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[Critique] Kids Return : entre poésie et regard froid sur la jeunesse

Caractéristiques

  • Titre original : Kizzu Ritân
  • Réalisateur(s) : Takeshi Kitano
  • Avec : Masanobu Ando, Ken Kaneko, Ryo Ishibashi, Atsuki Ueda, Yūko Daike
  • Distributeur : La Rabbia
  • Genre : Drame
  • Pays : Japon
  • Durée : 107 minutes
  • Date de sortie : 9 août 2017 (ressortie)
  • Note du critique : 9/10

L’école de la vie

image film kids return

Aujourd’hui est un grand jour pour la cinéphilie. Takeshi Kitano, l’un des réalisateurs les plus importants de son temps, a droit à la ressortie, en salles, de trois de ses meilleurs films. Alors que nous abordions, il y a peu, Hana-Bi, nous allons aujourd’hui vous causer de Kids Return, et sans doute un peu plus tard de L’été de Kikujiro. Voilà une bien belle rétrospective, qui provoque une restauration (nickelle) des œuvres précédemment citées, distribuées par La Rabbia. Autant vous signifier, même avant de rentrer dans le vif du sujet, que c’est déjà une raison suffisante pour courir au cinéma le plus proche, tant qu’il diffuse ces trois perles.

Masaru et Shinji n’aiment pas le lycée. Ils préfèrent traîner dans les bars, voler et ne rien faire de leurs journées. Mais un jour, des adolescents, victimes du racket du duo d’amis, se vengent de leur mauvais traitement, accompagnés d’un ami boxeur qui met Masaru hors d’état de nuire. Vexé, ce dernier décide alors de commencer la pratique du Noble Art, même s’il devra rapidement faire face à des lacunes. Il sera rapidement suivi par Shinji, lequel va se révéler bien meilleur boxeur, et débute alors une carrière dans ce sport. Dépité, Masaru va tenter sa chance du côté de la pègre locale…

Kids Return est le moyen idéal de se rappeler le génie de son auteur, alors que celui-ci est, dorénavant, inexplicablement boudé par les distributeurs, et par un duo formé par le public et la critique, trop occupé à découvrir le nouveau super-héros débile du mois (tout en tombant, à bras raccourci, sur l’honnête diptyque Outrage, allez comprendre). Cette histoire, on ne peut la dissocier de la vision du monde de Takeshi Kitano. Tout d’abord car il refuse de s’y mettre en scène (véritable indice), puis parce qu’on fait face à une sorte de film-somme, contenant bien des sujets importants pour ce grand réalisateur. L’enfance est évidemment abordée, mais pas que. La nostalgie fonctionne à tout rompre, c’est certain, mais on doit surtout s’appesantir sur le cheminement, le regard porté sur celui-ci, assez éloigné des clichés concernant la société japonaise.

Un film d’une grande poésie

image kids return

Kids Return parle du chemin de vie. De ce qui nous construit, des différentes épreuves qui nous permet de nous définir, et leurs solutions pour le moins diverses et variées. Les deux personnages principaux, idéalement interprétés par Masanobu Ando (Battle Royale) et Ken Kaneko (Gokusen : The Movie), débutent par le commencement : le montage les fait se rencontrer, après bien des années d’errance, pour mieux les séparer, avant que la vie ne se charge de les former différemment. D’autres de leurs collègues connaîtront des fortunes diverses, on s’intéresse notamment au destin peu enviable d’un salary man, qu’un rapport au travail très japonais va broyer dramatiquement. Il y a là un regard mélancolique, pas spécialement bienveillant mais compréhensif, qui fait de ce film une véritable ode à la différence. Un seul point commun, cependant : tous les personnages trouveront les réponses à leurs questions hors de l’école, laquelle est montrée comme assez inutile. C’est, d’ailleurs, l’une des convictions du metteur en scène.

Kids Return est l’un des films les plus personnels de Takeshi Kitano. Signalons aussi qu’il s’agit de l’un de ses plus maîtrisés, d’un point de vue artistiques. On a droit à des compositions de plan soignées, des mouvements de caméra toujours justifiés (ah, la séquence du vélo, qui nous propulse vers le passé…). Le réalisateur est ici dans la retenue, ne cherche pas à faire passer l’effet devant le propos, contrairement à ses toutes dernières œuvres. Il souligne, accompagne, et l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il raconte cette histoire sans le sourire en coin qui, pourtant, le caractérise. Enfin, on ne s’imagine pas se quitter sans toucher deux mots à propos de la sublime bande originale, signée par un maître absolu en la matière : Joe Hisaishi (Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké), qui joue un rôle certain dans l’impact de ce film, décidément sublime de bout en bout.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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