Caractéristiques
- Titre : Le cerveau d'acier
- Titre original : The Forbin Project
- Réalisateur(s) : Joseph Sargent
- Avec : Eric Braeden, Susan Clark, Gordon Pinsent, William Schallert, Leonid Rostoff...
- Editeur : Movinside
- Date de sortie Blu-Ray : 9 Mai 2017
- Date de sortie originale en salles : 11 juin 1971 (France)
- Durée : 100 minutes
- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 4/5
Le master utilisé pour ce Blu-ray rend un délicieux hommage au film. La définition est à son maximum, sans grande fluctuation, le grain est idéal, et la colorimétrie est un régal pour les pupilles. Le piqué est parfois un peu incertain, sur une toute petite poignée de plan, mais c’est là un bien moindre mal. Car vous n’aurez jamais vu Le cerveau d’acier dans ces conditions.
Son : 4/5
Le cerveau d’acier est proposé en version française, et en version originale sous-titrée dans la langue de Molière. Dans les deux cas, on a droit à un DTS-HD 2.0 limpide, sans grésillement ni souffle gênant. Même la VF profite d’un équilibre de mixage, mais nous conseillerons tout de même la VOSTFR, plus éclatante.
Bonus : 2,5/5
On a droit à une présentation par le toujours très au point Marc Toullec qui, avec Jean-François Davy, co-dirige la collection Trésors du Fantastique (dans laquelle vous retrouvez d’autres titres : La nuit des vers géants, Soudain les monstres, Nuit de cauchemar, Doomwatch et Monstres invisibles). L’ancien de chez Mad Movies pose bien le contexte de production du film, rappelle qu’il adapte un roman populaire de l’époque notamment, mais aussi qu’il ne fut pas spécialement soutenu par Universal…
Synopsis
Charles A. Forbin met au point un super-ordinateur baptisé Colossus, et chargé de contrôler l’arsenal nucléaire des États-Unis ainsi que celui de ses alliés, afin d’éviter toute erreur humaine. Alimenté par son propre réacteur nucléaire et installé au cœur d’une montagne, Colossus, une fois activé, détecte un autre super-ordinateur. On apprend bientôt qu’il s’agit de l’homologue soviétique de Colossus, baptisé Guardian. C’est là que les ennuis commencent…
Le film
1970, voilà deux ans que 2001, l’odyssée de l’espace a, finalement, marqué le monde de la science fiction, après un départ quelque peu compliqué chez les critiques. Et cela se sent, car le sujet de l’intelligence artificielle est très clairement au centre de Le cerveau d’acier (aussi connu sous son titre original, Colossus : The Forbin Project), avec comme toile de fond la peur de la guerre atomique, un thème peut-être un peu moins en vogue lors de la sortie initiale de l’œuvre. On pourra d’ailleurs penser à Docteur Folamour, autre film de Stanley Kubrick, auquel le film de Joseph Sargen se réfère notamment en enfermant son récit très près du Président des États-Unis.
La tonalité de Le cerveau d’acier est alarmiste, d’autant plus que le film débute sur des chapeaux de roues, et nous présente une situation qui porte, en elle, la perdition qui ne cesse de planer au-dessus des différents personnages. C’est exactement là que l’œuvre gagne ses lettres de noblesse : son écriture, très fine, joue avec la tension qu’il fait naître dans les cinq premières minutes du métrage. Imaginez, les États-Unis « mettent sur pied » une intelligence artificielle afin de lui déléguer sa défense, en lui confiant un algorithme en constante évolution, mais aussi l’armement nucléaire disponible. Évidemment, on ne peut que penser à Terminator, de James Cameron (qui ira d’ailleurs jusqu’à embaucher Eric Braeden dans Titanic, comme par hasard), Le cerveau d’acier du titre s’avérant un véritable Skynet en puissance.
Vous l’aurez compris, Le cerveau d’acier ne laisse aucun temps mort. Dès que l’intelligence artificielle vient au monde, elle décèle un grain de sable dans l’engrenage, et celui-ci va dérailler de plus en plus, dans une habile montée en puissance du suspens. Et cette réussite, elle est évidemment au crédit du scénario, mais aussi du réalisateur, qui domine son sujet à tel point qu’il fait oublier certains freins. On pense au rendu du fameux cerveau, Colossus, dont la présence physique n’a, bien entendu, rien de bien impressionnante. Pourtant, Joseph Sargent (que l’on connaîtra bien moins talentueux, avec Les dents de la mer 4) arrive à bien faire monter la tension, notamment en rendant palpable les différents lieux dans lesquels l’action est placée, et les ondes, invisibles, qui s’y propagent. On ressent la pression qui agit sur les personnages, au plus profond.
Sans spoiler la toute fin de Le cerveau d’acier, le nihilisme qui s’y exerce est parmi les plus glaçants que l’on ait vu sur un écran. Parce qu’il est inévitable, mécanique, quasiment clinique. Il rejoint celui du Grand silence, western enneigé et sanglant signé Sergio Corbucci, tant il n’offre aucun échappatoire. L’oeuvre arrive, donc, à tenir son objectif, ce qui en fait une belle réussite. A cela, on se doit d’ajouter un casting excellent, et surtout le très « jamesbondien » Eric Braeden, qui donne à son personnage un charisme que l’on attendait pas d’un rôle de scientifique de pointe. On pense aussi à Gordon Pinsent, qui incarne un président très, mais très proche de J. F. Kennedy, ce qui inscrit le récit dans une science fiction réaliste, et sombre comme une fin du monde.