[Test – Blu-Ray] Le souffle de la violence – Rudolph Maté

Caractéristiques

  • Titre : Le souffle de la violence
  • Titre original : The Violent Men
  • Réalisateur(s) : Rudolphe Maté
  • Avec : Glenn Ford, Barbara Stanwyck, Edward G. Robinson, Dianne Foster, Brian Keith, May Wynn, Richard Jaeckel
  • Editeur : Sidonis
  • Date de sortie Blu-Ray : 9 mai 2017
  • Date de sortie originale en salles : 1955
  • Durée : 96 minutes
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Image : 3,5/5

C’est une copie bien propre que nous livre là Sidonis ! Mis à part quelques traces dues au temps qui passe, et principalement au tout début, Le souffle de la violence rayonne, et met en relief la très qualitative photographie du film. La colorimétrie est plutôt satisfaisante, la définition ne faiblit pas. Par contre, on remarque un grain un peu effacé, comme filtré. Précisons qu’on tient la seule édition Blu-ray de ce western, et que le format d’origine, un superbe CinemaScope 2:55:1, est respecté.

Son : 3/5

Le souffle de la violence est proposé en version française, et originale sous-titrée dans la langue de Molière. Toutes les deux dans un DTS -HD Master Audio 2.0, qui rayonne bien plus côté de la VOSTFR. Là, l’équilibre est de mise, le dynamisme solide, le tout dans une netteté qui ne souffre d’aucun soubresaut et autre souffle désobligeant. Par contre, la VF est moins bonne, avec des voix qui prennent trop le dessus sur les bruitages, l’ambiance.

Bonus : 4/5

On ne pouvait pas espérer beaucoup plus de matière que ce que propose cette édition du Souffle de la violence. On a droit à trois interviews, toutes plus intéressantes les unes que les autres. Celle de François Guérif (9 minutes), ancien rédacteur en chef de l’excellente revue Polar, se concentre sur l’écriture du film, qu’il trouve intelligente à juste titre. La prise de parole de Patrick Brion (9 minutes), historien du cinéma, se fait plus généraliste, et revient notamment sur la qualité des acteurs, ainsi que des personnages qu’ils incarnent. Enfin, Bertrand Tavernier (30 minutes), réalisateur et cinéphile ultra-passionné, se lance dans une véritable analyse du film, profonde et pertinente.

Synopsis

Parrish, un fermier, décide de vendre son ranch à Lew Wilkison, un riche propriétaire. Mais celui-ci propose à Parrish une somme ridiculement faible, il préfère pousser Parrish à quitter la région en menant sur ses terres des actions de harcèlement. En outre, l’épouse de Wilkison trompe ce dernier avec son beau-frère, Carl. Ce dernier ordonne l’assassinat d’un des hommes de Parrish. Dès lors, la guerre entre les deux clans est déclarée.

image film le souffle de la violence

Le film

Qu’on se le dise, explorer le genre du western est une bien agréable tâche, au cours de laquelle on risque autant de découvrir de véritables perles, que des navets retentissants et mal vieillis. Depuis bien des années, l’éditeur cinéphile Sidonis arpente les chemins de traverse de ce genre si particulier, en n’hésitant pas à prendre quelques risques. Sorti en pleine année 1955, Le souffle de la violence n’est sans doute pas une tête de gondole, mais affiche assez de qualités pour retenir notre attention.

Le souffle de la violence s’appuie sur un scénario assez classique, il y est question de convoitise, de terrains à racheter, et d’échos de la guerre. Le réalisateur, Rudolph Maté (connu notamment pour avoir signé la photographie du grand classique Gilda), semble attaché à respecter chacun des passages quasi-obligés du western, ce qui aurait pu imprimer un classicisme un peu éreintant. On a droit au héros bon mais qu’il ne faut surtout pas trop chatouiller, à l’antagoniste que le passé violent a modelé, à la scène de saloon, etc. Mais le metteur en scène en profite pour appliquer à cette histoire une vision du monde bien plus fine qu’il n’y parait de prime abord.

image test le souffle de la violence

Dans Le souffle de la violence, la place de l’homme, mais aussi de la femme, sont au centre de presque toutes choses. L’épouse de Wilkison, que le concept de trahison n’étouffe pas, l’antagoniste handicapé, qui ne peut plus se mouvoir, le héro sans cesse redevable de sa condition masculine, surtout devant ses employés, on a là une certaine critique de la condition humaine. Cela procure à l’œuvre une belle personnalité, tranchante et moins superficielle que sa courte durée semblait promettre (comme quoi, notre cinéma actuel se trompe sur toute la ligne en cherchant à allonger les métrages). Tout explose dans un final qui confine à la tragédie, où les ambigüités disparaissent afin de faire place à un final plutôt osé.

Le souffle de la violence réserve aussi sa dose de séquences tendues, et ce grâce à une belle maîtrise de la psychologie des personnages. On pense évidemment au duel qui oppose le rôle principal, Glen Ford (3h10 pour Yuma, Superman), à cette magnifique trogne qu’était Richard Jaeckel (Starman, Chisum), au court duquel le palpitant du spectateur monte en rythme. Si la réalisation manque peut-être un peu d’ampleur, encore que le CinemaScope livre des plans bien appétissants, l’écriture des personnages fait de cette œuvre un western qui ne souffre pas du vieillissement.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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