[Critique] Gukoroku – Traces Of Sin (Kinotayo 2017)

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Kei Ishikawa
  • Avec : Hikari Mitsushima, Satoshi Tsumabuki, Keisuke Koide, Wakana Matsumoto, Yui Ichikawa
  • Genre : Thriller
  • Pays : Japon
  • Durée : 120
  • Date de sortie : 2017
  • Note du critique : 7/10

Un thriller très sombre, pas irréprochable mais encourageant

Découvert lors de l’édition 2017 du Kinotayo, l’incontournable festival du cinéma japonais contemporain, Gukoroku – Traces Of Sin figurait parmi les deux thrillers en compétition (en compagnie de Rage). Voilà un genre qui a tendance à retenir notre attention, et ce même si la qualité des représentants occidentaux connaît, selon nous, une véritable chute libre depuis quelques années. Comme souvent, on se tourne alors vers d’autres contrées, afin de retrouver un peu d’espoir. L’Asie semble, évidemment, l’un des endroits les plus aptes à combler les manques. Est-ce le cas ici ? En partie, oui.

Gokoroku – Traces Of Sin s’intéresse à Tanaka, journaliste d’investigation pour un hebdomadaire, qui convainc son rédacteur en chef de le laisser faire un reportage sur une affaire non-élucidée : un triple meurtre. La vie personnelle de Tanaka est, dans le même temps, très chargée, avec l’arrestation et l’internement de sa sœur pour abandon de son enfant.

Et dire que Gukoroku – Traces Of Sin est le premier long-métrage de son réalisateur, Kei Ishikawa… Il sera difficile d’aborder l’intrigue sans spoiler quoi que ce soit, sachez simplement qu’on se trouve là face à une histoire qui multiplie les lignes temporelles, mais aussi les problématiques, afin de faire grandir le seul propos qui obsède le spectateur : qui est vraiment Tanaka ? Si la réponse intervient dans un sacré final, on aura avant cela fouillé le passé de certains personnages, et l’on se sera pris, en pleine poire, certains maux de l’âme humaine. Il fallait un sacré toupet pour débuter sa filmographie par des thèmes aussi casse-gueule, et le courage paie toujours, tant qu’il est maîtrisé tout du moins.

Un délice visuel

iùage critique gukoroku

Gukoroku – Traces Of Sin gratte où ça fait mal, en présentant des protagonistes qui cachent bien des vices (d’où l’importance du titre). Alors certes, on pourra regretter un certain systématisme du point de vue, qui n’apporte aucun espoir aux futures élites japonaises, mais d’un pur point de vue dramatique cela fonctionne. Il règne dans le film une ambiance noire profonde, comme un regard froid sur des masques désormais brisés. Plus problématique, le réalisateur a peut-être tendance à un peu trop faire confiance à ses spectateurs. En résulte un montage qui ne prend pas la peine d’accompagner sa compréhension formelle. On est parfois un peu perdu, dans tous ces portraits acerbes, et l’on a un peu l’impression d’un univers en mal de liant. Tout prend forme dans le dernier quart, mais un conseil : avant cela, accrochez-vous. C’est brouillon, mais au final ça fonctionne.

Gukoroku – Traces Of Sin est certes un peu malhabile dans sa narration, par contre il excelle en terme de qualités visuelles. En fouillant un peu, on découvre que Kei Ishikawa a étudié le cinéma en Pologne. Cela ne nous surprend nullement : on fait clairement face à une photo emprunte de l’école de l’Est. C’est tout bonnement sublime, et la direction artistique, qui joue beaucoup sur les contrastes, notamment du côté des costumes, ne fait qu’ajouter à ces bonnes impressions. Pas pour rien que l’œuvre a remporté le Prix IDEM de la meilleure image, lors de ce douzième Kinotayo. Enfin, la direction des acteurs est aussi intéressante, se dénote de ce que le cinéma japonais peut parfois produire. Si l’on est très éloigné de Bresson, ne poussons pas le bouchon trop loin, on remarque un jeu tout en retenue, qui ne nie jamais l’expression mais la distille. Cela se répercute sur la crédibilité de l’ensemble, plutôt bonne. Une découverte agréable, et là encore un réalisateur à suivre par la suite.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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