Caractéristiques
- Titre : Ssssnake
- Titre original : Sssssss
- Réalisateur(s) : Bernard L. Kowalski
- Avec : Strother Martin, Dirk Benedict, Heather Menzies-Urich, Richard B. Shull, Tim O'Connor...
- Editeur : Movinside
- Date de sortie Blu-Ray : 9 Mai 2017
- Date de sortie originale en salles : 8 mai 1974 (France)
- Durée : 95 minutes
- Note : 6/10 par 1 critique
Image : 3.5/5
Le master utilisé pour ce Blu-ray de Ssssnake est propre, à tel point que le piqué « sonne » bizarre, pas assez riche. C’est surtout le grain qui semble parfois absent, au profit d’une netteté lisse et un peu froide. Cependant, il est aussi notable que la colorimétrie, les contrastes, tout ce qui permet un confort de visionnage avant le luxe du grain, est assuré.
Son : 3/5
Ssssnake est proposé en version française, et en version originale sous-titrée. Dans les deux cas, on a droit à un Dolby Digital 2.0 sans grand relief, même si l’absence de souffle audible est notable. On conseille la VOSTFR, dont l’équilibre de mixage est plus stable, notamment les voix qui jaillissent mieux. Signalons que la toute fin du film est proposée en anglais, sans sous-titres, et ce même si vous regardez Ssssnake en VF.
Bonus : 2,5/5
Pour tout bonus, on a une présentation par le très calé Marc Toullec qui, avec Jean-François Davy, co-dirige la collection Trésors du Fantastique (dans laquelle vous retrouverez d’autres titres que nous avons chroniqués : La nuit des vers géants, Soudain les monstres, Nuit de cauchemar, Doomwatch, Le cerveau d’acier, et Monstres invisibles). Le journaliste revient notamment sur les conditions de tournage assez uniques (une équipe médicale était évidemment sur le plateau, même si apparemment elle n’a jamais servi, heureusement), et sur le casting, qui fut également construit en fonction de l’aptitude des acteurs à accepter la présence des serpents…
Synopsis
David, un jeune étudiant, est engagé comme assistant de laboratoire par le docteur Stoner, un herpétologiste spécialisé dans les serpents. Il ne tarde pas à tomber amoureux de la fille du docteur, tandis que ce dernier décide d’utiliser sur lui un sérum secret, destiné à créer un hybride homme-serpent.
Le film
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le film d’attaque animale n’est pas né avec le chef-d’œuvre Les dents de la mer. Parmi les précédents, Ssssnake (que l’on connaît aussi sous son titre original : Sssssss) tient une place de choix, car il n’est pas conforme aux codes de ce sous-genre et lorgne en partie vers d’autres. L’histoire du film ne peut ainsi cacher quelques références très visibles : Frankenstein en premier lieu, mais aussi Freaks, de par le destin des « ratés » du professeur fou. D’ailleurs, toute l’introduction ne fait que le confirmer, et c’est bien normal : le docteur Stoner est le sujet du film, pas les serpents.
Ssssnake est, pourtant, un film qui traite de ces reptiles rampants, c’est un fait. D’ailleurs, ils en sont une véritable attraction, car tous les spécimens sont vrais, mis à part sur quelques plans violents, où ils ont droit à une doublure en caoutchouc, rassurez-vous. Le récit est, donc, du genre à invoquer des classiques de l’horreur, ce qui accouche d’un récit… classique. On ne s’ennuie pas, d’autant que la finalité reste assez obscure pendant un long moment, mais on sent tout de même quelques moment-clés pointer le bout de leur nez. Un peu comme l’histoire d’amour, une ficelle qui fonctionne, certes, mais échoue à surprendre.
D’ailleurs, ce manque de panache de Ssssnake se retrouve jusque dans le thème de la religion, qui est évidemment un moteur du professeur, l’un des éléments qui l’a totalement déconnecté du réel. C’est un peu redondant, même si là encore, cela fonctionne formellement. Pour aller un peu plus loin, c’est même toute l’œuvre qui s’apprécie avant tout pour sa forme, et Bernard L. Kowalski en est responsable. Pourtant, le réalisateur, qui vient du monde de la télé, a notamment signé des épisodes pour Columbo, Magnum et Mission : Impossible. Ici, il réussit à gravir cet échelon qu’est le film de cinéma. Sans fioritures, le metteur en scène capte bien son sujet, le serpent, sans qu’on ait jamais l’impression d’assister à un spectacle sécurisé par des vitres et autres filets. Une caméra intelligente, donc.
La toute fin de Ssssnake, étrangement proposée uniquement en version originale et sans sous-titres, a le don de relever la recette du film, avec un nihilisme jusqu’au-boutiste assez savoureux. Il intervient après un cheminement difficile pour l’un des personnages principaux, qui se transforme petit à petit, grâce à des maquillages qui régaleront les amateurs de SFX. Alors certes, il manque au film un fond, un sujet qui domine par sa force des situations pourtant savoureuses, mais globalement on s’ennuie pas, et l’on serait bien mal intentionné en cachant qu’on en sort satisfait. Pour finir, il ne faut pas oublier d’évoquer le casting de Ssssnake, dont la justesse n’a d’égal que le courage. Il faut voir Strother Martin, grande figure du western (qu’on a vu dans L’homme qui tua Liberty Valance, Butch Cassidy et le Kid, ou encore La horde sauvage), s’emparer de serpents, jouer avec, avec une aisance qui force le respect. Cela apporte évidemment une grande force à cette œuvre qui, décidément, mérite le coup d’œil.