Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Playstation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Développeur : Cavalier Game Studios
- Editeur : Tequila Works
- Date de sortie : 11 avril 2017
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Introduction
Nous l’évoquions déjà dans notre test dédié à Perception, le jeu d’enquête a cela de purement vidéoludique qu’il peut prendre plusieurs apparences. Cette fois-ci, c’est le soft au rendu « 3D isométrique » qui est sur le devant de la scène, avec un The Sexy Brutale qui, un peu sorti de nulle part, a pourtant le don d’éveiller notre curiosité. Avec ses talents tous droits venus de chez Lionhead Studios, Cavalier Game Studios était dans nos radars tant on se demandait ce que certains des anciens de chez le très verbeux Peter Molyneux pouvaient donner, loin de Fable. Réponse dans ce test.
Histoire : 4/5
Sans être épais comme un scripte de Kubrick, The Sexy Brutale a le bon goût de raconter une histoire assez captivante pour tenir le joueur aux aguets pendant l’entièreté du déroulé, tout en travaillant un peu l’univers du soft. On incarne Boone Lafcadio, et notre avatar est invité à un bal masqué qui a lieu au Sexy Brutale, bâtisse imposante pouvant accueillir bien des convives. Des invités qui serviront de victimes pour une étrange bande de psychopathes, qui a décidé de procéder à un véritable massacre. Et devinez à qui revient la mission de contrecarrer les plans de ces affreux vilains, grâce à une montre offrant le pouvoir de remonter dans le temps ?
En jouant à The Sexy Brutale, on pense évidemment à Un jour sans fin. Tout comme le film avec Bill Murray, le jeu de Cavalier Game Studios joue sur le fait de ne pas voir la journée s’enchaîner sur une autre, offrant un scénario qui se répète sans cesse. Vous imaginez bien que cette idée, lumineuse, servira avant tout le gameplay. Mais pas que. Car le scénario, qui se déroule littéralement sous nos yeux, est écrit de manière habile, assez intelligemment pour que tout se tienne. Le manoir voit les meurtres se multiplier, mais aussi les préparations de ceux-ci, et leur « après ». On est carrément estomaqué tant tout se tient, dans une sorte de Cluedo inéluctable… ou presque.
Parallèlement aux différents meurtres, que le joueur va devoir déjouer, The Sexy Brutale n’oublie pas de développer un tant soit peu son univers. Ainsi, on débute sans trop comprendre les tenants et les aboutissants de toute cette affaire, avant de récupérer des bribes de solution, ici ou là. À ce titre, le dernier quart du jeu est à déguster, nous distillant les clés de compréhension avec parcimonie, pour favoriser une révélation certes loin d’être renversante mais tout de même assez savoureuse. Aussi, sachez que les développeurs ont pensé à nous procurer un background pour les différents personnages, ce qui ne fait qu’ajouter à la bonne cohérence du grand tout. Concluons en précisant que le jeu est sous-titré en français, donc que le confort est optimal.
Gameplay : 4/5
The Sexy Brutale s’organise autour d’un concept assez vivifiant. Vous allez devoir revivre la même journée, encore et encore, afin de vous permettre d’éviter aux convives de se faire trucider par des vilains étrangement masqués. Les premiers instants sont un peu abrupts, tant le principe peut surprendre, mais rapidement la recette fait sens. On se déplace dans un environnement au rendu 3D isométrique, et il va falloir enquêter en silence sur les modus operandi, sans se faire remarquer bien entendu. Figurer dans la même pièce qu’un des ennemis est interdit : dans ce cas vous serez pris en chasse par un masque maudit, jusqu’à ce que vous quittiez l’endroit. Une mécanique qui vise à faire creuser les méninges, en cherchant des solutions éloignées du simple contact.
The Sexy Brutale profite d’un concept limpide manette en mains, et soutenu par une volonté de ne pas trop perdre le joueur. On pourra peut-être regretter un manque d’indices, du moins le temps de comprendre le fonctionnement du soft, mais Cavalier Game Studios a bien pensé à nous aider juste ce qu’il faut. On pense à la frise temporelle, qui se charge d’informations au fur et à mesure de nos observations. Simple, et efficace. Il va donc falloir faire preuve de ténacité et d’un bon sens de l’observation, couplé à de la déduction. Et même en étant au taquet, la folle course du temps vous prendra de court. Dans ce cas, les aiguilles reculeront jusqu’au début de journée, et vous perdrez les objets mineurs de votre inventaire, qui retourneront à leur emplacement d’origine.
The Sexy Brutale propose aussi une véritable notion de progression. Chaque cas résolu le demeure (même s’il se répète), vous n’aurez pas à le rejouer éternellement. Aussi, chacune de ces enquêtes menées à bout est l’occasion pour Boone Lafcadio de gagner une nouvelle capacité, via un nouveau masque (coucou The Legend Of Zelda : Majora’s Mask). Cela facilitera l’approche des assassins, mais aussi vous permettra d’atteindre des endroits plus profonds du manoir. Lesquels seront accessibles en choisissant de réapparaître à des endroits clés, que l’on découvrira petit à petit. Quant à celles et ceux qui auraient peur d’un challenge trop poussé, qu’ils se rassurent : la solution est parfois difficile à capter, mais jamais compliquée à mettre en place. Il va falloir se creuser les méninges…
Technique et ambiance sonore : 4/5
Certes, on a décelé quelques baisses de framerate, et la finesse n’est pas toujours parfaite. Mais The Sexy Brutale est un tel feu d’artifice dans sa direction artistique que ce serait bien triste que d’en tenir rigueur. Le manoir regorge de détails, ça foisonne littéralement. On apprécie tout particulièrement le casino, carrément rococo, et les extérieurs profitent de lumières sublimes. Les couleurs, le character-design, la grande maîtrise dans l’homogénéité, tout nous fait écrire que ce jeu est un plaisir à admirer.
Quant à la musique de The Sexy Brutale, elle est carrément exceptionnelle. La bande originale et le sound design sont signés par un quatuor : Matt Bonham (Foul Play), Tim Cotterell, Tom Puttick et Phil French. Les compositions montent dans un crescendo ultra prenant, et la qualité du mixage est à souligner. Par exemple, on entend un coup de feu à l’autre bout du manoir, ce qui donne un indice sur la localisation d’un des meurtres à déjouer…
Durée de vie : 3/5
Il vous faudra 6 heures afin de boucler cette bien drôle d’histoire. Par contre, vous devrez revenir vers le jeu afin de collecter les différentes cartes à collectionner. Et ne pensez pas qu’il ne s’agit que d’un maquillage pour la durée de vie de ce The Sexy Brutale : vous serez bien récompensé quand tout aura été récupéré.
Note finale : 15/20
Sans faire de bruit, Cavalier Game Studio vient de lâcher une petite bombe dans l’univers des jeux d’enquête. Artistiquement au point, The Sexy Brutale est un plaisir pour les esthètes, même si deux ou trois ralentissements se sont fait ressentir. Si vous avez envie de faire plaisir au détective en herbe qui sommeille en vous, le soft vous fera un sacré effet, tant la cohérence du concept provoque la mise en position du joueur. On se prend à épier, à faire marcher la pure logique, mais aussi à tirer des conclusions. Peut-être aurait-on apprécié un peu plus de cas à élucider, encore que l’équilibre entre plaisir et contenu nous paraît bon. Mais le jeu est une telle agréable découverte qu’on se prend à espérer que le studio de développement creusera cette piste déjà concluante.