Face
- Réalisateur(s) : Arthur Crabtree
- Avec : Marshall Thompson, Kynaston Reeves, Kim Parker, James Dyrenforth, Stanley Maxted, Terry Kilburn...
- Editeur : Movinside
- Date de sortie Blu-Ray : 9 mai 2017
- Date de sortie originale en salles : 24 juin 1960
- Durée : 73 minutes
- Note : 6/10 par 1 critique
Image : 3/5
Vous le savez si vous suivez nos chroniques de films bis : les qualités d’image et de son sont sans doute moins importantes que la découverte du film qui s’étend sur la galette. Ici, Movinside (Soudain les monstres, Nuit de cauchemar, La nuit des vers géants) a mis les mains sur une copie allemande de Monstres invisibles qui ne cache pas les méfaits du temps qui passe. En effet, l’image souffre de quelques anicroches typiques des pellicules qui ont vécu. C’est certes largement imparfait, mais soulignons que la résolution ne faiblit pas, tout comme les contrastes, assurant un visionnage agréable.
Son : 4/5
Monstres invisibles est proposé uniquement en version originale, sous-titrée en français (le choix d’activer ces sous-titres est laissé au spectateur), en Dolby Digital 2.0 Mono. La qualité globale est largement satisfaisante, avec un souffle très minimisé et un bon travail effectué sur le rendu des voix et des bruitages. Du très bon boulot.
Bonus : 2,5/5
Pour tout bonus, une présentation par l’incontournable Marc Toullec qui, avec Jean-François Davy, co-dirige la collection Trésors du Fantastique. Long de 16 minutes, ce module rempli bien son objectif : on en sait plus sur la production du film, et notamment les différents réalisateurs qui furent attachés au projet. On aurait apprécié les bandes annonces des autres films sortis dans cette collection.
Synopsis
Durant les essais d’un radar expérimental dans une base militaire au Manitoba, des fermiers du voisinage meurent dans d’étranges circonstances. L’autopsie révèle que les cadavres n’ont plus de cerveau ni moelle épinière et, pour toute blessure, un tout petit trou à la base de la nuque. Le major Jeff Cummings va mener une enquête afin de comprendre les raisons de ce phénomène.
Le film
Remontons le temps jusqu’en 1958, alors que le cinéma américain redouble d’intensité dans la production de films de science fiction. Un genre particulièrement intéressant pour l’Oncle Sam, puisqu’il permet toute une fondamentalisation du sujet, ici la grande, l’incroyable, la terrifiante peur du nucléaire. Le mot est lâché : nucléaire, comme les bombes que les russes sont plus ou moins sensés pointer vers le sol des États-Unis, instillant l’effroi (et les fameuses Listes Noires) dans le peuple. Dès lors, le phénomène de catharsis fonctionne à fond les ballons, et des films comme Monstres Invisibles (aussi connu sous son titre original : Fiend Without A Face) l’ont parfaitement compris. Signalons que l’effort est britannique, mais qu’il est certain que le public était américain : tous les personnages ont un accent yankee bien appuyé…
On sent comme une aura mystérieuse imprégner toute la première partie de Monstres invisibles, une mise en place qui prend le temps d’installer les différentes problématiques, et ce malgré une durée courte (et idéale, soit écrit en passant). Les meurtres sont exposés avec soin, et les différents indices se chargent de créer le doute : bruitage de succion très étrange, corps qui marquent l’épouvante éprouvée dans les derniers instants de vie. Tout cela afin que la menace ne soit que plus éclatante quand elle se déclare face caméra, un procédé qui sera repris plus tard par Steven Spielberg et Les dents de la mer. D’ailleurs, ce n’est pas le seul point commun (il s’agit certainement d’un pur hasard), car la réunion des militaires et de représentants des civils, juste après un énième décès, rappelle quelque peu une certaine scène post-séquence dite « du petit garçon ».
Monstres invisibles est clairement un film qui ressemble à son réalisateur : le roublard Arthur Crabtree, qui aura plus exercé en tant que directeur de la photographie que dans le rôle de metteur en scène. La dernière partie voit la menace enfin être mise à jour, sous forme de cerveau rampant, armés d’antennes et d’une queue, et dont le modus operandi pourra rappeler de vagues souvenirs aux amateurs d’Alien, et plus particulièrement du Facehugger. Les horribles bestioles, créées par la radioactivité, s’enroulent autour du cou de leur victime et leur suce de cerveau encore plus rapidement qu’un zombie de chez Romero.
Les effets spéciaux de Monstres invisibles sont pour le moins impressionnants, du moins si l’on est capable de savourer de manière juste des SFX datant de quasiment soixante ans. Ce qui marque le plus, c’est cette propension au sanguinolent, qui va loin pour une œuvre des années 1950. Les cerveaux vivants meurent dans un écoulement glauque pas du tout ragoûtant, et entament même une sorte de décomposition à grande vitesse (et en gros plan !), passant par des stades qui ont dû faire frémir plus d’un jouvenceau, et plus d’une jouvencelle, dans les drive-in américains. Au final, Monstres invisibles est un petit classique du cinéma de science fiction des années 1950, qui sait varier sa rythmique afin de réserver son lot de révélation et, surtout, qui se clôt après un véritable quart d’heure de folie. Miam miam.